Le diplomate et ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmed Ounaies, a indiqué, lors de son intervention, ce lundi 1er août 2022, à la Radio nationale, que le débat sur la situation politique en Tunisie, qui a lieu parmi la famille des pays démocratiques, est normal et ne peut être qualifié d'ingérence. Il a toutefois évoqué la polémique suscitée par les récentes déclarations de responsables américains sur la situation en Tunisie en ces termes : « il est normal qu'un débat ait lieu au sein de la famille démocrate, qu'on parle de nous comme on parle des autres est tout à fait logique, mais les Etats-Unis, est-ce un pays démocratique pour venir nous donner des leçons ? ». « Le futur ambassadeur dit vouloir imposer les accords d'Abraham, pour que la Tunisie normalise ses relations avec l'entité sioniste, connait-il le peuple tunisien ? Est-ce que les Tunisiens vont accepter de normaliser leur relation avec Israël contre de l'argent et des accords économiques ? Est-ce acceptable dans la culture démocratique ? Ils veulent nous donner des leçons maintenant ? Eux, qui font don des terres arabes à une entité occupante qui n'a aucun respect pour les lois internationales ne sont clairement pas un Etat démocratique et veulent nous donner des leçons » a-t-il poursuivi. Ahmed Ounaies a estimé qu'accuser les Etats-Unis d'ingérence est une position « faible », soulignant qu'il aurait été plus cohérent de rappeler qu'il ne s'agit en aucun cas d'un pays démocratique apte à dispenser des leçons en la matière. « Les Etats-Unis sont nos amis et nous ont beaucoup aidé notamment en matière de lutte contre le terrorisme, il ne s'agit pas de dire le contraire mais ce n'est pas un pays démocratique, il faut quand même le dire et nous ne le reconnaissons pas comme tel, son comportement montre qu'il est l'ennemi de la paix surtout lorsqu'il il s'agit de la Palestine, de la Syrie et de l'Iran » a-t-il ajouté. Mercredi 27 juillet, le futur ambassadeur US en Tunisie s'est prononcé devant le Sénat à propos de sa feuille de route. Ses propos ont suscité une polémique en Tunisie. Joey R. Hood avait indiqué entre autres : « J'encouragerais les dirigeants tunisiens à rétablir rapidement un gouvernement démocratique responsable devant leur peuple… J'utiliserais tous les outils d'influence américaine pour plaider pour un retour à la gouvernance démocratique… Au milieu de ce bouleversement politique, je comprends que l'armée tunisienne est restée apolitique et une force professionnelle qui rend compte aux dirigeants civils. Je travaillerais pour maintenir cela, et rechercher de nouvelles voies de collaboration sur les priorités de sécurité des Etats-Unis ». Joey R. Hood a aussi abordé la normalisation avec Israël en ces termes : « La normalisation des relations avec Israël, notamment par le biais des accords historiques d'Abraham, a abouti à une plus grande paix et sécurité dans la région et approfondi les possibilités d'expansion de la croissance économique et la productivité. Je soutiendrais de nouveaux efforts pour normaliser relations diplomatiques et économiques avec l'Etat d'Israël dans la région. ». Le lendemain, jeudi 28 juillet, c'était autour d'Antony Blinken et du Département d'Etat américain de s'exprimer. Dans un communiqué, la diplomatie américaine détaille sa position de la situation en Tunisie en ces termes : « Un processus de réforme inclusif et transparent est crucial pour commencer à restaurer la confiance des millions de Tunisiens qui n'ont pas participé au référendum ou se sont opposés à la nouvelle constitution. En particulier, nous demandons instamment l'adoption rapide d'une loi électorale inclusive qui facilite la participation la plus large possible aux élections prévues en décembre… En coordination avec nos alliés et partenaires, les Etats-Unis ont utilisé et continueront d'utiliser tous les outils à leur disposition pour aider le peuple tunisien à forger un gouvernement démocratique et responsable … ».