Le Sommet de la Francophonie risque d'être reporté une nouvelle fois. C'est ce qu'indiquent des sources proches de Justin Trudeau au quotidien canadien La Presse. D'après le journal canadien, le Premier ministre canadien « aurait évoqué cette possibilité en privé avec le président français Emmanuel Macron lors du dernier Sommet du G7, en juin, en Allemagne. (…) M. Trudeau estime que la situation demeure préoccupante en Tunisie et que cela justifie le report du sommet. Cette question pourrait de nouveau être abordée lors de la visite officielle du président Macron au Canada, prévue au début de septembre. »
L'information du plus grand quotidien canadien n'est pas dénuée de tout fondement. D'après des sources propres à Business News, la réflexion murit depuis de longs mois. Il a été question dans un premier temps de transférer le lieu de tenue du Sommet. Les villes prêtes à l'accueillir n'étaient pas nombreuses, cependant. Au ministère français des Affaires étrangères, on a opté pour Paris ou Montréal. Le Quai d'Orsay a travaillé sur cette optique, mais Emmanuel Macron aurait décliné, afin de ne pas froisser le président tunisien Kaïs Saïed. Il restait à Montréal, mais pour on ne sait quelle raison, l'option a été abandonnée. Pourquoi le changement et pourquoi abandonner le programme initial de Djerba ? « Parce que Justin Trudeau refuse de poser aux côtés d'un dictateur », affirme à Business News une source bien informée proche d'Ottawa. Le Sommet devant se dérouler en 2020, mais il a été reporté d'une année, pour novembre 2021, à cause du Covid. Il a ensuite été reporté une deuxième fois, la Tunisie n'étant pas vraiment prête. « Ce n'est pas très vrai, sur le plan logistique, les Tunisiens pouvaient être prêts à temps. Ce qui s'est passé, c'est les décisions de gel du parlement prises par le président tunisien le 25 juillet 2021 », affirme notre source. Elle précise, dans la foulée, que M. Saïed a promis un retour des institutions démocratiques à la normale au bout de trente jours. La promesse n'a pas été tenue et M. Saïed s'est arrogé les pleins pouvoirs. Pire, il a dissous le parlement et modifié la constitution de 2014. Toutefois, une source aux Affaires étrangères canadiennes a fait savoir à Business News qu'il ne s'agit que de rumeurs et que les travaux préparant le sommet des deux côtés vont bon train. Il se pourrait que ces échos traduisent une aspiration de certaines parties de voir le sommet reporté, nous dit-on.
Dans un communiqué publié le 27 juillet, le Canada a déclaré être préoccupé par la situation en Tunisie. « Certes, la Constitution aurait été approuvée par une large majorité, mais il a relevé le taux « faible » de participation au référendum constitutionnel. » Un entretien téléphonique a eu lieu ce jour là entre Othman Jerandi, ministre tunisien des Affaires étrangères et son homologue canadienne Mélanie Joly. La ministre canadienne a fait part de ses préoccupations quant au respect des principes démocratiques et a également exprimé l'importance de tenir des élections législatives et de rétablir un gouvernement élu et représentatif dans les meilleurs délais. Conformément aux aspirations du peuple tunisien, le Canada appuie un processus politique inclusif et transparent qui préserve les acquis démocratiques de la Tunisie et sert l'ensemble de sa population. A propos du Sommet de la Francophonie, Mme Joly a réitéré l'engagement profond du Canada envers les valeurs de la Francophonie, notamment la démocratie et les droits de la personne. Elle a souligné que le Sommet doit avoir lieu dans un pays qui incarne, en paroles et en actes, les principes de la Déclaration de Bamako, et a offert le soutien du Canada pour une transition démocratique fructueuse en Tunisie. Une manière bien diplomatique et voilée pour signifier la désapprobation du Canada pour que le Sommet se tienne en Tunisie, sous Kaïs Saïed. Finalement, et si on se réfère aux sources propres de La Presse (journal réputé pour son sérieux et la crédibilité de ses sources) on se dirige droitement vers un nouveau report. Peut-être que Kaïs Saïed parte d'ici là ?
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