L'avocat et politicien, Mohamed Abbou, est revenu, mardi 20 septembre 2022, sur plusieurs sujets d'actualité, dont l'enquête en cours contre des dirigeants d'Ennahdha en lien avec le dossier de l'envoi de jeunes tunisiens pour le djihad dans les zones de conflits.
Invité de Zouheïr El Jiss dans l'émission Politica sur Jawhara FM, il a émis des doutes sur les accusations portées à l'encontre de Rached Ghannouchi et Ali Laârayedh entre autres, expliquant que les dossiers qu'il avait pu consulter alors qu'il était ministre confirment la corruption et la vénalité des islamistes ainsi que l'appareil secret d'Ennahdha. « Je ne sais cependant pas s'ils pourraient avoir un lien avec le dossier de l'envoi des jeunes dans les zones de conflits », a-t-il précisé.
Plusieurs dirigeants nahdhaouis, Rached Ghannouchi et Ali Laârayedh, notamment, ont été convoqués pour être auditionnés dans le cadre de cette affaire. L'audience de Rached Ghannouchi prévue, hier, a été reportée à mardi. Ali Laârayedh a, lui, été placé en garde à vue. Un autre dirigeant nahdhaoui, Habib Ellouz, a, également, été arrêté dans le cadre de cette instruction.
Considérant qu'Ennahdha était, toutefois, responsable politiquement sur ce dossier, il a signalé que le parti était impuissant face à ce phénomène et ne pouvait pas le contrôler en termes de renseignements. Il a ajouté que ce phénomène était antérieur à la révolution tunisienne et que plusieurs Tunisiens avaient pu rejoindre les zones de conflits grâce à l'appui des services de renseignements syriens.
Il a avancé, dans ce sens, que la justice trancherait, cette fois-ci, dans ce dossier dans le respect de son rôle. Assurant que les juges ont, aujourd'hui, peur de subir le même sort de leurs collègues révoqués en juin par le président de la République, il a noté que rares sont les magistrats qui oseraient libérer un suspect car son dossier est vide.
Le politicien a souligné, également, que le dossier du terrorisme – toujours politisé dans un sens ou un autre – représentait une occasion pour la justice tunisienne afin qu'elle puisse relever la tête et faire éclater la vérité telle qu'elle est. « Le peuple est confus. Il ne sait plus si tel ou tel magistrat est vraiment indépendant ou pas », a-t-il déclaré ajoutant que dans certains dossiers il faut s'adresser à l'opinion publique.
Commentant la situation politique, Mohamed Abbou a critiqué l'approche du président de la République, Kaïs Saïed, estimant que celui-ci ne fait que tenter de convaincre le peuple de « choses imaginaires » en leur promettant « des caisses inondées d'argent ». Il a ajouté, dans ce même contexte, que l'Administration tunisienne était paralysée et que les fonctionnaires avaient peur de Kaïs Saïed de par son imprévisibilité. « Il terrorise les investisseurs, également », a-t-il noté rappelant que la gestion de l'Etat requiert des compétences spécifiques.