Le leader du mouvement Ennahdha et président du Parlement, Rached Ghannouchi, a assuré, jeudi 14 janvier 2021, que Nabil Karoui était innocent et que la justice tunisienne trancherait en sa faveur. S'exprimant lors d'une interview accordée à la chaîne Al Araby TV, il a ajouté qu'il avait de bonnes pensées envers le fondateur de Qalb Tounes notant que les soupçons qui pesaient contre lui ne sont que de simples affaires fiscales. A lire également Comité de défense de Nabil Karoui : Le dossier est vide ! « (Cette affaire) ne nous embarrasse guère. La justice tunisienne tranchera en sa faveur et il sortira la tête haute », a-t-il affirmé. Le fondateur de Qalb Tounes et patron de la chaîne Nessma TV a, rappelons-le, été placé en détention préventive, le 24 décembre 2020, après son audition par le juge d'instruction du pôle judiciaire économique et financier dans une affaire d'évasion fiscale et de blanchiment d'argent. A lire également Décision de libération de Nabil Karoui
Interpellé au sujet de la nomination de l'ancien secrétaire général du RCD, Mohamed Ghariani, chargé de mission au sein du cabinet du président du Parlement, Rached Ghannouchi a avancé que la Tunisie avait opté pour une justice transitionnelle et non une justice vengeresse. « Nous ne pouvons considérer coupables tous ceux qui ont collaboré avec Ben Ali (…) D'ailleurs, nous avons fait chuter la loi de l'immunisation de la Révolution. (Mohamed) Ghariani a été entendu par la justice et celle-ci a dit son dernier mot », a-t-il indiqué. A lire également Abir Moussi aux députés : Si Mohamed Ghariani ne vous dérange pas, ne parlez plus du RCD !
Interrogé sur le bilan des dix ans de la Révolution tunisienne, Rached Ghannouchi a souligné que l'expérience tunisienne était un véritable succès en comparaison avec les autres pays arabes qui ont vécu des soulèvements populaires. « Nous sommes à la tête d'un monde arabe qui lutte toujours pour réaliser ce que la Tunisie a pu concrétiser en termes de transition démocratique, d'élections transparentes, de justice indépendante… », a noté Rached Ghannouchi. « La chute d'un dictateur n'est, cependant, pas synonyme de réalisations immédiates. La chute d'un dictateur peut conduire à d'autres problèmes et la liberté nécessite des sacrifices. J'estime que nous sommes sur la bonne voie et au seuil d'une nouvelle décennie de prospérité », a-t-il ajouté. A lire également 2011-2021 : The lost decade
Au sujet du remaniement ministériel, le président du Parlement a signalé que le chef du gouvernement avait pris sa décision à ce niveau, étant convaincu de la nécessité de remplir les postes vacants et d'améliorer les performances de son gouvernement. Il a démenti, dans ce sens, les rumeurs selon lesquelles le chef du gouvernement Hichem Mechichi aurait décidé de procéder à un remaniement dans l'objectif de se débarrasser des ministres placés par le président de la République Kaïs Saïed, assurant que la Constitution tunisienne avait bien défini les prérogatives des deux têtes de l'exécutif. A lire également L'Instance de contrôle de la constitutionnalité des projets de lois répond à Hichem Mechichi
Interpellé sur sa relation avec le locataire de Carthage, Rached Ghannouchi a assuré que ses liens avec Kaïs Saïed étaient ordinaires niant l'existence de tensions ou de conflit entre la présidence de la République et la présidence du Parlement. A lire également Rached Ghannouchi : Kaïs Saïed n'a pas donné suite à ma demande, et il doit unir les Tunisiens !
Rached Ghannouchi est, par ailleurs, revenu sur la loi électorale et a signifié que son parti travaillerait sur l'amendement de cette loi afin de pouvoir garantir dans le futur une majorité au Parlement capable de construire la stabilité nécessaire au sein de cette institution.