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Pour convaincre les médias, il y a une seule et unique méthode
Publié dans Business News le 21 - 11 - 2022

Merci, grand merci pour cet élan de solidarité. Merci à mes amis, réels et virtuels, merci à mes confrères journalistes, tunisiens et étrangers, merci aux partis et aux organisations nationales et internationales, merci aux personnalités politiques, merci à mes fidèles lecteurs, mon équipe et mon associé. Merci à toutes ces personnes imbibées des valeurs, des Droits et de Justice. Je ne vais citer personne, c'est une mission quasi-impossible tellement vous étiez nombreux et de tous bords. Ça m'a permis d'affronter l'épreuve avec un moral à bloc. Cette solidarité et cette reconnaissance sont un trésor plus précieux que tout l'or du monde.
Comme vous le savez, j'ai été convoqué lundi dernier devant la Brigade criminelle, suite à une plainte déposée en personne par la ministre de la Justice et ce, suite à un article journalistique paru dans Business News. L'article en question dresse le bilan des treize mois de Najla Bouden à la tête du gouvernement (cliquer ici pour lire l'article).
Le journaliste n'est pas au-dessus de la loi. Il n'est pas au-dessous non plus. Quand il y a une loi spécifique qui régit un corps de métier, on ne peut pas faire appel à une loi généraliste. Or, la ministre de la Justice a fait appel au décret 54 liberticide, daté de septembre 2022, plutôt qu'au décret-loi 115 relatif à la liberté de la presse, de l'imprimerie et de l'édition.
C'était suffisant pour déclencher une large et magnifique vague de soutien. On ne compte plus le nombre d'articles de presse, d'émissions et de communiqués de soutien à Business News, son équipe et moi-même. La raison de cette polémique est que cette plainte de la ministre de la Justice représente un véritable tournant dans la vie politique tunisienne et dans les relations entre le pouvoir et les médias.
Deux jours plus tard, une des plus grandes figures de l'opposition, Fadhel Abdelkefi, est interdit de voyage, sans explication aucune. Une polémique après, il apprend être l'objet d'une mesure S8, c'est-à-dire une décision judiciaire qui lui interdit de voyager. Pourtant, force est de relever que M. Abdelkefi n'a été convoqué par aucun juge et qu'il n'était même pas au courant d'une quelconque procédure contre lui.

Dans ce pays en pleine crise économique, sociale et budgétaire, on vit des polémiques anachroniques les unes derrière les autres. Plutôt que de trouver des solutions aux problèmes dont souffre le peuple, le régime de Kaïs Saïed est en train de s'en prendre aux opposants et aux médias.
Interrogé vendredi par Chaker Besbes sur Mosaïque FM, le président de la République a accusé les médias de diffamation et les a invités à avoir, d'abord, la liberté de penser. Des mots vagues qui ne veulent rien dire. À entendre le président, la dictature dont parlent les médias n'existe pas.
En marge du Sommet de la francophonie, Kaïs Saïed a eu une rencontre avec le président français Emmanuel Macron à l'issue de laquelle celui-ci a déclaré : « je pense qu'il est très important -et je sais que le président est très vigilant, nous en avons parlé tout à l'heure- qu'il y ait un apaisement sur le sujet des libertés politiques et de la libre expression des médias. ». Pourvu que M. Saïed entende.

De quel apaisement parle le président français et comment doivent être les relations entre les médias et le pouvoir ?
Dans tous les pays du monde, y compris les dictatures, le pouvoir a une cellule de communication et un directeur de la communication chargés d'alimenter les médias (et donc le public) en informations.
Dans les dictatures, les cellules dictent l'information et les médias diffusent. Cela s'appelle de la propagande. Il n'en demeure pas moins que, dans ces dictatures, les directeurs de la communication ont des relations directes avec les directeurs de médias et certains journalistes afin de les cadrer et leur dire ce qui doit être publié et ce qui ne doit pas l'être.
En Tunisie, ni la présidence de la République, ni la présidence du gouvernement n'ont de directeur de la communication. C'est-à-dire qu'on n'a même pas atteint le niveau des dictatures.
Dans les démocraties, les directeurs de médias et certains journalistes ont des relations privilégiées avec les directeurs de communication et ont un accès direct aux gouvernants. Souvent, très souvent, ministres et présidents convient ces leaders d'opinion pour des tête-à-tête ou des réunions restreintes afin de leur expliquer leur politique, leur stratégie et leur vision autour d'un sujet donné. Ces réunions sont souvent informelles et leur contenu n'est pas public. Leur objectif officiel est d'offrir un background aux journalistes qui leur permet de donner, ensuite, des analyses fondées sur des faits et des informations et non sur des hypothèses et des intox. L'objectif officieux est la manipulation de ces médias (et donc le public).
Aussi bien avant la révolution qu'après, il y a toujours eu des échanges directs entre le pouvoir et les médias, mais ce n'est plus le cas depuis le 25 juillet 2021.
La raison est que Kaïs Saïed croit, à tort ou à raison, que les médias font partie de cette machine satanique des lobbys occultes, qu'ils sont à la solde d'on ne sait quelle antichambre ou quel parti et qu'ils sont corrompus par l'argent du méchant capital ou même de puissances étrangères (l'argent britannique par exemple).
Il a ordonné, par la suite, à Najla Bouden de suivre la même stratégie que lui.
C'est une première dans l'Histoire du pays et, si l'on exclut les juntes militaires, ça devrait être une première dans le monde.

Le résultat de cette absence totale de politique de communication du régime est que les médias n'ont plus de matière première (l'information) et n'ont plus d'explication sur ce que fait le pouvoir (le background).
Par son ignorance totale du b.a.-ba de la communication politique et son refus d'établir des relations avec les leaders d'opinion, Kaïs Saïed a créé un climat d'incompréhension tendu avec les médias privés. Les médias publics sont déjà sous sa botte et sont devenus de véritables outils de propagande avec l'argent du contribuable.
Dans la tête de Kaïs Saïed, la Tunisie est une démocratie. Tout le contraire de ce que pensent les médias. Plutôt que de les convier à un tête-à-tête, comme font tous les présidents du monde démocratique, afin de leur expliquer comment il voit les choses, Kaïs Saïed s'est emmuré à Carthage refusant tout dialogue. Il part du principe obtus que c'est lui le chef, que tout le monde lui doit obéissance et qu'il n'a de comptes à rendre à personne.
Ceci était, peut-être vrai, au XVe siècle, mais ça ne l'est plus monsieur le président !
Ne supportant plus la critique, frappé par le syndrome autoritaire, juché dans sa tour d'ivoire, il a pondu le décret 54 qui punit, jusqu'à dix ans de prison, toute voix discordante.

Kaïs Saïed est dans sa logique. Tout ce qu'il a fait part de bons sentiments. Il n'arrive pas à admettre que les médias ne partagent pas son opinion et ne suivent pas ce qu'il dit.
Plutôt que de leur expliquer sa démarche, en appliquant les règles basiques des sciences de la communication, il a choisi la stratégie du bâton, pensant qu'il va réussir à faire taire les médias privés, comme il a réussi à le faire avec les médias publics.
Monsieur le président, si vous pensez faire taire ainsi les médias, vous vous leurrez.
Les journalistes indépendants et les directeurs de médias qui ont choisi ce métier, n'ont pas peur de la prison. Ils ne cherchent pas l'argent non plus, autrement ils auraient investi ailleurs.
Pour obtenir ce que vous voulez des médias, il y a une seule et unique méthode et elle a été expérimentée partout dans le monde, dans les dictatures et dans les démocraties, il faut communiquer avec eux. Il faut parler avec eux directement en cercles restreints et en interviews directes. Il faut leur expliquer vos contraintes et votre démarche et les convaincre. S'ils sont convaincus, ils relaieront votre message. S'ils ne le sont pas, ils vous critiqueront sans animosité et sans méchanceté.
Et dites-vous que nul au monde n'a réussi à convaincre tout le monde, même pas les prophètes.


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