Le professeur universitaire et ancien membre du conseil d'administration de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Fethi Nouri a considéré que l'annonce du report du traitement du dossier tunisien par le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) était choquante. Il a expliqué n'avoir jamais vécu une telle chose affirmant que la nouvelle avait effrayé plusieurs personnes. « Le FMI nous a jeté le dossier à la figure... L'accord avec le FMI est un mal nécessaire... Nous avons besoin de verser les salaires... de couvrir les dépenses... Nous ne savons pas comment nous allons financer les dépenses du budget de 2023... J'appelle le président à nommer, après les élections, un chef de gouvernement spécialiste en économie », a-t-il déploré. Invité le 16 décembre 2022 à l'émission "La Matinale" animée par Myriam Belkadhi et diffusée sur les ondes de la radio Shems Fm, Fethi Nouri a critiqué la dégradation de la situation économique du pays. Il a considéré que l'économie tunisienne reposait sur l'endettement et qu'il n'y avait pas de création de richesse. Il a, également, estimé que le report du dossier n'avait aucun lien avec la visite du président de la République, Kaïs Saïed, à Washington. Il a mis l'accent sur l'absence de données et de détails au sujet du programme de réformes, ceci a poussé, selon lui, les citoyens et acteurs de la scène politique et économique à se poser plusieurs questions. Il a insisté sur l'importance d'un dialogue calme et franc afin de débloquer la situation et a considéré que la Tunisie avait longtemps été gérée de façon "pastorale". « La Tunisie était respectée... Le report du dossier est un vrai choc... Nous avons des hauts cadres de qualité... L'échec des négociations est une honte ! Une honte au vrai sens du mot ! Je comprends les raisons derrière le refus de l'accord exprimé publiquement par l'UGTT... Plusieurs entités ont œuvré pour l'échec de l'accord... D'autres entités en sont responsables... Des pays cherchent à faire échouer la Révolution... Ils ne nous veulent pas du bien... Nous ne pouvons pas continuer à vivre le même conflit idéologique... Maintenant, nous devons concrétiser les déplacements à l'étranger du président de la République... Il peut se rendre à des pays pouvant soutenir la Tunisie en compagnie d'Hommes d'affaires et d'experts... Nous ne devons pas nous isoler... La Tunisie peut devenir un véritable paradis... Les élus doivent servir les intérêts du pays et non-pas ceux du président », a-t-il déclaré. Fethi Nouri a assuré qu'il n'y avait pas de conditions imposées par le FMI. Les bailleurs de fonds et établissements financiers fonctionnent selon des normes claires et publiques. Le FMI accorde des prêts conformément à la réglementation mise en place depuis sa création. Il a indiqué que la Tunisie avait choisi d'emprunter selon un modèle bien défini et servant à financer des réformes. Fethi Nouri a considéré que la réforme des entreprises publiques et du système des compensations aurait dû se faire sans même consulter le FMI. Il a, également, affirmé que les réformes devaient cibler le système de production. Il a souligné l'importance de consulter l'UGTT et a indiqué que la centrale syndicale était prête à présenter plusieurs propositions permettant de sortir de la crise. Fethi Nouri a estimé que le gouvernement était complètement absent et que le président était la seule personne habilitée à prendre des décisions. Il l'a appelé à entamer un dialogue avec les acteurs nationaux, à aller sur le terrain et à ne pas continuer à gouverner à travers des décrets. Il a critiqué le silence du gouvernement et a affirmé que l'équipe de Najla Bouden dissimulait l'information. Il a expliqué que le problème était le manque de communication et non l'absence de mesures. Il a souligné l'importance de s'ouvrir sur de nouvelles approches et sur l'ensemble des experts. Il a estimé que la Tunisie avait réussi l'épreuve, mais avait échoué dans la complétion du dossier. Il s'est interrogé sur les raisons ayant poussé le FMI à reporter le dossier tunisien et a considéré qu'il pourrait tout simplement s'agir d'un problème de formalité.