Le leader du mouvement islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, a accordé, dans la soirée de samedi 21 janvier 2023, une interview à la chaîne privée Zitouna TV. Il est revenu sur plusieurs sujets, notamment la situation politique du pays. Le politicien a affirmé que le pays pourrait sortir de la crise dans un seul cas de figure : engager un dialogue sur la base de trois éléments clés ; s'accorder sur le fait que le 25-Juillet était un putsch, exclure le président de la République Kaïs Saïed étant « le problème », et rétablir la constitution de 2014. Selon Rached Ghannouchi, la solution à la crise actuelle est dans le retour aux règles du jeu politique ; les urnes et le peuple. Il a noté, dans ce sens, que le président de la République était complètement déconnecté de la réalité et ne pourrait voir le monde par-delà le Bien et le Mal. Soulignant que « le putsch » se dirige vers davantage d'isolement, Rached Ghannouchi a rappelé que le 17 décembre 2022 était une victoire pour la révolution et un échec pour le « putschiste ». Selon ses dires, si l'on se réfère aux chiffres communiqués par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), Kaïs Saïed n'est actuellement soutenu que par des groupuscules « opportunistes et fascistes qui n'ont pas d'historique dans le militantisme », par mépris à leurs opposants politiques ou à la révolution de 2011. Admettant la gravité de la situation du pays, le leader islamiste a, toutefois, avancé que « les difficultés étaient soutenables » compte tenu des spécificités de cette période transitoire dans l'histoire de la Tunisie. « La liberté a un prix (…) Il faut faire des sacrifices », a-t-il indiqué. Rached Ghannouchi a ajouté que la plus grande menace venait de l'exclusion. Citant l'ancien président de la République, feu Béji Caïd Essebsi, il a appelé à trouver la bonne formule pour que tous les courants politiques et idéologiques puissent cohabiter et transformer leur diversité en une richesse pour le pays. Il a, cependant, réitéré que toute tentative d'engager un dialogue avec le président de la République serait comme « miser sur le mauvais cheval ». Il a salué, dans ce sens, l'initiative de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). Considérant que la Centrale syndicale avait tout de même commis une erreur en soutenant le 25-Juillet, le leader islamiste a, toutefois, soutenu que l'initiative de l'UGTT présentée comme inclusive était une démarche positive. Au sujet de la position des pays étrangers face aux développements politiques dans le pays, Rached Ghannouchi a signifié son opposition à toute éventuelle ingérence étrangère en Tunisie. « C'est le peuple tunisien qui a institué la démocratie et il finira par la réinstaurer ». Il a estimé, dans ce contexte, que l'Algérie soutenait « la stabilité de la Tunisie et non le putsch ».