Hamadi Zaafrani, l'avocat de l'ancien procureur de la République, Béchir Akremi, est revenu, lundi 20 février 2023, sur l'internement psychiatrique de son client vendredi dernier. Me Zaafrani a exprimé ainsi des craintes en ce qui concerne les raisons du transfert de son client à l'hôpital psychiatrique Razi et l'état de santé qui a motivé la décision du parquet. Au micro de Zina Zidi dans l'émission Studio Shems sur Shems Fm, l'avocat a rappelé qu'on a confié à son client les plus importantes affaires après la révolution, d'où les raisons de le craindre et d'autres de craindre pour son intégrité physique.
Hamadi Zaafrani a carrément exprimé des craintes pour la vie de Béchir Akremi. « Sa vie peut être menacée et il est nécessaire de permettre à son avocat et à sa famille de lui rendre visite », a-t-il martelé. L'avocat a, en outre, spécifié que le ministère public a décidé de relâcher son client (ce dernier n'ayant pas voulu répondre à leurs questions et se raccrochant à son immunité) et de l'admettre à l'hôpital psychiatrique Razi, affirmant qu'il y a des rapports médicaux indiquant que Béchir Akremi a eu une grave crise psychologique. Toutefois, Me Zaafrani a noté que son client a entamé une grève de la faim depuis lundi 13 février 2023, et s'est interrogé dans sur les motivations de l'admettre à l'hôpital psychiatrique.
Interrogé par l'animatrice concernant les déclarations du président de la République sur les détenus qui « feignent la maladie et la folie pour échapper à la justice », Hamadi Zaafrani a souligné que les médecins sont les plus à même de découvrir si Béchir Akremi simule ou pas la maladie. A propos de la période de son internement, l'avocat a précisé que c'est au premier juge du Tribunal de première instance qui décide, selon les rapports médicaux, la période de son admission. Et de déclarer que la magistrate n'a pas encore pris de décision à ce sujet.
Béchir Akremi a été admis, dans la soirée de vendredi 17 février 2023, à l'hôpital psychiatrique Razi. Il aurait été victime d'une crise au Centre de détention de Bouchoucha à la suite de son maintien en garde à vue. L'ancien procureur de la République avait été arrêté dimanche 12 février. Il est accusé par le comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi de dissimulation de preuves et d'entrave à la justice. On l'accuse, également d'avoir été chargé, par le président du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi, d'innocenter des terroristes et de bloquer l'enquête portant sur les assassinats politiques. Rappelons dans ce cadre que la cheffe de service de la médecine psychiatrique légale à l'hôpital psychiatrique Razi de La Manouba aurait empêché, dimanche 19 février 2023, une délégation de l'instance nationale pour la prévention de la torture (INPT) de visiter l'ancien procureur de la République, Béchir Akremi (sans mentionner son nom dans leur communiqué, ndlr).