Une publication virale partagée sur Facebook annonce la dissolution des partis politique en Tunisie. La page derrière l'information, « Tounes Al Jadida », a fait circuler le post depuis le 27 mars 2023. La page affirme que le président de la République a décidé de dissoudre les partis politiques qui ont reçu un financement étranger, parmi eux le mouvement Ennahdha, Qalb Tounes, la coalition Al Karama et Attayar.
Ainsi on peut lire dans la publication qui accompagne une photo d'une réunion du président Kaïs Saïed à Carthage « Saïed : Il y a des analystes et des experts dans les chaînes de télévision et les radios qui ont reçu un don de 40 milliards » puis la publication ajoute « C'est officiel, les partis, associations et organisations qui ont reçu des financements étrangers seront dissous, et le reste suivra ». Le post Facebook a annoncé la dissolution de tous les partis qui ont reçu des fonds étrangers avec le paiement d'une amende et la suppression de toutes les listes.
BN Check a examiné le journal officiel de la République tunisienne qui est chargé de publier tous les textes législatifs et réglementaires de la République tunisienne. Aucune décision dans le sens de la dissolution des partis politiques n'a été annoncée. L'équipe a également vérifié toutes les réunions présidentielles qui ont eu lieu pendant le mois de mars à Carthage et encore une fois, la décision de dissoudre les partis n'a pas été évoquée.
Néanmoins, le président Kaïs Saïed a bien accusé un nombre d'analystes et d'experts dans les médias d'avoir reçu un financement de 40 milliards, et ce durant une réunion avec la cheffe du gouvernement, le ministre de l'Intérieur, le ministre de la Défense et la ministre de la Justice, tenue le 28 décembre 2023. Le président Saïed avait déclaré : « Ceux qui pleurent la liberté d'expression n'ont même pas la liberté de penser, ce sont des mercenaires. Je ne veux pas citer de noms, mais ils se reconnaitront. Un don de 40 milliards a été fait par une société étrangère en 2016 ou 2017. Il a été accordé à un nombre de prétendus analystes et experts dans les médias. Ils ne sont ni experts, ni analystes, mais des mercenaires qui se sont jetés dans les bras de l'étranger. J'ai les noms devant moi. Ces gens-là qui parlent tous les jours et font de fausses analyses n'ont pas honte lorsqu'ils se regardent dans la glace. Nous ne laisserons pas notre peuple entre les mains de ces criminels ».
Le président de République n'hésite pas à afficher son hostilité envers les partis politiques en Tunisie. Il a souvent accusé certains partis de comploter contre la sûreté de l'Etat et d'être derrière les pénuries dans le pays, il a également dénoncé le financement étranger des associations. Pendant la réunion du conseil des ministres du 22 février 2022, il a déclaré publiquement son opposition au financement étranger des associations qui sert de couverture au financement des partis politiques selon ses propos. « Cela dit, il faut mettre un terme au financement étranger des associations qui sert de couverture au financement des partis politiques. Personne n'a le droit de s'ingérer dans notre politique et nos choix. Nous allons organiser ce cadre pour les ONG, mais il n'est plus question de laisser les associations servir d'intermédiaires. Que cela soit clair, nous n'accepterons pas le retour en arrière parce que le peuple a rejeté [ces gens-là]».
A travers l'amendement de la loi électorale en 2022, le président a réduit le rôle des partis politiques en réformant le système électoral et en optant pour scrutin uninominal, mais jusqu'à ce jour, aucune décision officielle n'a été prise pour dissoudre les partis politiques et les associations en Tunisie.