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Noureddine Boutar : l'affaire qui pue l'injustice !
Publié dans Business News le 02 - 05 - 2023

Le journaliste et directeur de Mosaïque FM, Noureddine Boutar, est injustement détenu depuis le 13 février 2023. Il a été placé en prison durant la très controversée campagne d'arrestation entamée le 11 du même mois. Le comité de défense du journaliste ne cesse de pointer du doigt l'injustice à laquelle il fait face alors que la justice fait semblant de ne pas voir l'évidence.
Les mésaventures de Noureddine Boutar ont commencé par son arrestation pour soupçon d'enrichissement illicite et complot contre la sûreté de l'Etat. Nous avons découvert, par la suite, qu'il avait principalement été interrogé sur la ligne éditoriale de Mosaïque FM et le choix des invités et des questions posées. Il ne s'agit pas de simples rumeurs ou de récits relayés par l'opinion publique. L'avocat et membre du comité de défense de Noureddine Boutar, Ayoub Ghedamsi a expliqué que les questions étaient clairement mentionnées dans le dossier de l'enquête. Selon la justice tunisienne, Noureddine Boutar aurait exploité la radio afin de pousser les Tunisiens à se révolter et de porter atteinte à l'image du chef de l'Etat, Kaïs Saïed.
Ce dernier, d'ailleurs, n'a pas manqué d'exprimer son mécontentement au micro de la radio. Le président de la République avait laissé de côté la question posée par le journaliste Cheker Besbes au sujet des investisseurs et de l'organisation du Sommet de la francophonie. Kaïs Saïed a critiqué ce qui serait des campagnes médiatiques menées par des journalistes et des invités dont ceux de Mosaïque FM. Il a, également, exprimé son opposition à l'atteinte aux symboles de l'Etat et à ses institutions. Cette déclaration date du mois de novembre 2022. Quelques mois après, Noureddine Boutar se trouve au milieu d'une affaire sans queue ni tête.
Noureddine Boutar a été accusé d'enrichissement illicite pour des faits remontant à 2003 soit la date du lancement de la radio. Son avocat a indiqué, à l'occasion d'une conférence de presse du 2 mai 2023, que l'enquête avait été initiée sur fonds de suppositions. Il n'y a pas eu de preuves ou de documents démontrant l'enrichissement illicite et le blanchiment d'argent. La justice a entamé la poursuite suite à un simple rapport émanant d'un informateur. Les affirmations de ce dernier n'ont toujours pas été prouvées. La justice a essayé de prouver ses accusations par tous les moyens, mais rien n'inculpe M. Boutar, selon son avocat. Maître Ghedamsi a assuré qu'il n'y avait pas de transactions douteuses liées à son client, à l'épouse de ce dernier ou à la radio. Il a assimilé l'attitude du pouvoir judiciaire à celle du pouvoir colonialiste français. Il a indiqué que ce dernier montait des dossiers contenant une multitude d'accusations afin de s'assurer de l'inculpation de la personne visée quelle qu'en soit la raison.
« Nous vivons après 2014-2015. Nous avons, donc, une loi de lutte contre le blanchiment d'argent applicable aux faits survenus après 2014. Néanmoins, le recours du ministère public à la loi de 2003 signifie que les faits reprochés remontent aux débuts de Mosaïque FM avec son directeur général… En tant que comité de défense, nous leur avons affirmé que nous étions prêts à enquêter sur n'importe quelle période… La société de comptabilité a été auditionnée… En 79 jours d'emprisonnement, aucune preuve n'a été trouvée… Ceci démontre un abus d'usage de la capacité d'emprisonner et de privation de liberté dans un dossier vide… Nous avons attendu l'évolution de l'enquête. Nous nous sommes retrouvés face à l'inconnu. Nous n'avons aucune idée au sujet des mesures qui seront prises par la justice », a-t-il déclaré.
Ayoub Ghedamsi a indiqué que la totalité des institutions financières se trouvant en Tunisie ont été contactées par la justice. Elles ont été interrogées au sujet de la situation financière de M. Boutar et des supposées transactions illicites. Toutes ont démenti la chose. La seule à ne pas avoir encore réagi est la Commission tunisienne des analyses financières (Ctaf). Il a rappelé que celle-ci avait présenté un rapport préliminaire affirmant l'absence de transactions douteuses. Il a critiqué l'absence d'un rapport final attestant de la chose. Il s'est interrogé sur la lenteur de l'envoi d'un tel document.
L'avocat et les nombreuses personnalités ayant pris la parole au cours de la conférence de presse du 2 mai 2023 ont pointé du doigt l'injustice à laquelle fait face Noureddine Boutar. Ils ont assuré que l'affaire visait en vérité la presse et l'intégralité des institutions médiatiques. Il s'agit, selon eux, d'une tentative d'intimidation des journalistes. Ils ont exprimé leur opposition à cette politique. L'avocat de Noureddine Boutar a déclaré à ce sujet : « Rien n'a changé au niveau de Mosaïque FM… La ligne éditoriale n'a pas changé… On maintient la même approche critique, la même analyse, les mêmes invités… La seule chose qui a changé est le sentiment d'injustice… Il évolue et s'amplifie… Les institutions judiciaires qui, théoriquement, doivent défendre les droits et les libertés, sont, aujourd'hui, compromises et suivent un ministère public adoptant la politique des colons… On a enfreint la loi sans rien trouver ».
L'avocat a, aussi, rebondi sur les fameuses discussions et captures de messages censées être liées à son client. Il s'agit d'une série de photos circulant sur Facebook depuis son arrestation. Une simple lecture rapide de celles-ci démontre l'aspect ridicule et risible de la chose. Des fautes d'orthographe inconcevables, un jargon sans rapport avec le fond ou les personnes supposées échanger et des traces visibles de modifications et de traitement d'images. L'avocat de Noureddine Boutar a rappelé que la falsification de preuve était punissable par la loi. Il a indiqué que ce genre de rumeur portait atteinte aux intérêts de son client et de la loi. Il a déploré l'absence de réaction de la part du ministère public à ce sujet. « Ce genre de comportement est illégal… Essayer d'induire le juge d'instruction en erreur est puni par la loi… Nous avons déposé plainte auprès du tribunal de première instance de Tunis… Après avoir enfoui le dossier, il a été attribué à un autre tribunal, celui de la Manouba afin d'auditionner le plaignant : Noureddine Boutar… Il se trouve en prison. Il n'a pas connaissance de ce qui circule sur Facebook… Ceci nous montre qu'il y a une justice à deux vitesses en Tunisie », a-t-il dit.
Autres éléments surprenants dans cette affaire, Noureddine Boutar a subi un autre interrogatoire au sujet, cette fois-ci d'une rencontre avec Leila Trabelsi, Belhassen Trabelsi, Nabil Karoui et Ghazi Karoui. La chose a été révélée, durant la même conférence de presse, par le journaliste Zied El Heni. Il a indiqué que Noureddine Boutar avait été auditionné quatre jours après son arrestation sur un récent voyage en France. Noureddine Boutar a expliqué qu'il s'était rendu, fin 2022, aux USA. Durant le trajet de l'aller, il y a eu une escale à l'aéroport d'Amsterdam. Une autre escale a eu lieu à l'aéroport Charles de Gaulle de Paris durant le retour. Le journaliste n'a pas quitté l'aéroport durant les deux escales. D'ailleurs, il n'a pas besoin de se rendre jusqu'à Paris pour rencontrer ces personnes-là. S'il est aussi malveillant, malin et rusé que l'affirme la justice, il n'a qu'à échanger avec ces gens à distance et ne pas prendre le risque d'être photographié avec elles. Il existe, pour un homme ayant à sa disposition certains moyens financiers, des outils et des stratagèmes plus simples pour comploter contre la sûreté de l'Etat.
Joignant sa voix à celle de l'avocat de M. Boutar, le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Mahdi Jlassi a assuré que le dossier de l'affaire était complètement vide et ne comportait pas de preuve. Il a considéré que les poursuites envers Noureddine Boutar visaient la radio Mosaïque FM et sa ligne éditoriale. Il a souligné l'absence de preuves justifiant l'ouverture d'une enquête. Il a indiqué que Noureddine Boutar était accusé de blanchiment d'argent en raison de faits remontant à 2003.
« Il n'y a toujours pas de raison derrière les poursuites visant Boutar. On a procédé à une fouille et à un audit, mais on n'a rien trouvé. La solution était, pour eux, le ciblage de la ligne éditoriale. Je tiens à être clair à ce sujet. La question de la ligne éditoriale n'est pas un prétexte ou une supposition. Le dossier de l'affaire parle clairement de la ligne éditoriale de la radio et de son exploitation. On a posé des questions claires au sujet de la ligne éditoriale. Nous sommes convaincus qu'il s'agit d'un procès d'opinion et de l'orientation indépendante du pouvoir de la radio Mosaïque FM », a-t-il ajouté.
Mahdi Jlassi a évoqué le lien entre l'affaire de Noureddine Boutar et le contexte national et la situation politique de la Tunisie. Il a rappelé que des dizaines de personnes étaient poursuivies en raison de leurs avis, de leurs articles ou de leurs déclarations. Il a évoqué les enquêtes visant Mohamed Boughalleb et Monia Arfaoui initiées par le ministre des Affaires religieuses Brahim Chaibi. Pour rappel, Mohamed Boughalleb avait révélé que Brahim Chaibi avait troqué la voiture de fonction mise à sa disposition, et qui selon lui était tout à fait commode et adéquate, pour une BWM modèle X6. Ce véhicule avait été confisqué par la douane et devait être conservé dans un entrepôt jusqu'à ce que la justice tranche dans une suspicion de vol. Néanmoins, son propriétaire a été surpris de découvrir que la voiture avait été attribuée au ministère des Affaires religieuses. M. Boughalleb a été derrière la divulgation des faits. La justice tunisienne a, d'ailleurs, donné raison au récit de ce dernier. Elle a ordonné, à la suite d'une enquête, le retour du véhicule à l'entrepôt de la douane. Parallèlement et paradoxalement, Mohamed Boughalleb a été poursuivi en vertu du décret n°54 suite à une plainte déposée par le ministre. Le journaliste a donc raison, mais on continue malgré cela à le poursuivre en justice. Il aurait sûrement dû choisir de faire les louanges de ce ministre et d'évoquer ses réalisations (que nous attendons toujours de découvrir).
« Aujourd'hui, il y a des avocats, des activistes et des leaders politiques poursuivis pour leur opinion… Ils sont poursuivis suite à des instructions émanant directement du pouvoir exécutif et de la ministre de la Justice… Nous sommes à J-1 de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Parallèlement, la Tunisie fait face à une vague sans précédent de procès d'opinions et d'idées… Il s'agit du résultat d'instructions claires du pouvoir politique, sous l'encadrement direct du président de la République et d'une exécution de la part des institutions sécuritaires et judiciaires. Celles-ci ont montré qu'elles fonctionnaient sous instructions du pouvoir en place… La tyrannie ne fait pas exception. Celui qui se croit, aujourd'hui en sécurité, sera, dans le futur, l'une des premières victimes... La force d'un secteur réside en sa solidarité… Nous devons être prêts à défendre l'un de nos collègues… Le pouvoir prend ce genre d'éléments en considération… Nous avons le droit de nous exprimer au sein de notre pays sans faire face à des procès, être suivis par les institutions de l'Etat et faire l'objet de censure et de pressions », a ajouté Mahdi Jlassi durant la conférence de presse.
Plusieurs personnalités étaient présentes lors de cet événement. Parmi elles, nous pouvons citer le secrétaire général de la Fédération nationale de l'Information relevant de l'UGTT, Mohamed Saidi, le président de la Fédération tunisienne des directeurs de journaux (FTDJ), Taieb Zahar, les professeurs universitaires Wahid Ferchichi, Youssef Sedik et Sadok Hammami et le représentant du bureau de Tunis de Reporters Sans Frontières, Samir Bouaziz. Ces personnalités ont, tour à tour, exprimé leur soutien à Noureddine Boutar, à sa famille et à Mosaïque FM. Elles ont, également, pointé du doigt les innombrables vices de procédure, les contradictions et les incohérences liés à cette affaire. Toutes étaient d'accord sur le véritable objectif de cette affaire. Faire taire les critiques, harceler les médias et intimider l'opposition au pouvoir en place.
L'affaire de Noureddine Boutar, d'après les éléments relayés par le comité de soutien de ce dernier, se rapproche plus d'un James Bond ou de l'un des films de Mission Impossible. On y évoque des méchants et des sociétés secrètes capables de tout. L'instruction s'accroche au récit du gigantesque complot visant la Tunisie. Un récit extravagant et fantasque rejetant l'hypothèse d'une possible défaillance du système, car il est plus facile de blâmer les autres et de les tenir responsables des pénuries, de la crise financière, de l'inflation, de la dégradation du pouvoir ou encore de la quasi-absence des électeurs lors des législatives et du référendum.


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