Le président de la République, Kaïs Saïed, a reçu, lundi 19 juin 2023 au palais de Carthage la ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, et son homologue français, Gérald Darmanin. Le chef de l'Etat a évoqué avec ses interlocuteurs plusieurs sujets dont la question de la migration et la coopération bilatérale. « Votre présence est une preuve de la profondeur des relations qui nous lient depuis longtemps et de la volonté commune de les développer sur la base d'une nouvelle vision, une nouvelle pensée et une lecture critique des politiques antérieures pour identifier les sources de blocage et ouvrir de nouvelles perspectives, des perspectives de coopération plus larges dans le respect de notre souveraineté », a indiqué Kaïs Saïed dans une vidéo partagée sur la page Facebook de la présidence de la République.
S'exprimant toujours en arabe littéraire, il a souligné la nécessité de se poser les bonnes questions au sujet de la situation actuelle du pays en lien avec la migration. « Je pense que poser cette question, la question adéquate, est la voie pour la bonne réponse. Quand on caresse un cercle fermé, celui-ci devient un cercle vicieux (…) brisons ce cercle ensemble. Je réitère à nouveau que la Tunisie ne peut surveiller que ses propres frontières et nous n'accepterons pas d'être un pays d'installation (pour les migrants) ».
« Malheureusement certaines déclarations de quelques responsables font référence à des politiques inacceptables alors que ces misérables et pauvres qui viennent de l'Afrique subsaharienne trouvent un traitement humain bien meilleur que ce qu'ils ne trouvent dans d'autres pays. Regardons les choses de façon réaliste et faisons face aux vérités du même point de vue pour sortir de ce cercle fermé et vicieux. Il y a des réseaux de traite d'êtres humains et de trafic d'organes dans le sud de la Méditerranée tout comme dans le nord. Œuvrons à les démanteler et à lutter contre les causes de cette situation. Les solutions sécuritaires sont nécessaires, mais elles n'ont fait qu'amplifier le phénomène. Vous savez ce qu'il s'est passé aux côtes de la Grèce. Je ne pense pas que la conscience de l'humanité peut tolérer telles situations tragiques. Les solutions ne peuvent être que collectives et sur la base d'une nouvelle approche, une pensée nouvelle. Nous sommes au XXIe siècle, mais plusieurs sont encore nostalgique des siècles passés et des années précédentes alors que ce retour en arrière ne peut nous faire avancer ».
Citant un penseur français, le président de la République a ajouté en langue française, cette fois-ci : « Le cerveau humain fonctionne comme un ordinateur bien programmé par les décideurs dans le monde, si quelqu'un cherche à repenser sa façon de voir à revoir le programme ou bien c'est le cerveau qui s'arrête ou l'ordinateur qui s'éteint voilà l'homme du XXIe siècle, mais fait-il encore partie de l'espèce humaine ».
« On fait partie de l'espèce humaine, on voudra et on cherchera les solutions nécessaires pour l'humanité tout entière. Je vous remercie encore une fois d'être parmi nous et je crois qu'on peut faire beaucoup de chose ensemble. Voilà les problèmes qu'on se pose et avec la volonté commune, une manière de voir nouvelle, je suis certain qu'on trouvera les solutions adéquates », a-t-il poursuivi.
Sortant une édition du journal Le Monde, il a pointé du doigt une caricature de Dilem et a poursuivi : « L'Europe au secours de la Tunisie. J'aime bien l'idée que la Tunisie soit au secours de l'Europe également. La bouée de sauvetage devrait passer de l'autre côté également car dans une seule destination ça ne rime à rien. Avec nos moyens, notre volonté, nos idées nouvelles on peut faire beaucoup de choses ensemble », a-t-il conclu.
La ministre allemande de l'Intérieur, Nansy Faeser, et son homologue français, Gérald Darmanin sont arrivés en Tunisie dimanche dans le cadre d'une visite de travail conjointe de deux jours.