La Tunisie a récemment été le théâtre de campagnes de désinformation visant les subsahariens, exacerbant ainsi la haine et l'hostilité envers cette communauté dans le pays. À travers des vidéos et des photos partagées sur les réseaux sociaux, une vague d'indignation et de mépris a été créée. Ces actes de désinformation ont eu des conséquences néfastes, amplifiant la crise migratoire existante en Tunisie et alimentant les tensions au sein de la société. La diffusion de fausses informations a joué un rôle majeur dans la Stigmatisation des subsahariens en Tunisie. Il y a quelques jours, un internaute a prétendu avoir été braqué par un subsaharien en utilisant la photo du footballeur belge Romelu Lukaku. Bien que Lukaku soit bien connu des passionnés de football, de nombreux Tunisiens ont cru à cette histoire et l'ont relayée, condamnant ainsi l'acte de vol présumé. Ce fait divers a été utilisé comme prétexte pour lancer des campagnes de haine contre les Subsahariens.
Quelques jours plus tard, des internautes ont utilisé la photo du chanteur Kanye West dans un scénario similaire, induisant en erreur les lecteurs et créant une fois de plus la confusion. Certains Tunisiens ont cru à cette histoire de vol, contribuant ainsi à l'escalade de la méfiance envers les Subsahariens.
Une autre campagne de désinformation a prétendu que des milliers d'Africains subsahariens parcouraient à pied la distance entre Kasserine et Sfax. Cette information a créé un débat tendu sur les réseaux sociaux. Néanmoins, il est rapidement apparu que cette information était infondée. D'autres publications ont montré des convois de bus prétendument remplis de subsahariens acheminés vers la Tunisie depuis l'Algérie. Après vérification, il est apparu que le paysage visible dans la vidéo correspondait au sud de l'Algérie, notamment à la route d'El Meniaa, située dans le Sahara algérien. Les plaques d'immatriculation des véhicules montraient clairement les chiffres correspondant à la wilaya d'El Meniaa. Les inscriptions sur les bus, telles que "Adrar" et "Tamanrasset", correspondaient également à des régions du sud de l'Algérie. Il est devenu évident que les bus se dirigeaient vers le sud de l'Algérie et non vers la Tunisie, et que la vidéo montrait en réalité une opération de rapatriement de migrants subsahariens.
La tension s'est encore intensifiée à Sfax, une ville portuaire tunisienne, après la mort d'un citoyen poignardé par un Subsaharien dans la nuit du lundi 3 juillet. Cet incident a amplifié la haine envers les Subsahariens et a conduit à des demandes de déportation. Ainsi une situation chaotique s'est développée à Sfax, où une foule de migrants a convergé vers la gare mercredi 5 juillet 2023, dans l'intention de quitter la ville en direction de Sousse et de la capitale Tunis et la tension s'est exacerbée ces derniers jours, avec plusieurs arrestations parmi les Subsahariens.
Cette situation témoigne des difficultés croissantes auxquelles la Tunisie est confrontée en matière de gestion des flux migratoires. Les fausses informations alimentent une atmosphère de méfiance et de peur, qui se traduit par des confrontations entre les communautés locales et les migrants.
Dans le même contexte, des images et des vidéos montrant le harcèlement et l'encerclement des Subsahariens par des Tunisiens ont circulé, suscitant l'indignation. Le porte-parole de la direction générale de la Garde nationale, le colonel-major Houssemeddine Jebabli, a souligné que certaines de ces images étaient véridiques, tandis que d'autres étaient anciennes et ne s'étaient pas produites en Tunisie du tout.
Ces incidents ont nui à la réputation du pays selon le colonel-major, donnant l'impression que la Tunisie était inhospitalière et hostile envers les migrants subsahariens. Ils ont également alimenté la haine envers cette communauté, renforçant ainsi les préjugés et les discriminations.
Puis une photo est devenue virale sur les réseaux sociaux en Tunisie depuis le 30 juin 2023, et a déclenché un débat intense parmi les internautes. La photo en question présente des groupes de personnes entassées dans des voitures, apparemment dans le désert du Sahara. Selon la légende accompagnant l'image, il s'agirait d'un groupe de migrants venant d'Algérie (Tébessa) et se dirigeant vers Kasserine en Tunisie. Cette photo a suscité une vive polémique, avec des réactions diverses de la part des internautes, en particulier de ceux qui condamnent le flux migratoire des Subsahariens en Tunisie. Certains ont également exprimé des préoccupations concernant la sécurité des frontières entre la Tunisie et l'Algérie. Cependant, il a été prouvé que cette photo n'a pas été prise aux frontières tuniso-algériennes et que les personnes ne se précipitent pas vers la Tunisie. En réalité, il s'agit d'une photo prise en 2019 par Pascal Maitre, montrant des migrants se dirigeant vers la Libye depuis le Niger.
Pour sa part, le président Kaïs Saïed a adhéré à cette campagne de haine et de désinformation, dans un discours prononcé en février 2023. Il s'en est pris aux migrants en déclarant qu'ils voulaient « transformer la démographie de la Tunisie ». Ces propos ont contribué à une atmosphère d'hostilité en Tunisie. En même temps, le président Kaïs Saïed qui refuse d' « être le garde-frontière de l'Europe » n'a pas encore proposé de solutions concrètes pour gérer la crise migratoire. Les discours de condamnation et les réunions avec les ministres ne suffisent pas à apaiser la situation,. Une approche globale, englobant les aspects juridiques, sécuritaires et humanitaires, est cruciale pour aborder la question des la migration irrégulière en Tunisie.
La désinformation visant les subsahariens en Tunisie a engendré une vague d'hostilité et de mépris, aggravant ainsi la crise migratoire et les tensions sociales. La diffusion de fausses informations, les vidéos manipulées et les préjugés ont alimenté cette campagne de haine dans le pays.