Dans son discours prononcé lors de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies, samedi 23 septembre 2023, le ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar a assuré que la Tunisie n'accepterait pas l'implantation implicite des migrants clandestins sur son territoire. Le ministre des affaires étrangères a salué l'initiative du secrétaire général pour créer un groupe de réponse aux crises mondiales sur l'alimentation, l'énergie et le financement, visant à atténuer les effets de la guerre en Ukraine sur les prix des denrées alimentaires et de l'énergie. À cet égard, il a rappelé l'appel lancé récemment par le président de la République, Kaïs Saïed, lors du Sommet sur les systèmes alimentaires à Rome, en vue de créer une réserve stratégique mondiale de céréales à laquelle le monde entier pourrait recourir en cas de besoin. « Il est incontestable que le système financier international, créé après la seconde guerre mondiale, a échoué à fournir un filet de sécurité mondial et à garantir un financement facile et durable pour les pays en développement et les moins avancés. Au contraire, ce système les a déçus et a contribué à creuser le fossé entre les pays développés et les pays en développement, qui se trouvent aujourd'hui confrontés à des choix difficiles entre l'utilisation de la majeure partie de leurs ressources pour rembourser leurs dettes et services de la dette, ou pour répondre aux besoins essentiels de leurs peuples. C'est pourquoi nous appelons aujourd'hui à des réformes fondamentales du système financier international et à un changement de la gouvernance économique mondiale, car il s'agit d'une priorité absolue pour surmonter les déséquilibres et les disparités actuels et de mettre en place un système efficace qui investit dans le développement durable et les générations futures. Nous appelons également à une approche responsable et sérieuse pour faciliter la restitution des biens spoliés à l'étranger au profit des peuples des pays lésés, renforçant ainsi leur capacité à compter sur leurs propres ressources, et à rechercher des moyens de prévenir de telles infractions à l'avenir. » Revenant sur la question migratoire, Nabil Ammar a assuré que le phénomène de la migration irrégulière s'est intensifié dans la région en raison de la faiblesse des niveaux de développement dans de nombreux pays du continent africain, de la durée des conflits, des effets des changements climatiques, ainsi que de l'exploitation par des réseaux criminels de la vulnérabilité de milliers de personnes à la recherche de meilleures opportunités de vie, que ce soit dans les pays du sud de la Méditerranée, du nord ou dans les pays subsahariens. Tout en soulignant la nécessité d'adopter une approche globale pour aborder la question de la migration irrégulière, axée sur l'élimination de ses causes profondes plutôt que sur le traitement de ses conséquences, il a insisté à nouveau sur le fait que toutes les parties prenantes des pays d'origine, de transit, de destination, ainsi que les organisations régionales et internationales, doivent assumer leurs responsabilités à cet égard. Dans ce contexte, il a appelé à la poursuite du processus de la Conférence internationale sur le développement et la migration, organisée à Rome grâce à une initiative tuniso-italienne. « La Tunisie a toujours traité la question de la migration irrégulière avec les moyens dont elle dispose, avec responsabilité, en s'appuyant sur son attachement constant aux droits de l'homme et en respectant ses obligations internationales. Nous tenons toutefois à souligner que la Tunisie n'acceptera pas l'implantation implicite des migrants clandestins sur son territoire. Nous condamnons également toute exploitation politique ou médiatique de la souffrance des victimes de la migration irrégulière au service d'agendas politiques ».
D'autre part, le ministre des Affaires étrangères a affirmé que la Tunisie n'a pas été épargnée par les défis mondiaux qui ont affecté les situations économiques, sociales et de vie. « Nous sommes déterminés, malgré les circonstances difficiles, à surmonter ces impacts et à renforcer notre capacité à résister et à assurer la durabilité, en collaboration avec nos frères, nos amis et nos partenaires, tout en préservant les principes et les constantes de notre politique et notre indépendance nationale. Nous avançons avec fermeté sur la voie de la réforme, de la consolidation de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, afin de rectifier et de renforcer notre expérience démocratique et de renforcer les institutions de l'Etat, mettant ainsi fin à la gouvernance politique irresponsable qui a duré plus d'une décennie, en réponse aux aspirations du peuple tunisien exprimées ouvertement le 25 juillet 2021. Ces aspirations restent inchangées jusqu'à la réalisation complète de ce processus de réforme, malgré toutes les difficultés et les pressions ».