Les composantes du Front de salut national ne se sont toujours pas accordées sur une position au sujet de l'arrestation de la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi. C'est ce qu'a indiqué, vendredi 6 octobre 2023, le dirigeant du Front de salut national, Ahmed Nejib Chebbi. Les positions des composantes du Front de salut divergent mais sont évolutives, selon une déclaration de M. Chebbi lors d'une intervention téléphonique dans l'émission Houna Tounes de Moez Ben Gharbia sur Diwan FM. « Le débat a été engagé depuis l'annonce du mandat de dépôt. Il y a d'un côté ma position que j'ai annoncée et qui n'engage que ma personne. D'autres ont évoqué les agissements d'Abir Moussi et les nombreux litiges. Il y a, également, ceux qui sont entre les deux », a-t-il dit laissant entendre que certains se sont montrés solidaires d'Abir Moussi contrairement à d'autres.
Le Front de salut englobe, rappelons-le, des anciens dirigeants islamistes dont Samir Dilou et Abdellatif Mekki, en plus des militants des droits de l'Homme, des activistes et membres de la famille politique dite progressiste tels qu'Ahmed Nejib Chebbi ou encore quelques-uns des détenus politiques. Ahmed Nejib Chebbi s'est, notons-le, exprimé au sujet de l'arrestation de la présidente du PDL appelant à sa libération. Dans un statut publié sur page Facebook, vendredi 6 octobre 2023, il a affirmé que le fait d'avoir dénoncé l'arrestation de Mme Abir Moussi n'était en aucun cas ni une manifestation de sympathie de sa part envers les choix idéologiques de la présidente du PDL, ni un soutien à ses positions politiques ou à son projet de société, « qui suscitent l'opposition d'un large spectre de l'opinion publique ». « Il s'agit plutôt de dénoncer la tyrannie qui nous saisit et de défendre la Tunisie dont nous rêvons », a-t-il ajouté. « Je revendique la libération de Mme Abir Moussi immédiatement (…) et dans le respect de son droit à exercer une activité politique légitime et pacifique (…) Je revendique que les conditions d'un procès équitable lui soient garanties et à tous les Tunisiens ; l'indépendance du pouvoir judiciaire en premier », a-t-il écrit notant qu'il « espère voir les Tunisiens unis à nouveau sous la bannière de 'tous les droits pour tous'». Abir Moussi s'est rendue, le 3 octobre, au bureau d'ordre de la présidence de la République pour y déposer une demande exigée par les procédures du Tribunal administratif, dans le cadre du recours qu'elle compte intenter contre les décrets émis par la présidence de la République concernant la convocation des électeurs aux élections locales et le découpage des districts. La présidente du PDL n'a pas pu déposer les documents en question ; le bureau d'ordre ayant refusé de les réceptionner et de lui fournir une décharge. Cette décision lui a été notifiée par un agent sécuritaire. Abit Moussi a, ensuite, été arrêtée alors qu'elle se trouvait encore devant le bureau d'ordre du palais de Carthage. Elle a été conduite au poste de police de la Goulette où ses avocats n'ont pas pu l'assister. Après son audition, mercredi, un mandat de dépôt a été émis à son encontre. La politicienne faisait face, initialement, à trois chefs d'accusation : attentat ayant pour but de provoquer le désordre, traitement des données à caractère personnel sans l'autorisation de la personne concernée, et entrave à la liberté du travail. L'accusation a ensuite modifié le chef d'accusation prenant en considération l'ensemble de l'article 72 du Code pénal sur les attentats contre la sûreté intérieure de l'Etat. Dans son article 72 le Code pénal stipule : « Est puni de mort, l'auteur de l'attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, d'inciter les gens à s'armer les uns contre les autres ou à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien ».