« La Poste de Tunisie s'impose donc vraisemblablement comme le leader du marché ». Voilà une phrase qui ne dit presque rien, mais qui a réussi à déclencher une polémique entre trois entreprises tunisiennes opérant sur le marché du publipostage en Tunisie. les trois protagonistes sont La Poste de Tunisie, Dip Contact, BMD. L'histoire a commencé à la suite de la publication d'un article le 8 novembre dernier sur le site internet Madwatch plaçant La Poste de Tunisie dans une position de leader par rapport aux acteurs de la place dans le secteur de la publicité par la boîte aux lettres. Un article basé sur des informations communiquées par l'entité publique. La réaction ne s'est pas fait attendre et rapidement un droit de réponse signé Dip Contact est parvenu chez nos confrères. Dip Contact estime être leader et émet ses réserves quand aux informations publiées par la Poste. Des informations qui font état de distribution de 14 millions d'envois publicitaires en 2006 et 2007. C'est ce chiffre qui a posé problème et suscité sans doute le courroux de Dip Contact qui remet en question ce chiffre publié sur d'autres sites tunisiens. Selon le droit de réponse, « Dip Contact est le leader et pionnier de la publicité par la boîte aux lettres ». Car elle table sur un volume de distribution avoisinant 23 millions prospectus d'ici la fin 2007. Dip Contact trouve la raison d'être de sa position de leader dans la diversification et l'innovation. Difficile de situer la raison des uns et le tort des autres. Tout cela demeure évidemment flou. D'autant plus qu'il n'existe pas encore un mécanisme reconnu ou un institut spécialisé pour évaluer et donner de vraies statistiques à cette forme de publicité. En clair, une entité chargée de donner ou de confirmer les statistiques. Alors qu'on s'attendait simplement à un feuilleton à deux acteurs (ce qui est d'ailleurs courant dans le monde économique), voilà qu'un troisième acteur fait son apparition. Il s'agit de la société BMD. Cette dernière estime, elle aussi, qu'elle est aussi en bonne place. La position de BMD dans cette guéguerre est on ne peut plus ambigüe à bien des égards. Pour elle, pas question de taper sur La Poste de Tunisie contrairement à Dip Contact. BMD fut « longtemps partenaire de La Poste Tunisienne » et reconnaît en elle « un grand professionnalisme, la meilleure pénétration des villes et des villages excentrés, l'image quasi mythique de ses facteurs qui connaissent un à un chacun de leurs clients » ! Qui plus est, « BMD est le seul opérateur du marché à proposer à ses clients des distributions mixtes : Poste Tunisienne+BMD ». Cependant, ce sens de la retenue n'a pas empêché BMD de faire valoir sa « bonne place », voire sa suprématie dans ce secteur en plein boom et estime avoir distribué plus de 20 millions d'envois publicitaires en 2007 sur plus de 500 mille boîtes réparties dans toutes les grandes villes tunisiennes. Difficile de certifier, là aussi. Pour atteindre cet objectif, BMD affirme qu'elle a : un important effectif de jeunes employés à temps aménagé, une bon aménagement des horaires, couverture sociale donnant aux jeunes plus de priorité pour la poursuite de leurs études, etc. Certes c'est « à chaque annonceur de choisir son meilleur prestataire », comme l'a affirmé BMD. Mais cette dernière n'a pas compris que le nud du problème ne se situe pas là. Il est plutôt sur le terrain commercial, donc entre les opérateurs eux-mêmes. Car on ne voit pas vraiment une entreprise qui va reconnaître son manque de dynamisme par rapport à ses concurrents. Chacune des entreprises impliquées dans cette joute, via médias, ne semble plier l'échine. La raison est simple : les annonceurs se bousculent beaucoup au portillon de ces opérateurs de publipostage. C'est pourquoi chaque déclaration, fut-elle petite, est analysée à la loupe. Et chacun épiait apparemment les faits et gestes de l'autre. Ce que l'on peut résumer de cette histoire est que les chiffres peuvent conférer à une entreprise une certaine hauteur sur un espace concurrentiel. A condition, bien évidemment, qu'ils soient réels et positifs. Et qu'ils ne sont pas de nature à donner l'impression de dynamisme alors que derrière ça, c'est le « flou artistique » qui prévaut. Il est évident donc qu'il faut qu'il y ait un arbitre pour certifier les chiffres et démentir les entreprises qui ont tendance à gonfler artificiellement leurs résultats. Elles sont courantes et dans plusieurs secteurs et touchent les plus grandes d'entre-elles. Rappelons, enfin, que La Poste tunisienne est une entité publique et, en tant que telle, n'a pas à concurrencer les entreprises privées sur ce marché puisque, de fait, cette concurrence est faussée. La Poste bénéficie de déniers publics et peut même se permettre le luxe de vendre à perte puisqu'elle profite de son personnel (les facteurs) payé par le contribuable pour assurer le travail de publipostage. Cela a toujours créé problème et va à l'encontre de la création d'emploi et de richesses et il est impératif que l'on laisse la concurrence faire son travail entre des entreprises privées et non pas entre des entreprises privées et l'Etat. Une dernière phrase : le législateur a prévu cela afin de protéger nos PME !