Introduit pour la première fois en Tunisie avec la création en 1999 de «Dip Contact», pionnier dans ce secteur, le publipostage est depuis entré dans les murs avec l'arrivée d'autres opérateurs, l'un privée BMD- et l'autre public, la Poste tunisienne. Et comme c'est souvent le cas lorsqu'une activité en est encore à ses débuts, la concurrence tourne à l'affrontement, comme cela s'est passé entre Dip Contact d'un côté, et ses deux concurrents de l'autre qui collaborent. Dip Contact a porté plainte en juin 2005 devant le Conseil de la Concurrence en accusant BMD et la Poste de dumping. Dip Contact reproche à ces derniers de pratiquer «des prix inférieurs au prix de revient des services publicitaires postaux» et de «ne pas appliquer la politique tarifaire pratiquée par l'Office National de la Poste». Ce qui, d'après elle, a eu pour effet de perturber «une politique de tarification sage et étudiée, tenant compte de tous les coûts; qu'ils soient fixes ou variables, de manière conforme avec les bases élémentaires de la bonne gestion usitées, ce qui met ses prix à la portée du client, d'un côté, et ne porte pas atteinte au principe de la concurrence, de l'autre». Une affirmation qui n'a pas été partagée par le Conseil qui a finalement débouté, puisque l'accusation n'a pas résisté aux vérifications qui ont démontré que BMD bénéficie du rabais maximum -50%- accordé à tous les clients réguliers et contractuels de la Poste contre seulement 15% pour les occasionnels. Mais l'affaire pourrait ne pas s'arrêter là. Car, apparemment mécontent d'avoir été traîné dans cette affaire, l'Office de la Poste en a profité pour contre-attaquer en sortant des tiroirs une arme qu'il avait déjà essayé d'utiliser par le passé : Dip Contact n'est pas autorisé à exercer l'activité de publipostage, car ce domaine lui a été réservé exclusivement par la loi. Cette thèse, la Poste l'avait pour la première fois soutenue dans deux courriers adressés en décembre 2001 soit près de deux ans après la création de Dip Contact- respectivement au gérant de cette société et au ministre de l'Intérieur, sous la supervision de celui des Technologies de la communication, en rappelant que le publipostage ne fait pas encore partie des activités ouvertes à la concurrence. Une interprétation qui va être retenue par le Conseil malgré la contestation par Dip Contact de l'exclusivité accordée à la Poste pour les «services postaux de base», en soulignant que la libéralisation de ce secteur constitue «une demande mondiale et européenne en particulier» et que «l'orientation en Tunisie est vers la privatisation et l'ouverture de tous les secteurs économiques à l'initiative privée».