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Un grand patriote nous a quittés, Ahmed Manaï
Publié dans Business News le 13 - 01 - 2024

Destourien de la vieille école, opposant historique à l'ancien régime, exilé politique en France à l'époque de Ben Ali, nationaliste tunisien et panarabe, Ahmed Manaï est décédé ce samedi à l'âge de 83 ans. Sa biographie qui va suivre est tirée du dernier livre de son fidèle ami et compagnon d'exil, Mezri Haddad, La face cachée de la révolution tunisienne. 12 ans après le coup-d'Etat déguisé édité chez AC Editions, qu'il a préfacé peu de temps avant son décès.

Originaire de Ouardanine, né en 1941 dans un milieu familial nationaliste destourien dont le plus illustres fut Abdallah Farhat (1914-1985), son oncle maternel, qui a été le plus proche collaborateur de Bourguiba - il a été son directeur de cabinet de 1956 à 1962 -, puis plusieurs fois le ministre, notamment de la Défense, Ahmed Manaï est agronome de formation et spécialiste en économie rurale. A la fin des années soixante, il se consacre au développement agricole et social du Djérid et Nefzaoua. Dans les années 1970, il a été chargé de cours à l'université algérienne de Constantine. Dans les années 1980, il a été expert consultant dans un projet de développement du Rif marocain financé par la BIRD, et il a terminé sa carrière au sein de l'Onu en tant qu'expert international.

Militant destourien dès son jeune âge, Ahmed Manaï prend ses distances avec le Parti Libre Destourien (ancêtre du PSD et du RCD) après la bataille de Bizerte dans laquelle il s'engagea en 1961. Deux ans après le « coup d'Etat médical » de Ben Ali le 7 novembre 1987, lors des premières élections législatives de l'ère novembriste (1989), il constitue avec des élites locales une liste indépendante qui va défier le RCD dans la région du Sahel. Mais comme dans l'ensemble des circonscriptions, les vainqueurs de ces élections n'étaient pas ceux pour lesquels les citoyens avaient voté mais les apparatchiks du pouvoir et certains nervis du nouvel homme fort tunisien.

Deux ans après cette première expérience « démocratique », Ahmed Manaï va connaître sa première expérience de supplicié sous la dictature policière. De retour à Tunis après un séjour à Paris où il avait rencontré quelques bêtes noires de Ben Ali à l'époque, il est arrêté par les redoutables services spéciaux. Durant plus de quinze jours, il va alors connaître les pires moments de sa vie : pendant qu'il subissait la torture dans les geôles de Ben Ali, sa femme et ses enfants mineurs étaient impitoyablement persécutés. Réfugié en France en 1991, Manaï va raconter cette douloureuse épreuve dans le tout premier livre dévoilant la véritable nature du régime : Supplice tunisien. Le jardin secret du général Ben Ali, préfacé par le célèbre écrivain Gilles Perrault. Pour ce dernier, « ce qui fait la force de ce terrible livre, c'est sa sincérité. Rares sont ceux qui atteignent à l'authenticité de celui-ci. Encore plus rares, ceux qui nous initient à la relation énigmatique, incompréhensible de l'extérieur, qui s'établit entre tortionnaire et torturé, l'un comme l'autre victimes du même système répressif, et, au bout du compte, dépouillés l'un comme l'autre de leur dignité. Il fallait beaucoup de courage pour écrire un tel ouvrage… »
Ce courage, Ahmed Manaï va encore le payer très cher, même pendant son exil en France. Le 29 février 1996, deux ans après avoir bravé Ben Ali en se déclarant, avant l'annonce de Moncef Marzouki, candidat aux élections présidentielles de 1994, il a été victime d'une violente agression physique, et le 14 mars 1997, d'une tentative d'assassinat. Dans le quotidien Assabah du 11 février 2011, un ancien officier des services spéciaux, Lotfi Derrouiche, déclara « avoir été missionné dès 1991 pour liquider physiquement Ahmed Manai et deux autres opposants en France ».
Cela n'a pas empêché Ahmed Manaï de poursuivre son combat pour la démocratie et le respect des droits de l'homme en Tunisie, tout en se démarquant des « droits-de-l'hommistes professionnels », de l'extrême-gauche tunisienne ainsi que des islamistes sous la férule de Rached Ghannouchi qu'il a connu à Paris en 1968 et avec lequel il rompra toute relation dès 2006 (Jeune Afrique du 15 mars 2016). Le 12 juin 2008, sur Al-Jazeera, il critique violemment Ghannouchi qui était à l'antenne et accuse Ennahda d'avoir planifié deux tentatives de coup d'Etat, en 1987 et 1991.

Après la chute du régime en 2011, Ahmed Manaï ne réclame point sa part du butin, aussi bien dans le sens propre que politique du terme. En revanche, il met en garde ses compatriotes du danger que constitue la ramification tunisienne des Frères musulmans, Ennahda, « une secte d'autant plus dangereuse qu'elle est soutenue par le Qatar ». Lors des premières élections, il s'oppose évidemment à Ennahda, dénonce la duplicité du CPR et apporte son soutien aux forces nationalistes et progressistes. Mais c'est essentiellement à la défense de la Syrie qu'il se consacre désormais, notamment à travers son Institut Tunisien des Relations Internationales (ITRI). En 2011, il a fait partie des observateurs envoyés par la Ligue arabe en Syrie et dont le rapport a été enterré par une Ligue sous influence qatarie.


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