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Nizar Chaâri : la sale affaire
Publié dans Business News le 18 - 01 - 2024

Les affaires judiciaires impliquant des personnalités médiatico-juridico-politiques se suivent et se ressemblent : l'odieux le dispute à l'illégalité. Cette semaine, sous les projecteurs, c'est le tour du candidat à la présidentielle, Nizar Chaâri.

C'est un remake de 2023 qui s'annonce en ce début d'année 2024. Flash-back. Juste après la débâcle électorale des législatives 2022-2023, le régime de Kaïs Saïed a fait une razzia sur ses opposants, les jetant en prison en les accusant, entre autres, de complot contre l'Etat et d'intelligence avec des puissances étrangères. Les dossiers sont vides, clament les avocats démontrant par a+b comment les affaires sont montées de toutes pièces. Qu'à cela ne tienne, la justice décide d'interdire tout traitement médiatique de l'affaire de complot, comme si elle disait : le régime veut réprimer en silence.
Fin 2023, bis repetita. Le régime subit une nouvelle débâcle électorale laissant penser aux analystes qu'il va jeter sa colère sur ce qui reste d'opposants en liberté. Ils ne seront pas démentis. Début 2024, pas moins de deux nouvelles grosses affaires se fomentent actuellement dans les couloirs judiciaires. Totalement soumis à la cause du régime ou par lâcheté, les médias publics évitent de parler d'opposition et de tout ce qui pourrait déranger la quiétude de Kaïs Saïed. À cause du décret 54 liberticide et des multiples affaires judiciaires en cours frappant leurs journalistes, les médias privés évitent désormais de parler des instructions en cours. Au grand dam des téléspectateurs/auditeurs/lecteurs, de la liberté d'expression et du droit du public à l'information.
Pour ce début 2024, et comme prévisible à la suite de la débâcle électorale, les journalistes et les politiques tunisiens s'échangent sous le manteau deux nouvelles affaires judiciaires. Grosses et grossières, comme au début 2023.
Et pas question d'en parler publiquement, sous peine de violer le secret d'une instruction en cours.
La première, de blanchiment d'argent, implique plusieurs candidats à la présidentielle, d'anciens ministres et de célèbres hommes de médias. Dans la seconde, de complot contre l'Etat, sont cités d'anciens ministres et de célèbres avocats et hommes politiques, ainsi que feu Henry Kissinger l'ancien secrétaire d'Etat américain décédé en novembre dernier.

Cette omerta médiatique a été cassée par l'homme de médias et candidat à la présidentielle Nizar Chaâri.
Mercredi 17 janvier 2024, M. Chaâri diffuse une vidéo dans laquelle il dénonce la fuite, sur les réseaux sociaux, d'un document confidentiel de l'instruction dans lequel figure le nom de sa fille de quatorze ans. Ce qu'il faut savoir c'est que si les médias respectent scrupuleusement le secret de l'instruction, ce n'est pas le cas des pages et comptes réputés proches du régime sur les réseaux sociaux. Ici, tout est permis en toute impunité. Le parquet démarre au quart de tour quand il s'agit de médias et de journalistes, mais ne réagit que rarement, pour ne pas dire jamais, quand il s'agit de certaines pages faisant, nuit et jour, l'éloge du régime et attaquant, nuit et jour, ses adversaires politiques.
Pourtant, le document judiciaire tu par les médias a été étalé au grand jour sur les réseaux sociaux.
Et c'est ce que dénonce M. Chaâri dans sa vidéo, affirmant, dans la foulée, avoir déposé une plainte contre le ministère de la Justice et saisi le délégué de l'enfance.
Il estime, à raison, qu'il y a une ligne rouge franchie par le régime en impliquant le nom de sa fille et évoque les séquelles psychologies que la mineure a subie suite à la parution de son nom sur les réseaux sociaux avec un flux d'injures et de grossièretés. Pour lui, toujours à raison, la bataille politique devrait épargner les enfants.
Ce n'est hélas pas l'avis du régime de Kaïs Saïed et même si Nizar Chaâri disculpe le président de la République d'être derrière cette affaire, les faits sont là. Le nom de sa fille est bien intégré dans l'affaire, le document judiciaire confidentiel circule bien sur les réseaux sociaux et ceux qui le font circuler échappent à toute poursuite judiciaire.
C'est en cela que l'affaire de Nizar Chaâri est sale. Le régime ne se suffit plus de monter des affaires de toutes pièces pour écarter de la course présidentielle les adversaires politiques, il s'attaque maintenant aux familles et aux mineurs.
Nizar Chaâri, comme tous les hommes politiques et tous les journalistes poursuivis, n'est pas au-dessus de la loi. Il le dit et il le répète dans sa vidéo. Il dit avoir subi, depuis quatre ans, plusieurs instructions judiciaires, fait l'objet de plusieurs contrôles (probablement fiscaux) ainsi que des interdictions de voyage et qu'il a toujours refusé de médiatiser ce harcèlement du régime, parce qu'il estime ne pas être au-dessus de la loi et que la justice devait suivre son cours. En revanche, quand c'est sa fille qui est citée, il ne peut plus se taire. Il y a une violation de ses droits de mineure par le régime. « Comment pourrais-je défendre la nation, une fois président de la République, si je suis incapable de défendre ma propre fille », s'étrangle-t-il.

À vrai dire, sur le fond, ce que subit Nizar Chaâri est identique à ce qu'ont subi plusieurs adversaires du régime depuis le putsch. Quelques semaines seulement après le 25 juillet 2021, le régime a assigné à résidence et interdit de voyage plusieurs personnalités politiques. De quoi déclencher plusieurs polémiques sur ces décisions extrajudiciaires despotiques. Retenant la leçon, il s'est amusé depuis à multiplier les recours judiciaires. Sauf que là, il a également multiplié les accusations fallacieuses et les vices de procédures. Souvent, les preuves formelles manquent aux dossiers et il n'est pas rare que le régime s'empêtre lui-même dans les contradictions. Comme, par exemple, dans l'une des nombreuses affaires de complot contre l'Etat. Le parquet accuse les personnalités politiques d'avoir comploté avec des ambassadeurs étrangers, mais le ministère des Affaires étrangères a publié un communiqué pour disculper ces derniers. En dépit de la contradiction, les personnalités politiques croupissent en prison depuis près d'un an. Peu importe, c'est un détail.
Dans la nouvelle affaire Nizar Chaâri, l'instruction frappe des personnalités politiques et médiatiques qui n'ont rien à voir les unes avec les autres et qui n'ont jamais eu des affaires ensemble. C'est ce que jure M. Chaâri et c'est ce qui est notoirement connu. Peu importe, c'est un détail. Dans la nouvelle affaire non encore médiatisée impliquant en ce début 2024 Henry Kissinger, le régime considère l'ancien secrétaire d'Etat américain comme comploteur alors que ce dernier est décédé depuis le mois de novembre et qu'il était malade alité depuis des années. Peu importe, c'est un détail.
Dans toutes ces affaires, ces sales affaires, il y a deux points communs. Les suspects sont tous des personnalités politiques hostiles au régime et/ou candidats à sa succession. Le second point est que ces affaires ont été déclenchées suite à des débâcles électorales comme si ces suspects étaient responsables de leur échec.
Quoi qu'il en soit, il y a un gros avantage que tire le régime en poursuivant toutes ces personnalités : il les écarte de la course présidentielle d'octobre 2024 et réduit leur capacité de nuisance. Peu importe les violations de la loi à la pelle, les contradictions, les vices de procédure, les polémiques ou que ceci est sale et contraire à la morale, seul le résultat final et la réélection de Kaïs Saïed comptent aux yeux du régime. À ce rythme, et les paris sont lancés, il est fort probable qu'il sera le seul candidat à sa propre succession.


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