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Le vide comme alternative à Kaïs Saïed
Publié dans Business News le 09 - 04 - 2023

L'absence de treize jours de Kaïs Saïed a rappelé que la scène politique tunisienne ne présente aucune alternative sérieuse au président de la République. Sous Ben Ali, on disait que c'est lui ou le chaos. La même chanson est répétée aujourd'hui sous Kaïs Saïed.

« Si on n'aide pas la Tunisie, on risquera de favoriser les Frères musulmans ». La phrase est prononcée par le ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Antonio Tajani, surnommé sarcastiquement ces derniers jours comme étant le ministre le plus actif du gouvernement tunisien. Une phrase identique à celle que répétaient les soutiens de Zine El Abidine Ben Ali avant la révolution. Soit Ben Ali, soit les islamistes.
Douze ans après, on est en train de redire la même chose, soit Kaïs Saïed, soit les islamistes. Peut-être pire, soit Saïed, soit le chaos.
Avec un nombre de personnalités politiques jetées en prison à qui on a collé des affaires montées de toutes pièces et sans preuves, et un autre très bon nombre de personnalités politiques poussées à l'exil, Kaïs Saïed a réussi à créer le vide autour de lui. Sans exception, toutes les personnes susceptibles de lui faire de l'ombre ont été poussées en dehors de la scène d'une manière ou d'une autre.

La liste est longue, les méthodes d'éloignement ne se ressemblent pas, mais l'objectif est le même : les voix discordantes crédibles ne doivent plus avoir de place sur l'échiquier politique.
Mehdi Ben Gharbia, ancien ministre des Droits de l'Homme, croupit en prison depuis octobre 2021. Il doit répondre de la grave accusation de blanchiment d'argent et d'enrichissement illicite. Le juge chargé de son affaire a fini son instruction et a conclu à l'innocence de l'accusé. Peine perdue, le parquet (dépendant du pouvoir) a fait appel et a réussi à le maintenir en prison. Quant au juge, il a été tout simplement limogé.
L'ancien chef du gouvernement Youssef Chahed, constatant qu'un bon nombre de ses anciens ministres et conseillers ont été mis en résidence surveillée et/ou poursuivis en justice pour des motifs fallacieux, a choisi le chemin de l'exil et s'est éloigné de toute activité politique, laissant ainsi mourir son parti « Tahya Tounes ». Il est actuellement aux Etats-Unis où il enseigne à la très prestigieuse université de Harvard.
Idem pour l'ancien chef du gouvernement Mehdi Jomâa qui a retenu la leçon de son échec cuisant à la présidentielle de 2019. Il a tué son parti « Al Bedil » et a retrouvé son monde des affaires, à Paris, bien avant le putsch du 25 juillet 2021.
Pareil pour l'ancien chef du gouvernement Elyes Fakhfakh qui, bien qu'il soit resté à Tunis, a préféré s'éloigner de la vie politique. On lui a collé des procès et accablé de plusieurs accusations fallacieuses. Il s'en est bien sorti avec une série de non-lieu, mais il a quand même préféré rester à l'écart estimant que le moment n'est pas encore propice pour construire quoi que ce soit.
Outre MM. Jomâa et Chahed, autres personnalités politiques qui auraient pu être au premier plan, mais qui avaient choisi l'exil, Mondher Zenaïdi, ancien grand ministre sous Ben Ali ; Mohsen Marzouk qui a tué son parti « El Machroû » ; Moncef Marzouki, ancien président de la République et un habitué de la fuite quand les problèmes deviennent aigus ou encore Nabil Karoui, président de Qalb Tounes qui subit des procès accablants depuis 2019.

Entre l'exil des uns et l'emprisonnement des autres, les alternatives se sont réduites comme peau de chagrin.
Fortement discrédités à cause de leur mauvaise gestion, leurs fraudes, leurs tricheries et leurs mensonges durant la décennie 2010, les islamistes d'Ennahdha ont choisi de se replier. Tactiquement, car concrètement ils se sont placés derrière le Front de Salut qu'ils ont créé de toutes pièces et ont placé Ahmed Néjib Chebbi, Chaïma Issa et Jawhar Ben Mbarek en vitrine.
Quelques-uns ont essayé, tant bien que mal de résister. Issam Chebbi, Ghazi Chaouachi, Lazhar Akremi, Néji Jalloul, Kamel Akrout, Fadhel Abdelkefi et autres ont tenté d'empêcher la machine despotique de tourner en rond en s'activant politiquement. Si certains manquent de crédit, d'autres ont présenté de vrais projets viables, tel M. Abdelkefi.
Pour les faire taire, Kaïs Saïed a joué la carte judiciaire et ce après avoir mis au pas tout le système judiciaire en limogeant 57 magistrats et en dissolvant le conseil supérieur de la magistrature.
Fadhel Abdelkefi s'est retrouvé du coup accusé de complot contre l'Etat dès novembre 2022 dans une affaire montée de toutes pièces. Avec lui, plusieurs personnalités politiques qui auraient pu composer un véritable gouvernement, comme Hakim Ben Hamouda, ancien ministre des Finances ou Mustapha Kamel Nabli, ancien gouverneur de la Banque centrale.
MM. I. Chebbi, Chaouachi, Akremi, Ben Mbarek et Melle Issa se sont retrouvés en prison pour le même chef d'accusation dans une autre affaire, elle aussi montée de toutes pièces, dès février 2023.
Ils ne sont pas les seuls à se retrouver derrière les barreaux. Le régime ne s'est pas suffi des acteurs politiques de premier plan, il a également ciblé les lobbyistes notoires comme Kamel Letaïef et Khayam Turki, qui ont de bons liens avec les puissances étrangères et qui se sont retrouvés en prison, sans qu'il n'y ait une seule preuve d'acte répréhensible par la loi dont ils peuvent être accablés. Aussi, Noureddine Boutar, directeur de la plus grande station radio du pays, en prison à cause de la ligne éditoriale de sa radio, et formellement accusé de complot contre l'Etat et d'enrichissement illicite.

En dépit de la vague d'arrestations de février, et de la polémique suscitée, en Tunisie et à l'étranger, le régime de Kaïs Saïed ne semble pas vouloir s'arrêter aux acteurs de premier plan et aux lobbyistes supposés efficaces. Il vise désormais les personnalités qui ont du crédit auprès de la population et plusieurs noms circulent comme étant impliquées dans cet hypothétique complot. Parmi elles, citons les grands militants Bochra Belhaj Hmida et Kamel Jendoubi. L'objectif de tout cela ? Le vide, le vide et encore le vide.
Qu'est-ce qui reste ? Des acteurs de second plan qui ne pèsent pas vraiment sur l'échiquier politique, si l'on suit les sondages et le peu de place que leur offrent les médias mainstream.
Il y a ainsi Abir Moussi dont le grand et unique mérite est de savoir faire du bruit. Elle ne saurait constituer d'alternative politique tant elle est clivante et tant elle se crée, régulièrement, des ennemis de toutes pièces. Aux sondages, elle ne pèserait que 6%, juste derrière Safi Saïed, un nationaliste arabe sulfureux aussi clivant qu'elle.
Sinon, et là on frise la caricature, il y a également le rappeur K2Rhym, Olfa Hamdi et Lotfi Mraïhi dont les éventuelles candidatures ont autant de crédibilité que Coluche en France en 1981.

Avec une popularité au zénith, Kaïs Saïed joue sur du velours. L'opposition est soit discréditée, soit emprisonnée, soit acculée à l'exil. À chacune de ses sorties ou presque, il l'accable de tous les maux, l'accuse de traitrise, de mensonges et même d'avoir du sang sur les mains.
Il a su créer le vide autour de lui pour être l'unique option à se faire valoir devant l'opinion publique, nationale et internationale, et les chancelleries.
Jeudi 6 avril, il a annoncé qu'il y aura bel et bien une élection présidentielle en 2024. Une élection de laquelle il a déjà écarté tous les candidats capables de lui faire de l'ombre. Si par miracle, un candidat réussit quand même l'exploit de gagner, Kaïs Saïed a déjà la réponse : il ne remettra jamais le pouvoir à quelqu'un qui n'est pas patriote.


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