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Ahmed Hachani crée un office qui existe déjà
Publié dans Business News le 05 - 04 - 2024

Un projet de décret de création de l'Office du développement du sud et du Sahara a été approuvé jeudi 4 avril 2024 en conseil des ministres. Au vu des prérogatives et de la nature de ce nouvel organisme, telles que décrites par le décret, il s'avère que l'office en question existe déjà depuis 1984 et fait exactement les mêmes choses.

Les communiqués de la présidence du gouvernement, sous Ahmed Hachani, ont quelque chose de nouveau et de différent de tous ceux qui l'ont précédé à ce poste. Quasi-systématiquement, ils incluent le nom du président de la République, comme pour dire que rien ne se fait sans son impulsion et ses directives. Un peu comme chez les islamistes et les croyants zélés qui incluent « au nom de dieu » à toutes les sauces. Ainsi, dans le communiqué du jeudi 4 avril, dès la toute première phrase, la présidence du gouvernement précise que le conseil ministériel du jour se déroule sous la présidence de Ahmed Hachani à la place du président Kaïs Saïed. Littéralement, les mots et l'ordre sont soigneusement choisis : « à la place du président de la République Monsieur Kaïs Saïed, le chef du gouvernement Monsieur Ahmed Hachani a pris la tutelle de la réunion du conseil des ministres… ». C'est lourd ? Ce n'est pas grave. On ne met jamais ''Monsieur'' après ''président'' et on écrit directement le ''président untel'' ? Peu importe. C'est ridicule, éculé et anachronique ? Aucun problème. Il n'est pas exclu que d'ici quelques mois, Ahmed Hachani va faire précéder le nom de Kaïs Saïed par son altesse sérénissime, son altesse présidentielle ou son excellence dans l'ensemble de ses déclarations et communiqués.

Si la forme des communiqués de la Kasbah laisse à désirer, il en est pire avec le fond. Ainsi, pour celui du 4 avril, on lit dans le tout premier projet de décret, la création d'un Office du sud et du Sahara ainsi que de son organisation administrative et financière et sa gestion. On précise, dès la première phrase, que la création de cet office vient en « application des directives du président de la République, Monsieur Kaïs Saïed… » dans l'objectif d'ajouter plus d'efficacité aux politiques de développement régional (…). L'office sera créé sous la forme d'entreprise publique à caractère non administratif afin de bénéficier de souplesse administrative et financière. Il sera sous la tutelle du ministère de l'Economie et du Plan et siègera à Tozeur.
Parmi ses principales missions, on lit le développement des oasis et des cultures biologiques ; le développement des énergies renouvelables et alternatives ; le développement des industries basées sur les produits locaux (notamment le verre) ; le tourisme alternatif, notamment le tourisme saharien ; et le développement des zones commerciales dans les régions frontalières.
En outre, le nouvel office participera à la création de clusters entre les gouvernorats ce qui favorisera la création de pôles de développement concurrentiels entre les régions intérieures et limitera ainsi les disparités entre ces régions et l'émigration. L'office favorisera également, toujours selon le communiqué de la Kasbah, la création d'emploi et rendra le Sahara attractif pour l'investissement et la stabilité.

Sur papier, ainsi présenté, le projet de décret est à applaudir et saluer. Mais quand on vérifie de près, et quand on connait l'Etat et ses différentes structures, le projet de décret est un non-sens, ni plus, ni moins.
Les raisons ? Il existe en Tunisie, et ce depuis 1984, un office similaire à celui présenté ce jeudi 4 avril 2024. Il a quasiment les mêmes prérogatives et les mêmes objectifs. Même le nom est ressemblant.
Ainsi, par les articles 71 et 72 de la loi de finances 1984, a été créé l'Office du Développement du Sud (ODS) puis restructuré par la Loi N°83 du 18 juillet 1994. Cet office a même un site internet régulièrement mis à jour et il s'agit d'un établissement public à caractère industriel et commercial, doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière. Il est placé sous-tutelle du ministère de l'Economie et du Plan (anciennement appelé ministère du Développement, de l'Investissement et de la Coopération Internationale) et son siège est à Médenine.
Quant aux attributions de cet office, il est mandaté pour proposer toutes mesures pouvant être entreprises en vue d'aider à la définition des politiques en matière de développement en général et choisir des programmes d'investissement public, d'impulsion de l'investissement privé dans les zones de son intervention ; assister les autorités régionales dans la conception, élaboration et exécution des plans et programmes de développement dans chaque gouvernorat ; veiller à réaliser l'harmonisation des plans et des programmes de développement dans les zones d'intervention de l'Office ; élaborer, en collaboration avec les structures nationales et régionales spécialisées, des plans et des programmes d'actions complémentaires dans le but de promouvoir et de développer les zones ayant des problématiques spécifiques ou connaissant des difficultés de développement ; participer à l'élaboration des plans et des programmes d'actions visant à promouvoir et à dynamiser l'investissement privé dans les zones concernées ainsi qu'au suivi des étapes de leur exécution et ce, en étroite collaboration avec les structures techniques, les services régionaux spécialisés et les collectivités publiques locales ; et soutenir l'action des structures régionales spécialisées et des collectivités publiques locales en matière de promotion de l'investissement privé dans les zones d'intervention.
Parenthèse en passant, il est bon de rappeler qu'outre l'ODS, il y a aussi l'Office de Développement de Rjim Maâtoug créé par le décret n° 145-88 du 21 décembre 1988. Il s'agit d'un établissement public à caractère non administratif placé sous la tutelle du ministère de la Défense nationale dont les missions sont encore plus pointues que l'ODS et couvrent la même région désertique.

C'est évident, à la lecture des prérogatives de l'ODS, on constate qu'elles ressemblent comme des jumelles à celles de l'office qu'entend créer Ahmed Hachani. Les deux structures font partie des organismes placés sous la tutelle du ministère de l'Economie et du Plan. D'ailleurs, c'est leur ministre Fériel Ouerghi Sebaï, qui a présenté le projet de décret en conseil des ministres. Madame la ministre, nouvellement nommée du reste, ne connait-elle donc pas les organismes sous sa hiérarchie ?
Difficile à croire que Mme Ouerghi Sebaï ignore l'existence de l'ODS. Son ministère regorge de hauts fonctionnaires, parmi les meilleures compétences de l'Etat. Difficile à croire, également, que la nouvelle ministre (elle a été nommée le 24 janvier dernier) n'ait pas attiré l'attention d'Ahmed Hachani sur le doublon entre l'ODS et le nouvel office.
Ce qui est, en revanche, plus facile à croire c'est que le président de la République ignore l'existence de l'ODS et ses prérogatives. Il lui est arrivé, par le passé, de confondre les prérogatives d'un organisme de l'Etat, comme lorsqu'il a convoqué Salah Sayel, président du CMF, gendarme de la bourse tunisienne, pour lui parler des agences de notation internationales et des critères d'attribution des notations aux pays. M. Sayel n'a rien à voir avec le sujet et ces agences et pourtant c'est lui que le président de la République a convoqué.
En pondant ce projet de décret, Ahmed Hachani cherche à satisfaire coûte que coûte le président de la République. Ce dernier a effectué une visite à Douz le 16 mars dernier et c'est là que lui est venue l'idée de créer l'office en question. Kaïs Saïed a évoqué le sujet avec Ahmed Hachani au moins à deux reprises et ce les 22 et 29 mars.
Pour montrer qu'il est efficace et qu'il répond au quart de tour, le chef du gouvernement a donc fait préparer le projet de création de ce nouvel office.
Pourquoi n'a-t-il pas informé le président de la République que l'office en question existe depuis quarante ans ?
Peut-être bien qu'il l'a fait, auquel cas c'est le président de la République qui cherche à leurrer la population locale en lui donnant l'impression qu'il est à leur écoute et crée des projets pour eux. Mais si le chef du gouvernement n'a pas informé le président de la République de l'existence de l'ODS, c'est qu'il cherche (naïvement ou malicieusement) à le tromper.

En tout état de cause, le projet de création d'un office du sud et du Sahara, tel que décrit dans le décret présenté le 4 avril 2024, vient piétiner les platebandes de l'ODS. Pour éviter les doublons, il faudrait soit abandonner le nouveau projet, soit dissoudre l'ODS.
Naturellement, Ahmed Hachani ne fera ni l'un ni l'autre, il ne prendra aucun risque de mécontenter son « président monsieur Kaïs Saïed, que Dieu le bénisse et le protège ». Il prend soin de la forme de ses communiqués et s'attelle à répondre, au plus vite, au moindre de ses desiderata, puisqu'il n'y a pas son pareil, selon ses propres termes.


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