Les trois dernières années ont été compliquées pour le groupe Artes avec ses marques Renault, Dacia, Nissan et Lada à cause d'une pénurie de composants et un manque de disponibilité de véhicules. Malgré cela, la société a prouvé sa résilience, en 2023 elle a augmenté son chiffre d'affaires et son résultat malgré la baisse de ses ventes de véhicules neufs. 2024 s'annonce meilleure avec un retour aux performances d'avant la pandémie, a assuré le management. C'est ce qui ressort de l'Assemblée générale ordinaire (AGO) pour l'exercice 2023, tenue vendredi 28 juin 2024 à l'hôtel Mouradi Gammarth, sous l'égide du président du Conseil d'administration Mustapha Ben Hatira et du DG de la société, Lassaad Ben Ammar.
« 2023 a été une année compliquée pour la société notamment en ce qui concerne l'approvisionnement en véhicules, à cause des répercussions de la crise du Covid-19 et de la guerre en Ukraine. Cela dit, les indicateurs de 2024 démontrent que l'approvisionnement reprendra son rythme normal et on espère achever 2024 à un niveau des ventes proche de l'avant pandémie », a indiqué M. Hatira. M. Ben Ammar a appuyé ses dires en expliquant : « Artes a vécu trois années extrêmement difficiles, liées à une conjoncture internationale notamment la crise Covid-19 et la guerre en Ukraine qui ont fortement impacté le groupe Renault. Cela s'est traduit pour la société par de nombreuses coupures au niveau de la disponibilité de véhicules. Nous, nous avons pu démontrer la capacité d'Artes de résister même lors des périodes de crise, une crise qui a perduré pendant trois années. Malgré cela, l'année 2023 s'est soldée quand même par un accroissement des résultats par rapport à 2022. Nous avons été extrêmement touchés par la pénurie, avec des périodes de coupures et des stocks proches de zéro pendant des périodes, et cela aussi pour les pièces de rechange. Une situation qui a profité à la concurrence qui a pu mieux se positionner sur le marché. Mais, on a constaté un regain d'activité au dernier trimestre 2023, puisqu'il y a une sortie de crise pour Renault avec les deux marques Renault et Dacia et qui se traduit pour 2024 par une année nettement positive et les résultats jusqu'à fin juin 2024 traduiront cela. Nous anticipons que 2024 sera une année très proche de ce que nous avons pu connaître dans les années antérieures à la crise ».
Concrètement, le groupe a vendu en 2023, 3.026 véhicules, en baisse de 13,91%, accaparant 5,41% de part de marché. Artes a immatriculé 2.788 véhicules sous les marques Renault et Dacia. Adev, concessionnaire de la marque Nissan, a immatriculé 238 véhicules. Wallys Services, concessionnaire de la marque Lada, a immatriculé zéro véhicule. Côté performances, le concessionnaire a enregistré un résultat net de 27,13 millions de dinars fin 2023 contre 22,86 millions de dinars (MD) fin 2022 (+18,67%), avec un impôt de 8,93 MD (-10,72%) et une contribution sociale solidaire de 1,02 million de dinars (-10,72%). Le chiffre d'affaires de la société a augmenté de 7,09%, évoluant de 133,16 MD en 2022 à 142,60 MD en 2023. L'activité vente de véhicules neufs a rapporté 154,85 MD alors que l'activité vente de pièces de rechange y compris huile a rapporté 22,87 MD et la vente des travaux d'atelier a ramené 2,17 MD. Les produits de placement ont rapporté, quant à eux, 18,85 MD contre 11,87 MD une année auparavant. Pour sa part, le résultat net consolidé s'est situé à 27,45 MD en 2023 contre 29,80 MD en 2022 (-7,87%). Le chiffre d'affaires consolidé est passé de 175,33 MD à 178,71 MD entre 2022 et 2023, en hausse de 1,92%. Le groupe Artes est composé de sept sociétés : Artes (la société mère), Artegros, Adev, Vedev, Wallys Services, Sidev et Artimo. Les filiales Artegros, Adev et Wallys Services ont participé par un résultat net, respectivement, de 6,93 MD, 2,95 MD et 0,35 MD.
Globalement, les actionnaires étaient satisfaits des performances de la société, mais mécontents à cause du dividende distribué, étant inférieur à celui de l'année précédente malgré une hausse du résultat net. D'autres ont estimé que le dividende en baisse par rapport à 2022 proposé par le conseil d'administration a impacté négativement le cours de l'action. À cela, le membre du Conseil d'administration Abdel Hamid Ghdami a souligné que le dividende distribué pour l'exercice 2022 était un super dividende. En effet, la société avait pris l'habitude de distribuer 80% de ses bénéfices mais l'année dernière, en plus de ce montant, elle a proposé aux actionnaires soit de leur donner des actions gratuites, soit de leur distribuer une partie des réserves en numéraire. Et ils ont choisi la seconde option. Et d'expliquer que la société a des engagements et qu'elle doit être prête à faire face aux imprévus, donc elle ne pourra pas puiser dans les réserves ou distribuer l'ensemble du bénéfice réalisé. Pour sa part, Mustapha Ben Hatira a rappelé que le Conseil d'administration est responsable du passé mais aussi de l'avenir de la société. « L'avenir de la société dans les conditions actuelles réclame une liquidité plus importante qu'avant, à cause d'une concurrence plus rude. La société a ainsi besoin d'un fonds de roulement plus important. Et nous, notre devoir, notre responsabilité et notre objectif est de préserver les équilibres financiers de la société, pour qu'elle puisse jouer son rôle et distribuer un dividende. Nous ne voulons pas porter atteinte aux petits porteurs, au contraire le rendement moyen de la société est parmi les meilleurs des entreprises existantes. L'année dernière nous avons distribué un super dividende, issu en partie des réserves, prouvant que lorsque la société a les moyens de distribuer un super dividende, elle n'hésite pas », a-t-il affirmé.
Interrogé sur la saisie temporaire de 112 véhicules par les services de la douane, relatée dans le rapport des commissaires aux comptes comme événement survenu après la date de clôture des états financiers, mais avant leur approbation pour publication, le président du Conseil d'administration a précisé qu'il s'agit de véhicules en provenance du Maroc et que la douane a trouvé de la drogue dans douze d'entre eux. Le groupe Artes a été blanchi par la justice et le réseau a été démantelé, six personnes ont été arrêtées alors que trois autres sont en fuite. Des dispositions ont été prises pour que dorénavant les véhicules soient scannés à Tanger (Maroc) avant leur affrètement vers la Tunisie. Et actuellement, la société est en train de négocier la valeur de la caution pour récupérer ses véhicules, a noté le DG, en précisant que la caution concerne les 112 véhicules. S'agissant de la voiture populaire et en réponse à une question de Business News, Lassaad Ben Ammar a affirmé : « C'est vrai que nous avons été pénalisés par l'absence de voiture populaire, sachant que ce type de véhicule couvre plusieurs aspects : elle permet une meilleure pénétration et une meilleure part de marché ; elle permet la distribution de volume de vente ; et permet d'accroître le parc. En 2024, malgré la limite de prix de 35.000 dinars (une nouvelle difficulté à surmonter), la société a pu avoir un véhicule qui est actuellement en homologation, la Renault Kwid. La voiture sera commercialisée à partir d'août/septembre 2024 ». Et d'indiquer en réponse à une interrogation d'un actionnaire que le délai d'attente pour une voiture populaire chez Artes est de cinq ou six ans.
Notons qu'en réponse aux revendications des actionnaires, le dividende a été augmenté de 0,4 dinar à 0,5 dinar par action pour une mise en paiement à partir du 15 juillet 2024. Le management ayant expliqué qu'il ne pourra pas faire plus, vu leur besoin en liquidité notamment à cause de la caution des 112 véhicules saisis et qui n'est pas encore réglée.
S'agissant des perspectives, on apprend, dans le rapport, que « dans le cadre de la diversification de son offre globale et en anticipation des mutations énergétiques du marché, le groupe enrichira à partir de 2024 son offre globale en introduisant des véhicules électriques Nissan et des véhicules hybrides Renault, démontrant ainsi la capacité du groupe à s'adapter aux évolutions du marché ». Aussi et toujours selon ce même document, la société ambitionne de réaliser un taux de croissance à deux chiffres de ses principaux indicateurs financiers (chiffre d'affaires, résultats d'exploitation, résultat financier et résultat net) et de maîtriser les charges d'exploitation de la société.
2023 a été une année compliquée pour Artes. 2024 s'annonce meilleure pour la société, notamment en termes d'approvisionnement en véhicules, ce qui lui permettra de renouer avec les performances d'avant la pandémie.
