Le professeur universitaire en économie Ridha Chkoundali est revenu sur le rapport d'exécution du budget de l'Etat à fin mars 2025, publié récemment par le ministère des Finances. Dans une publication Facebook datée du lundi 16 juin 2025, il a affirmé que l'excédent de 2.078,5 millions de dinars ne devait pas être interprété comme le fruit d'une bonne gouvernance des finances publiques. Il a rappelé que des excédents avaient déjà été enregistrés dans les rapports relatifs aux premiers trimestres des années précédentes. Selon lui, à fin mars 2024, un excédent de 1.192,4 millions de dinars avait été constaté. Pourtant, l'année s'était achevée avec un déficit de 10.078,4 millions de dinars. Le professeur estime que l'année 2025 se terminera, elle aussi, avec un déficit budgétaire. « L'excédent budgétaire de 2.078,5 millions de dinars au cours des trois premiers mois de cette année signifie que nous avons perçu des ressources financières, mais que nous avons échoué à les utiliser efficacement. Elles n'ont pas été orientées de manière à permettre au budget de jouer son rôle dans la réalisation des objectifs économiques : croissance, création d'emplois et maîtrise de l'inflation », a-t-il écrit. Concernant les prévisions de la Loi de finances 2025, Ridha Chkoundali a précisé que l'Etat a réussi à mobiliser : * 11,2 milliards de dinars sur les 45,2 milliards de dinars de recettes fiscales prévues (soit 24,7 %) ; * 1,2 milliard de dinars sur les 4,8 milliards de recettes non fiscales (soit 28,7 %) ; * 6,3 milliards de dinars sur les 21,9 milliards attendus sous forme de prêts intérieurs (soit 28,7 %) ; * Deux milliards de dinars sur les 6,1 milliards projetés en prêts extérieurs (soit 32,3 %).
S'agissant des dépenses, le professeur a déploré des performances faibles. Selon lui, l'Etat n'a déboursé que 1,5 milliard de dinars sur les 11,6 milliards prévus pour les compensations, et 0,5 milliard sur les 5,4 milliards alloués aux investissements. « Ce qui est alarmant, c'est que les exportations n'ont pas évolué durant cinq mois : 26,8 milliards de dinars, soit le même niveau que l'année dernière. C'est un signal extrêmement négatif auquel il faut prêter attention. Le taux de couverture des importations par les exportations a reculé de 4,5 points, passant de 80,7 % à 76,2 %. Les exportations agricoles et alimentaires ont chuté de 18,5 %, principalement à cause de la baisse des exportations d'huile d'olive. Cependant, malgré cette pente inquiétante, des signes positifs existent : les exportations de phosphates ont progressé de 12,9 %, celles du textile de 2 %, et celles des industries mécaniques et électriques de 6,4 %. L'évolution la plus encourageante concerne les exportations de biens d'équipement, en hausse de 22,2 %, et celles des matières premières et semi-finies, qui ont augmenté de 8,4 %. Cela indique que les investisseurs en Tunisie sont actifs et manifestent une intention d'investir. Autre donnée positive : la baisse du déficit budgétaire, passé de cinq à 4,3 milliards de dinars sur les cinq premiers mois de l'année, comparé à la même période de 2024. Toutefois, cet indicateur n'est pas le résultat d'efforts étatiques en faveur des énergies renouvelables. Il s'explique plutôt par la baisse des prix mondiaux du pétrole », a-t-il ajouté.
Ridha Chkoundali conclut en soulignant que si l'Etat a su mobiliser des ressources, il a en revanche failli dans leur utilisation. « L'Etat est appelé à dépenser, pas à épargner », a-t-il martelé.