Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a organisé, lundi, une table ronde consacrée à la désinformation dans l'espace médiatique et au rôle des journalistes dans l'assainissement du numérique. L'événement a réuni des enseignants de l'Institut de presse et des sciences de l'information (IPSI) et des professionnels du secteur. Dans son intervention, Zied Dabbar, président du SNJT, a qualifié la politique tunisienne de régulation de l'espace virtuel de « répressive », citant notamment le décret-loi 54 sur la cybercriminalité et la loi antiterroriste. Il a rappelé que le métier de journaliste repose avant tout sur « un sens aigu des responsabilités », soulignant que « le public a droit à une information exacte, non trompeuse, dans un environnement numérique saturé de contenus mensongers ». Le syndicat a également réaffirmé son ouverture aux universitaires et acteurs du secteur, afin de mener une réflexion collective et scientifique sur un paysage médiatique plus éthique, en phase avec les aspirations du citoyen tunisien. La professeure Hamida El Bour (IPSI) a, pour sa part, pointé la notion floue du statut de journaliste, à l'heure où les frontières entre information professionnelle et contenu numérique personnel s'estompent. Dans une étude en cours intitulée « Journalistes tunisiens et pratiques numériques : quelles valeurs éthiques ? », elle révèle que de nombreux contenus produits par des journalistes ne respectent pas les règles déontologiques de la profession. Selon elle, l'activité d'un journaliste sur les réseaux sociaux fait partie intégrante de son identité professionnelle : « Il doit toujours se conformer aux chartes éthiques, sans nuire à l'image de son média. » De son côté, Thamer Mekki, fondateur du site Rachma, a souligné que l'essor de la figure du « créateur de contenu » est une conséquence directe des mutations technologiques. « Aujourd'hui, tout le monde peut publier, souvent de manière anarchique, sans garde-fous déontologiques », a-t-il observé, ajoutant que cette nouvelle catégorie d'influenceurs se concentre davantage sur le marketing que sur l'expression citoyenne.