Dans une lettre rendue publique ce lundi 16 juin 2025, la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, actuellement incarcérée à la prison de La Mornaguia, tire la sonnette d'alarme sur ce qu'elle qualifie de « dérive grave de l'Etat de droit » en Tunisie. Elle accuse les autorités de faire preuve d'un « acharnement politique, juridique et humain » à son encontre, à travers une série de violations procédurales et de restrictions arbitraires. Abir Moussi revient d'abord sur le jugement pénal prononcé à son encontre le jeudi 12 juin 2025, la condamnant à deux ans de prison. Elle affirme qu'il s'agit d'un verdict « prononcé en dehors de toute norme légale » : en l'absence de ses avocats, sans plaidoirie ni lecture publique de la décision. Selon elle, cette condamnation constitue une sanction directe de son engagement politique et de ses prises de position sur les élections législatives.
Dans sa lettre, l'opposante déclare avoir passé 24 heures, du vendredi 13 au samedi 14 juin, sans nourriture, sans soins médicaux et sans possibilité de dormir, « assise sur une chaise dans le couloir de la cellule », en attendant qu'un responsable accepte de recevoir ses plaintes concernant sa situation juridique. Elle affirme que l'administration pénitentiaire lui a refusé l'accès aux services administratifs, l'empêchant ainsi de contester le mode de calcul de sa peine et de déposer une demande d'appel, bien qu'elle soit, selon elle, en situation de « liberté obligatoire » au regard du Code pénal. Sa santé se serait ensuite dégradée, nécessitant une consultation médicale le samedi 14 juin. Autre élément dénoncé : le blocage de la communication avec ses avocats. Abir Moussi indique que ses avocats n'ont pas été autorisés à la rencontrer le vendredi 13 juin et que leurs correspondances officielles sont systématiquement rejetées. Elle rapporte également qu'un nouvel obstacle a été mis en place ce lundi 16 juin : la réduction, sans justification, du temps de visite accordé à ses avocats, ce qui « compromet sa défense », selon elle.
Pour Abir Moussi, ces agissements ne sont pas isolés mais relèvent d'une logique de répression systématique. Elle accuse les autorités d'avoir « profité de l'attention internationale focalisée sur le Moyen-Orient » pour mener en Tunisie « la plus grave opération de répression politique, juridique et humaine ». « Je suis devenue officiellement la prisonnière d'un système basé sur la force, l'arbitraire et l'asservissement », écrit-elle. Une situation qu'elle estime dangereuse non seulement pour sa propre personne, mais aussi pour l'Etat tunisien et la citoyenneté dans son ensemble. Dans sa conclusion, Abir Moussi s'adresse directement aux Tunisiens, les exhortant à « assumer leurs responsabilités face à la situation du pays ». Elle dénonce un système sans contrôle ni reddition de comptes, où l'acharnement judiciaire devient un outil de domination politique.