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Lotfi Mraihi, un autre présidentiable en prison
Publié dans Business News le 04 - 07 - 2024

Il était en pleins préparatifs pour la présidentielle et il se voyait déjà à Carthage en octobre prochain. Le régime de Kaïs Saïed a été cependant plus rapide que lui et l'a fait exploser en plein vol. Lotfi Mraihi dort en prison depuis hier et doit définitivement abandonner ses illusions de devenir un jour président de la République.

Pour la présidentielle 2024, Lotfi Mraihi voulait faire les choses en grand. Il a retenu les leçons du passé, il a observé de loin les campagnes présidentielles des autres pays et s'en est inspiré pour appliquer, à son profit, les recettes gagnantes du XXIe siècle.
Arrivé septième avec 221 mille voix à la présidentielle de 2019, Lotfi Mraihi est fortement convaincu qu'il allait être premier à celle de 2024.
Régulièrement, il poste des vidéos de ses monologues sur les réseaux sociaux, notamment Facebook (315 mille abonnés) et TikTok (44 mille abonnés), dans lesquelles il donne son avis sur tout et sur rien. Début juin 2024, il publie son manifeste de campagne de 150 pages, en français et en arabe, « Réussir Ensemble » et l'envoie à toutes les rédactions. Un site internet pour la campagne est mis en ligne dans la foulée, en plus d'une assez forte présence dans les médias.
Fort de son égo surdimensionné, M. Mraihi veut se distinguer, par le seul verbe, des autres candidats qui, à ses yeux, ne devraient pas lui arriver à la cheville. Par le seul verbe, il veut convaincre qu'il sait tout sur tout, qu'il a un programme complet et qu'il maitrise tous les sujets sur le bout des doigts. Avec lui, la Tunisie devrait être sauvée des griffes du président Kaïs Saïed qui a explosé la démocratie, les libertés et la justice.

Forcément, inévitablement, de telles ambitions inquiètent l'actuel locataire de Carthage et probable candidat à sa succession.
Comme avec d'autres candidats à la présidentielle, la machine judiciaire du régime s'est lancée contre Lotfi Mraihi pour lui chercher des noises.
Pour une déclaration médiatique dans laquelle il a affirmé que la cote de popularité de Kaïs Saïed a régressé, il a été condamné en janvier dernier à six mois de prison avec sursis, accusé de diffusion de fausses informations. En mars, il est de nouveau convoqué par la 5e brigade de la garde nationale spécialisée dans les crimes de télécommunication.
Pas du tout intimidé, il met à profit cette condamnation et l'utilise dans sa campagne pour démontrer, si besoin est, que le régime autoritaire est en train d'utiliser l'arme judiciaire pour éliminer ses adversaires. Parce qu'il dérange, il est, comme beaucoup d'autres, victime politique de la liberté d'expression et subit un acharnement du pouvoir.
« Encore une fois, je me retrouve poursuivi… Il ne peut s'agir que d'une affaire liée à la liberté d'expression… Il est clair, aujourd'hui qu'il s'agit d'une décision politique émanant de Kaïs Saïed… », a-t-il dit.
La réponse est des plus crédibles et devait suffire pour convaincre et lui faciliter la campagne, mais ce serait sans compter la détermination du régime de Kaïs Saïed.
Les enquêtes au peigne fin menées sur ses avoirs et ses déclarations fiscales n'ont abouti, a priori, à rien. Il fallait trouver autre chose.
Une enquête est ouverte sur la présidentielle de 2019, ses comptes et ses parrainages. Le rapport de la cour des comptes sur la campagne épingle, à plusieurs reprises, le candidat Lotfi Mraihi, mais il n'y aurait rien de grave qui justifierait son exclusion de la campagne 2024 ou une condamnation pénale. Il fallait encore trouver autre chose et, c'est dans les opérations de parrainage que le régime est allé fouiller.

La semaine dernière, une brigade spécialisée a interrogé à ce propos Basma Haddad secrétaire générale du parti de Lotfi Mraïhi et membre du bureau politique.
Durant l'interrogatoire, par naïveté ou piégée, la dame révèle qu'elle s'occupe entre autres des comptes à l'étranger du président du parti. Pour le régime, c'est le jackpot. La loi tunisienne interdit formellement la possession de comptes bancaires à l'étranger sans autorisation préalable de la Banque centrale de Tunisie et Lotfi Mraihi n'en possède pas.
Immédiatement, les enquêteurs suspendent l'investigation sur faux parrainages de la campagne 2019 et portent tout leur intérêt à l'histoire des comptes à l'étranger. La qualification du crime est toute trouvée par le parquet, consulté dans la foulée, à savoir suspicion de blanchiment d'argent, déplacement de biens et ouverture de comptes à l'étranger sans autorisation.
Alerté, on ne sait comment, Lotfi Mraihi prend la poudre d'escampette. Les pages des réseaux sociaux réputées proches du régime révèlent l'affaire dès samedi dernier et affirment, avec force, que M. Mraihi est recherché par les autorités. Vu qu'aucune source officielle ne s'est prononcée sur le sujet, et vu que l'intéressé est injoignable, les médias ont observé un silence prudent surveillant l'affaire de loin.
Lundi, les autorités médiatisent l'affaire et affirment que le candidat est officiellement recherché dans une affaire de blanchiment d'argent. Les pages des réseaux sociaux proches du régime diffusent, dans la foulée, le très confidentiel avis de recherche avec la charte graphique du ministère de l'Intérieur.
La chasse à l'homme est lancée et elle prend fin, mercredi tard le soir, avec l'arrestation de M. Mraihi. Il aurait été trouvé dans une résidence à Nabeul, d'après les rumeurs circulant sur les réseaux.

Il serait innocent et victime d'une autre cabale politico-judiciaire, Lotfi Mraihi aurait réagi dès l'arrestation de Basma Haddad en diffusant des vidéos et en se précipitant dans les médias. La recette classique d'un candidat à la présidentielle qui n'a rien à se reprocher, aurait été de se livrer aux autorités, accompagné de caméras, afin de dénoncer publiquement l'acharnement du régime. Il aurait pris à témoin l'opinion publique.
Il n'aurait pas éteint son portable, il ne se serait pas enfui pour se cacher. Se soustraire à la justice sonne fortement comme un aveu de culpabilité.
Adepte des belles paroles, grand donneur de leçons et théoricien prolixe, Lotfi Mraihi a été attrapé la main dans le sac. Peu importe qu'il soit présidentiable ou pas, il n'est pas au-dessus de la loi. Il savait que le régime lui cherchait la petite bête et il s'est offert à lui sur un plateau. Il a fourni, lui-même, le bâton pour se faire battre.
Au XXIe siècle, c'est une règle, un présidentiable doit être au-dessus de tout soupçon et irréprochable. Lotfi Mraihi ne l'a pas été.
En dépit de toutes les mauvaises intentions qu'on pourrait lui prêter, le régime de Kaïs Saïed ne pouvait pas laisser passer une si belle occasion de faire exploser en plein vol un candidat. Il n'a fait qu'appliquer la loi.
« Deux choses sont infinies : l'univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l'univers, je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue », disait Albert Einstein.


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