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Mourad Zeghidi et Borhen Bssaïs, efficaces, même de l'intérieur de la prison
Publié dans Business News le 19 - 08 - 2024

Cela fait cent jours aujourd'hui que nos confrères Mourad Zeghidi et Borhen Bssaïs sont en prison, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Ils ont été condamnés à huit mois de prison pour avoir propagé des intox, mais personne n'est capable, à ce jour, de montrer quelle intox ont-ils vraiment propagé. Les deux journalistes font partie des meilleurs, ils sont modérés, dotés d'un extraordinaire sens de la mesure et très rationnels. Ils ne font pas dans le buzz, ils cherchent d'abord et avant tout la qualité, l'information, la bonne analyse, l'utilité, l'efficacité. Leur absence dans cette période électorale se ressent. Elle se ressent vraiment, tant ils nous ont habitué, dans les dernières élections, à se rendre utiles pour nous offrir les bonnes informations et les clés nécessaires pour une analyse pertinente de la situation.
Paradoxalement, extraordinairement, en dépit de leur captivité, nos chers confrères Borhen Bssaïs et Mourad Zeghidi arrivent à comploter. Ils arrivent à être présents dans la campagne électorale, alors qu'ils sont en prison. Ils arrivent à mettre leur empreinte, alors qu'ils sont derrière les barreaux de la Mornaguia. Le pouvoir putschiste les a incarcérés croyant ainsi éviter leur capacité de « nuisance » et leur « mauvaise » influence, mais le fait est qu'il n'a pas réussi son sinistre exercice. Il voulait les mettre en sourdine, mais il s'est avéré que leur silence est assourdissant.

Comme beaucoup d'entre vous, j'ai visionné les vidéos des candidats à la présidentielle Ayachi Zammel et Zouhair Maghzaoui où ils ont présenté un aperçu de leurs programmes.
Chacun dans sa vidéo, les deux candidats ont évoqué les prisonniers politiques et d'opinion. Sans les citer, ils ont parlé de Mourad Zeghidi et Borhen Bssaïs, mais aussi de Sonia Dahmani, Mohamed Boughalleb, Saâdia Mosbah et Sherifa Riahi.
Comme beaucoup de politiciens, dont notre cher président de la République, qui utilisent la cause palestinienne pour leur propagande, nos deux candidats à la présidentielle utilisent la cause des prisonniers politiques et d'opinion dans leurs manifestes électoraux. « Votez pour moi et je libérerai ces dizaines de prisonniers injustement incarcérés », nous disent-ils. Ils vont libérer les prisonniers, comme d'autres vont libérer la Palestine, nous promettent-ils.
Au-delà des manifestes électoraux des candidats à la présidentielle, il ne se passe pas un jour sans que l'on pense à Mourad et Borhen, mais aussi à Mohamed, Sonia, Sherfia et Saâdia. Quand bien même l'un de nous aurait accidentellement oublié de penser à eux, leurs centaines de milliers d'amis nous rappellent l'injustice qui les frappe, quotidiennement, et à chaque heure sur les réseaux sociaux. Le pouvoir voulait les faire taire, mais voilà que des centaines de milliers de personnes, à commencer par les deux candidats à la présidentielle, ont commencé à parler à leur place.
Cette même chronique, que vous lisez en ce moment, aurait été différente et n'aurait pas parlé de Mourad et les autres s'ils n'étaient pas en captivité.

Comme le président de la République, ses sbires et ses aficionados, adorent les théories du complot capillotractées, il y a lieu de s'interroger s'il n'y a pas là un véritable complot. Comment se fait-il que ces prisonniers fassent autant de bruit, alors qu'ils sont derrière les barreaux ? Comment se fait-il que deux candidats à la présidentielle fassent de leur libération une promesse de campagne, alors que la « justice » les a déclarés officiellement menteurs et propagateurs d'intox ? Par quel miracle de l'intelligence humaine, le silence s'est-il transformé en bruit ?

La vérité est qu'il ne s'agit nullement de complot ou d'intelligence. Ceux qui ont lu l'Histoire des nations et des êtres humains savent que la libre pensée ne peut jamais être emprisonnée. Une idée quand elle se partage, elle ne se divise pas, elle se multiplie.
La vérité est que le pouvoir de Kaïs Saïed exerce la politique comme « Mouldi El Banney* » construit des gratte-ciels.
Durant ses cinq ans d'exercice, dont trois de pouvoir absolu, Kaïs Saïed n'a cessé de poursuivre des chimères. Il n'a cessé de brasser de l'air et de prendre ses désirs pour la réalité.
Argent dérobé, faux diplômes, ONG, cité médicale de Kairouan, disparus de Zarzis, Palestine, TGV, stade d'El Menzah, piscine du Belvédère, complot contre l'Etat, tentatives (au pluriel) d'assassinat contre sa personne, conspirations multiples, spéculateurs par milliers, autant d'histoires qu'il nous a racontés durant ces cinq dernières années, sans jamais pouvoir résoudre l'une d'elle. Il n'a même pas été capable de construire un simple petit projet très cher à son cœur, celui de la Maison de la calligraphie dont il a présenté les contours en mars 2023.
Voyant partout de la conspiration, il a jeté des dizaines parmi ses adversaires et ses critiques en prison. Voyant partout de la manigance et de la corruption, il a jeté des dizaines parmi les hommes d'affaires et les investisseurs en prison.

Face à son bilan désastreux, n'ayant rien de concret à faire valoir, Kaïs Saïed a pris l'habitude de dire qu'il a réussi à organiser les élections dans les délais. C'est son seul et unique succès, semble-t-il. Des élections qui, à ses yeux, seraient démocratiques et exprimant la volonté du peuple.
Justement, parlons-en de ses élections. Le timing est parfait, maintenant que l'on est en pleine période électorale.
Il a organisé trois scrutins et les trois se sont soldés par un échec cuisant avec des taux de participation officiels oscillant entre 11% et 30%.
Le présent scrutin, celui de la présidentielle, est tout sauf démocratique. Il est organisé par une instance dont il a nommé les membres. Une instance qui multiplie les recours judiciaires contre tous ceux qui la critiquent. Dans quelle démocratie voit-on cela ?
Des dizaines de milliers de parrainages citoyens ont été jetés à la poubelle et les candidats qui les ont collectés n'ont pas pu concourir pour des raisons administratives futiles. Dans quelle démocratie voit-on cela ?
Les rivaux du président sortant ont été écartés un à un par de vils moyens. Les uns ont été accusés d'avoir trafiqué les parrainages, les autres ont été privés du document de leur casier judiciaire, indispensable pour la candidature. Dans quelle démocratie voit-on cela ?
Sur les 116 prétendants au départ, il n'y a que deux à l'arrivée pour affronter le président sortant. Dans quelle démocratie voit-on cela ?
Dans les médias, on ne planifie toujours pas de face-à-face, il n'y a pas de débats télévisés et on lit très peu d'analyses politiques mesurées. Dans quelle démocratie voit-on cela ?
Il n'y a point de sondages politique et on ignore totalement qui pèse combien. Dans quelle démocratie voit-on cela ?
Pire que tout, les principales familles politiques sont absentes de la présidentielle. Il n'y a ni droite, ni gauche ; ni communistes, ni capitalistes ; ni islamistes, ni laïcs. Les deux plus grandes familles politiques du pays, à savoir Ennahdha et les vestiges du RCD sont absentes. Dès lors, comment peut-on parler d'une élection démocratique avec l'absence criarde de tant de couleurs ?

Que va-t-il se passer maintenant ? La présidentielle aura lieu et, quel que soit son résultat, il n'exprimera pas vraiment la volonté du peuple, tant les dés sont pipés.
Tel que c'est parti, vraisemblablement et à moins d'un miracle, Kaïs Saïed rempilera.
Mais il rempilera pour faire quoi ? Il a voulu construire et il n'a rien construit. Il a parlé de complot et il n'y a point de complot. Il a voulu faire taire des voix et ces voix ne se sont pas tues. Il a promis des élections démocratiques et ces élections ne le sont pas.
Comme ces voix qu'il n'a pas réussi à faire taire, il ne pourra pas convaincre le peuple qu'il est là grâce à ses voix. Il va avoir un grave problème de légitimité, quand bien même il sera réélu avec 90%.
À force de vouloir tordre le cou à la réalité, à force de prendre des vessies pour des lanternes, il va finir par provoquer l'éclatement de la cocotte.
L'Histoire des nations, y compris celle de la Tunisie, a montré que la cocotte finit toujours par éclater.

* Mouldi El Banney : personnage fictif tunisien représentant un piètre maçon


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