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La présidentielle tunisienne expliquée en quelques maux
Publié dans Business News le 23 - 09 - 2024

Une nouvelle fois, une superbe manifestation a réuni dimanche autour de 1500 personnes, criant « dégage » à Kaïs Saïed et son régime. C'est la deuxième en quinze jours et elle n'est pas la dernière. Une partie des Tunisiens a ras le bol de ce pouvoir qui viole la constitution, la loi, la décence, la bienséance et même les pratiques courantes universelles.
Comment expliquer que les gens aient besoin de crier dans la rue leur désapprobation et leur colère, alors que la démocratie a prévu les urnes pour cela ? On peut toujours comprendre qu'il y ait des manifestations quand on est loin des échéances électorales, mais quand on est à J-15 de la présidentielle, il y a clairement quelque chose qui ne tourne pas rond en Tunisie et à cette élection.
Il y a un sentiment net, et justifié, que les dés sont pipés et que le président sortant est en train de tout faire pour se maintenir à son poste.
Pourquoi ce sentiment ? Que se passe-t-il autour de la présidentielle du 6 octobre ? Qu'a fait le pouvoir de Kaïs Saïed concrètement pour que l'on ait ce sentiment et cette colère ?

Commençons par le commencement, l'instance électorale supposée être intègre et transparente tire à boulets rouges contre ses critiques, parmi les politiques et les médias et même contre ses propres membres. Elle multiplie les avertissements, les menaces et les plaintes en justice faisant ainsi taire les critiques et les mises en doute. Est-il normal qu'une instance qui porte le mot « supérieure » dans son titre officiel, s'abaisse à ce niveau et refuse les voix discordantes ?
Les membres de cette même instance, supposés être les arbitres du scrutin, ont été nommés par le président sortant. Est-il normal que l'arbitre d'un match de foot soit nommé par l'une des équipes ? Forcément, ceci jette le doute. Au minimum.

Du côté des candidats, plus de cent personnes ont retiré le formulaire de candidature formulant ainsi leur souhait de participer à l'élection présidentielle. Plusieurs parmi elles manquent de sérieux, mais plusieurs croyaient fermement en leurs chances. Au final, seuls 17 candidats ont déposé leurs candidatures accompagnées d'une partie ou de tous les documents exigés.
Le reste ? Il y a les hurluberlus, mais il y a également ceux qui ont été intimidés par le pouvoir, menacés, poursuivis en justice, voire carrément condamnés à de la prison ferme. On dénombre une bonne quinzaine de ces personnes qui ont formulé clairement leurs intentions de se présenter et qui, malgré elles, se sont retrouvées hors-course.
Sur les 17 qui ont déposé leurs candidatures, seuls trois ont été acceptés par l'Isie. Le reste est parti à la trappe.
Après un recours judiciaire, le tribunal administratif a décidé de remettre en course trois parmi les quatorze rejetés. La décision a été prise par un collège de 27 juges, parmi les plus émérites de la justice administrative tunisienne.
Sauf que voilà, l'instance électorale a décidé de jeter à la poubelle l'injonction judiciaire. Il y a eu naturellement une grosse, très grosse, polémique, mais l'instance s'est montrée totalement insensible aux critiques. Parmi les arguments qu'elle a présentés pour justifier son refus d'appliquer la décision judiciaire, une de ses membres a affirmé qu'il était trop tard et que les bulletins ont déjà été imprimés.
L'un des trois candidats restants, validés par l'instance électorale, se trouve en prison depuis le 2 septembre et balloté, depuis, entre les tribunaux et les postes de police et de garde nationale pour répondre de falsifications supposées de formulaires de parrainages. Aux dernières nouvelles, il a été condamné, en pleine campagne, à vingt mois de prison ferme.
C'est comme si, avant un match, on oblige par la force l'une des équipes à rester aux vestiaires.
Pour rappel, Kaïs Saïed et le président de l'instance électorale, critiquaient sévèrement en 2019, la détention abusive du candidat Nabil Karoui en pleine campagne.

Jusque-là, il y a de quoi être vraiment en colère et sortir de ses gonds, mais le manège n'est pas fini.
Vendredi dernier, 34 députés inféodés au pouvoir, ont déposé une proposition de loi pour amender la loi électorale. Peu importe que l'on soit en pleine campagne, que l'on soit à quinze jours du scrutin, c'est ainsi et pas autrement. C'est comme si, lors d'un match, l'une des équipes décide de changer les règles du jeu et ce après avoir nommé son propre arbitre.
La proposition de loi en question vise à éliminer le tribunal administratif des recours que peuvent déposer les candidats éliminés. Vu qu'il s'est avéré que les 27 juges administratifs sont jaloux de leur indépendance et n'entendent pas être inféodés au pouvoir, il fallait les éliminer du paysage et les remplacer par des juges de la cour d'appel.
Naturellement, il y a eu un tollé, mais peu importe les polémiques, le régime de Kaïs Saïed n'en fait qu'à sa tête.
Pour rappel, Kaïs Saïed critiquait en 2019 l'amendement du code électoral avant le scrutin. Le même Kaïs Saïed estimait, en mars dernier, que le code électoral actuel n'avait pas besoin d'être amendé.
Mais ça, c'était avant qu'il ne s'aperçoive que les juges du tribunal administratif ne lui étaient pas inféodés et qu'ils pourraient, le cas échéant, l'éliminer voire carrément invalider l'élection.

Ce qui se passe en Tunisie n'a rien d'exceptionnel. Au XXIe siècle, encore, on voit des pays falsifier des scrutins électoraux par différents stratagèmes. Il n'y a pas que le bourrage des urnes, en vogue au XXe siècle, aujourd'hui on fait des passages en force et on frise l'indécence. On voit cela notamment dans les pays arabes, africains et d'Amérique latine.
Plutôt que de travailler à l'essor de leurs pays, les autocrates et dictateurs passent leur temps à trouver des subterfuges pour rester au pouvoir. Ils tordent le cou aux constitutions et aux lois pour se maintenir et envoient balader les constitutionnalistes, les légistes, les publicistes, les avocats, les politiciens, les médias et tous les citoyens qui leur sont opposés.
Cet entêtement et cet acharnement à rester au pouvoir a un prix et il est très cher pour tout le monde.
C'est ce qui fait que nos pays soient à la traîne au niveau mondial et la risée des nations démocratiques. C'est ce qui fait aussi que les candidats à l'émigration soient de plus en plus nombreux.
Souvent, y compris en Tunisie dans son Histoire la plus récente, les autocrates et les dictateurs finissent mal.
Au vu de ce qui se passe, à ce jour, en Tunisie, le scrutin du 6 octobre semble déjà plié au profit de Kaïs Saïed. Il a beau aimer l'Histoire et la citer fréquemment, le président sortant n'en a retenu aucune leçon. Ni de l'Histoire ancienne, ni de l'Histoire récente.
En méprisant le peuple et en ignorant sa volonté, il le met à dos. Que Kaïs Saïed remporte, par des subterfuges, le scrutin du 6 octobre, il ne pourra pas crier sincèrement victoire. Inévitablement, il sera hanté par ce peuple qu'il a méprisé et à qui revient toujours le dernier mot. C'est ce que l'Histoire nous a enseigné.


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