Le professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali, est revenu, mardi 5 novembre 2024, sur le projet de loi de finances 2025 (PLF 2025) louant certaines mesures et en critiquant d'autres, estimant que celles-ci auront un impact négatif. L'économiste a souligné qu'il fallait revoir la notion du concept « compter sur soi », car selon lui cette politique de l'Etat a été résumée au niveau du PLF 2025 dans deux facteurs : compter sur les ressources fiscales et se tourner vers l'endettement intérieur au lieu de l'endettement extérieur. Pour lui, « si l'Etat veut compter sur les ressources fiscales, il faut qu'il encourage l'investissement privé et qu'il booste la croissance, en allant vers toutes les politiques qui poussent vers la croissance économique et permet d'augmenter les ressources fiscales ». Et de noter au micro de Wassim Ben Larbi dans l'émission Expresso sur Express Fm, que « la hausse d'impôt n'augmente pas les ressources fiscales. Idem pour l'emprunt intérieur car il y aura un manque de liquidité au niveau des banques, privant le secteur privé du financement de ces investissements ». Ridha Chkoundali indique aussi que « le recours à l'emprunt direct auprès de la Banque centrale n'est pas une bonne idée, car comportant de grands risques si ces fonds ne financent pas des dépenses d'investissements, mais des dépenses de consommation, surtout que l'Etat ambitionne d'emprunter 21 milliards de dinars sur le marché intérieur, ce qui est un montant conséquent ».
M. Chkoundali a noté que l'actuel PLF 2025 comporte quatre axes. Il a loué l'axe relatif aux mesures sociales. Bien qu'elles soient importantes et nombreuses, ces meures ont touché certaines franges de la population (ouvrières agricoles, les démunis, les personnes à besoins spécifiques, les blessés de la révolution, etc.). Il a aussi loué l'axe relatif à la baisse des taxes sur les médicaments à 0% et à l'encouragement de l'usage des énergies renouvelables avec une baisse des droits de douane de 10% à 30%. Cependant, l'économiste pense que la révision du tableau de l'impôt sur le revenu des personnes physiques est une erreur. L'objectif étant « de parvenir à une équité sociale, qui ne peut se faire sans l'élargissement de la classe moyenne et qui permet de réaliser une croissance significative. Or la classe moyenne a été reléguée aux classes pauvres ». En outre, il a expliqué que la classe gagnant plus de 3.000 dinars est composée des compétences tunisiennes qui sont en train de migrer notamment les ingénieurs, les médecins et les enseignants universitaires. « Les mesures comprises dans le LF2025 impactent négativement ces classes et les poussent à migrer ». L'expert relève, à ce propos, qu'il fallait diviser la tranche au-dessus de 50.000 dinars à plusieurs tranches jusqu'à atteindre celle de 150.000 dinars et plus.
En outre, Ridha Chkoundali a critiqué la mesure augmentant l'impôt sur les sociétés selon le chiffre d'affaires : « l'équité sociale se fait au niveau des individus et non des entreprises. Cette mesure pousse les entreprises tunisiennes à ne plus s'étendre, donc à ne plus investir, et à ne plus recruter, impactant de ce fait la croissance et la politique d'Etat visant à compter sur soi ». Il recommande réviser cette disposition et de baisser l'impôt sur les sociétés pour booster la croissance. L'expert conseille que la reconversion vers l'endettement intérieur doit être étudiée et orientée vers les dépenses de développement.
Interrogé par l'animateur sur les mesures à prendre, l'universitaire recommande d'améliorer le climat des affaires et diminuer la bureaucratie, de baisser l'imposition pour les jeunes à intégrer le marché officiel. Il a estimé qu'il y a des mesures manquantes dans le PLF 2025, surtout avec les difficultés de mobiliser des ressources étrangères en devises. D'après M. Chkoundali il fallait prendre des mesures courageuses pour encourager les Tunisiens résidant à l'étranger à ouvrir des comptes en devises en Tunisie. Et il fallait aussi pendre une mesure plus courageuse que les 10% de taxe prise ultérieurement concernant les fonds en devises circulant sur le marché parallèle, en décidant carrément une amnistie fiscale.