Dans une publication sur sa page Facebook, ce samedi 25 janvier 2025, l'avocat et ancien ministre Mohamed Abou dénonce l'absurdité de la situation politique actuelle en Tunisie, marquée par des décisions incohérentes, des abus de pouvoir et une justice bafouée. Il appelle à un réveil collectif, incitant les citoyens, avocats, juges et hommes politiques à s'unir pour imposer l'Etat de droit et restaurer la démocratie. Nous reproduisons, dans son intégralité, une traduction de sa publication : Assez de chaos ! Cela suffit ! Pourquoi certains d'entre nous ne croient-ils pas au communiqué du ministère de l'Intérieur selon lequel l'auteur de l'attentat d'hier à l'avenue de la Liberté souffrirait de troubles mentaux ? De nombreux attentats similaires dans le monde ont été commis par des déséquilibrés mentaux, que dire donc de la Tunisie ! Depuis un certain temps, notre pays ressemble à un asile de fous à ciel ouvert ! Selon le régime en place (soutenu par une armée de faux comptes), nous avons des avocats, des juges, des agents de sécurité, des administrateurs et des directeurs de prison qui sont des terroristes, et des politiciens qui sont impliqués dans le terrorisme. Nous avons aussi un citoyen qui s'est porté volontaire pour informer une unité sécuritaire qu'un de ses amis lui avait fait part d'un complot à l'étranger, avec l'achat d'armes pour renverser le régime. Kamel Letaief, partisan du 25 juillet, est impliqué, avec Bernard-Henri Lévy et la nièce de Letaief, qui s'avère être inexistante, ainsi que des hommes politiques. Mais il n'a même pas été interrogé sur le nom de son ami à l'étranger ni sur ses sources ! Cela ne serait même pas toléré dans une affaire de vol de moutons ! Le juge d'instruction lui-même a fui à l'étranger, et il pourrait être poursuivi par le régime lui-même, en plus des plaintes des victimes, et des menaces de poursuites dès qu'un changement politique aura lieu. Des juges, qui ont peur pour leurs enfants, ne se soucient pas de ceux des autres. Des responsables, respectueux de leurs parents, se battent pour savoir quelle mère pleurera avant les autres. Un égoïsme et une bassesse indignes de la Tunisie que nous rêvons d'avoir. Est-ce là un pays d'hommes sains d'esprit ? Acceptez-vous que notre Tunisie soit ainsi ? Levez la tête, vous êtes des Tunisiens libres.
C'est notre pays, et nous avons des devoirs envers lui. Un homme politique, un défenseur des droits, un juge ou un journaliste qui a œuvré ou travaillé dans un pays sous-développé devrait comprendre dès le début qu'il est comme un soldat en temps de guerre : il n'a ni le droit de se décourager, ni de penser à lui-même ou au prix de sa défense pour son pays. Le premier principe de la nationalité est la solidarité avec nos compatriotes. Nous avons des détenus sur ordre politique, maltraités, et il n'y a aucune institution qui fonctionne selon la Constitution, aucune institution pour protéger les droits. Il n'y a qu'un seul homme qui décide du destin de notre pays et de ses citoyens, et la plupart de ses décisions sont absurdes, dénuées de logique. Nous ne devons pas permettre cela. Nous sommes les détenteurs de la souveraineté. Appel à tous les partis d'opposition à se mettre d'accord sur une position commune, à annoncer à l'intérieur comme à l'extérieur, afin d'imposer l'Etat de droit, de mettre fin à l'absurdité et de lever l'injustice pour nos citoyens. Appel aux avocats pour s'unir et prendre une position commune, qu'il aurait fallu adopter plus tôt : que les accusés dans les affaires politiques refusent de répondre devant un tribunal qui n'est pas indépendant, et que les avocats demandent la libération, et repoussent les plaidoiries jusqu'à ce qu'un Conseil supérieur de la magistrature soit formé pour garantir l'indépendance des juges et pour reconnaître que ce tribunal n'a aucune légitimité pour décider du destin des citoyens. Appel aux juges, qui ont fait grève pendant plus d'un mois pour réclamer une augmentation salariale en période de prospérité et de laxisme, pour qu'ils se rassemblent autour d'une position commune sur leur travail en l'absence d'un Conseil supérieur de la magistrature dont la majorité des membres sont élus. Une position admise avec une large majorité parmi eux suffira pour changer la situation de la justice. Appel aux appareils de l'Etat pour ne pas exécuter les ordres clairement illégaux, et leur rappeler que la nation est au-dessus de tout, que leurs missions sont régies par la loi et qu'ils ne sont pas au service d'un individu, mais de l'Etat et de la loi. Appel aux hommes politiques de l'opposition qui se connaissent, et qui, la plupart du temps, cherchent des solutions individuelles, pour fermer les pages qu'ils ont financées avec leur corruption et ne pas les utiliser pour perturber le projet de libération des Tunisiens. Ceux qui sont innocents seront innocents devant la justice une fois libérée, et ceux qui ont fauté auparavant devront payer pour leurs erreurs une fois la justice libérée. Créer des doutes pour diviser de l'intérieur est une méthode sale et rejetée. L'article 80 de la Constitution était nécessaire pour mettre fin au règne des hors-la-loi, c'est mon opinion hier, aujourd'hui et demain. Oui, Kaïs Saïed a renversé le régime, et c'est une occasion de le ramener dans le droit chemin ou de provoquer un changement pacifique, en construisant, sur ses décombres, un Etat de droit visant à faire progresser le pays, rendre ses citoyens heureux et leur permettre d'être fiers de lui et de sa démocratie.
Rappel et information pour la nouvelle génération de politiques : le 9 janvier 2011, alors que le sang des Tunisiens coulait à Kasserine et Sidi Bouzid, la plupart des partis ont refusé de demander le départ de Ben Ali. C'est le peuple, non politisé, qui l'a renversé. Ne soyez pas comme ceux qui vous ont précédés. Celui qui vivra pour le jour de la libération du chaos sera fier de ce qu'il aura apporté à son pays. Celui qui est parti, que Dieu lui accorde sa miséricorde et les Tunisiens se souviendront de lui avec respect un jour. Assez d'hésitation, la solution est là, et les tyrans, s'ils ne se rétractent pas et insistent sur leur injustice, découvriront qu'ils étaient plus faibles qu'un fil de toile d'araignée, et ils regretteront ce qu'ils ont fait aux Tunisiens et à eux-mêmes. Notre pays n'a été corrompu que par l'égoïsme et la recherche du salut individuel. Il y a encore de l'espoir en Tunisie, parmi ses habitants et dans tous les domaines, des patriotes qui aiment leur pays et se solidariseront avec leurs concitoyens. Unissons-nous pour un Etat de droit qui ouvrira la voie au progrès. Sur les images ci-dessous, les options pour ceux qui choisissent pour eux-mêmes et pour leur pays. À tous les détenus injustement, qui souffrent dans le froid des prisons, soyez tranquilles, vous n'êtes pas seuls. Vous avez des compatriotes qui ne vous abandonneront jamais, et vous avez un Dieu qui vous protège et vous accorde la victoire.