93 corps ont à ce jour été exhumés de deux fosses communes récemment découvertes en Libye lors d'opérations des forces de sécurité contre des réseaux de trafic d'êtres humains, selon un nouveau bilan communiqué par l'ONU mercredi 19 février 2025. L'ONU tire la sonnette d'alarme « La découverte alarmante et tragique de fosses communes après des raids contre des sites de trafic d'êtres humains souligne le grave danger auquel font face les migrants en Libye », a déclaré la sous-secrétaire générale de l'ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, lors d'une réunion du Conseil de sécurité. « Le 7 février, une fosse commune a été découverte dans une ferme à Jakharra, dans le nord-est de la Libye, et le lendemain, une autre fosse commune a été découverte à Koufra, dans le sud-est », a-t-elle noté. « À ce jour, 93 corps ont été exhumés à Jakharra et Koufra », a-t-elle indiqué, sans préciser la répartition entre les deux sites, dénonçant les « traitements cruels et inhumains » subis par les migrants, y compris des enfants, dans le pays.
Des migrants victimes de traitements inhumains Il y a dix jours, le bureau du procureur général libyen avait annoncé la découverte de 28 corps de migrants originaires d'Afrique subsaharienne dans une fosse commune située dans la région de Koufra, lors d'une opération dans un lieu tenu par un réseau de trafiquants où 76 migrants étaient « séquestrés ». Une enquête a permis d'identifier l'existence d'une « bande dont les membres séquestraient des migrants irréguliers, les torturaient et les soumettaient à des traitements cruels, dégradants et inhumains », avait ajouté le bureau du procureur. L'Organisation internationale pour les migrations avait ensuite évoqué un deuxième charnier à Jakharra, où 19 corps avaient été retrouvés, et indiqué que celui de Koufra pourrait contenir jusqu'à 70 dépouilles.
Un pays devenu plaque tournante du trafic humain La Libye est plongée dans le chaos politique et sécuritaire depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 à la suite d'une révolte populaire. Gouverné par deux exécutifs rivaux – l'un à Tripoli (ouest), reconnu par l'ONU, l'autre à Benghazi (est), soutenu par le clan du maréchal Khalifa Haftar –, le pays, situé à environ 300 kilomètres des côtes italiennes, est devenu l'une des principales plaques tournantes du trafic d'êtres humains sur le continent. Des dizaines de milliers de migrants d'Afrique subsaharienne, en quête de l'eldorado européen, y sont la proie de trafiquants, quand ils ne meurent pas en tentant la périlleuse traversée de la Méditerranée. La découverte de ces fosses communes « est un nouveau rappel du besoin urgent de protéger les migrants et de lutter contre le trafic d'êtres humains », a souligné Rosemary DiCarlo, demandant une « enquête complète et indépendante » pour traduire les responsables en justice.