Le montant des billets et monnaies en circulation a atteint un record et un seuil historique dépassant les 23 milliards, le 26 février 2025. L'enseignant universitaire, consultant et expert-comptable Sofiene Weriemi a tenté d'expliquer les raisons de l'augmentation des billets et monnaies en circulation en Tunisie. Le 26 février 2025, lors de son intervention téléphonique dans l'émission Midi Show sur Mosaïque FM, animée par Amina Ben Doua, il a précisé que la Banque centrale de Tunisie émet les billets et monnaies et que l'autorité monétaire connaît le montant en circulation grâce aux dépôts et retraits effectués par les banques, en fonction de leurs besoins en liquidités. L'expert a indiqué que le taux moyen de croissance de cette masse monétaire est compris entre 9 % et 10 % par an. En 2022, le montant des billets et monnaies en circulation avait atteint 18,8 milliards de dinars, avant de passer à 20,24 milliards de dinars à la fin de 2023. En 2024, ce chiffre a été relativement maîtrisé, atteignant 21,7 milliards de dinars. Toutefois, entre le 31 décembre 2024 et le 25 février 2025, ce montant a considérablement évolué. L'universitaire a noté qu'aucune donnée précise n'explique cette hausse, mais plusieurs hypothèses peuvent être formulées. Il a rappelé que l'une des premières raisons avancées par de nombreux observateurs est l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les chèques. Avant cette loi, la télécompensation des chèques en Tunisie traitait environ 100.000 chèques par jour en 2024. Cependant, selon les dernières statistiques de la société chargée de la télécompensation, au 25 février 2025, seulement 19.000 chèques ont été traités, et moins de 1400 chèques ont été passés par la nouvelle plateforme, soit moins de 10 % du total des chèques télécompensés. Cela a conduit M. Weriemi à se questionner sur ce qui a remplacé le paiement par chèque. L'expert a soutenu que le recours à la traite a augmenté, selon les rapports de la même société. Le nombre de traites télécompensées est ainsi passé de 7500 à 23.000. Bien qu'il n'y ait pas de données pour 2025, il estime que ce chiffre ne compense pas la chute des opérations par chèques. Selon lui, pour la majorité des personnes, les paiements par chèques ont été remplacés par des paiements en numéraire, expliquant ainsi cette augmentation des billets et monnaies en circulation. En réponse à une question de l'animatrice, M. Weriemi a précisé que ce montant continuerait probablement à évoluer. Il a ajouté que le montant du cash en circulation en Tunisie augmente généralement pendant certaines fêtes, occasions spéciales et phases agricoles. Concernant les répercussions, Sofiene Weriemi a averti que, au-delà de l'inflation, cette tendance pouvait entraîner deux risques majeurs : l'évasion fiscale en raison du manque de traçabilité des paiements et un financement réduit pour l'économie à cause de la baisse de l'épargne. Il a également rappelé que, traditionnellement, le chèque en Tunisie n'était pas utilisé comme un moyen de paiement, mais plutôt comme un mécanisme de financement. Bien que la loi des chèques ait mis fin à cet usage, elle n'a pas proposé de solution alternative pour pallier ce vide.