Le collectif "Stop Pollution", qui défend le droit de la région de Gabès à un environnement sain, a réagi aux décisions d'un conseil ministériel daté du 5 mars 2025 concernant le développement du phosphate. Dans un communiqué publié tard dans la soirée du jeudi 6 mars 2025, le collectif a exprimé la surprise de l'opinion publique à Gabès après l'annonce gouvernementale d'« un programme de développement de la production et du transport du phosphate, comprenant le retrait du phosphogypse de la liste des substances dangereuses et l'approbation d'un projet d'installation d'une unité de production d'ammoniac dans la zone industrielle de Gabès ». Des décisions qui représentent, selon le collectif, « un prolongement de la politique de fuite en avant du gouvernement tunisien actuel et la consécration du modèle de développement en place et de ses crimes contre l'environnement ». Et d'insister : « Le retrait de la substance radioactive et nocive qu'est le phosphogypse de la liste des substances dangereuses et son inclusion en tant que matériau destiné à la production constituent une reconnaissance implicite et une confirmation par les autorités de l'abandon et du reniement de la décision de démantèlement des unités polluantes, émise le 29 juin 2017 ». Le communiqué du gouvernement, celui de la présidence de la République en date du 4 mars 2025 et le dernier conseil régional de l'environnement tenu à Gabès, limitent la solution à la problématique de la pollution à la valorisation du phosphogypse. Le gouvernement reconnaît également que l'installation d'une unité de production d'ammoniac vert sera mise en place, « après plusieurs mois de dénégation de la part des responsables », affirme le collectif. L'installation de cette unité dans la zone industrielle constitue la première étape de la mise en œuvre de la stratégie établie par le ministère de l'Industrie pour produire de l'ammoniac et de l'hydrogène vert à Gabès ainsi que dans d'autres régions. Face à cela, "Stop Pollution" a réaffirmé son attachement au démantèlement de toutes les unités polluantes à Gabès et à l'application de la décision du 29 juin 2017 sur cette question. Pour le collectif, « revenir sur cette décision représente un dangereux dérapage qui méprise le militantisme des habitants et aggrave la situation tragique à Gabès ». « L'approbation d'une unité de production d'ammoniac comme première phase de la stratégie de production d'ammoniac et d'hydrogène vert à Gabès constitue une menace pour la sécurité des citoyens en raison des risques liés à ces industries. Elle entraînera aussi un épuisement des ressources en eau dans un pays souffrant déjà de pénurie hydrique, sans oublier que cette stratégie comporte plusieurs menaces pour notre souveraineté énergétique », peut-on lire dans le communiqué. Le collectif appelle les autorités, représentées par la présidence de la République, le gouvernement et le ministère de l'Industrie, à revenir sur ces décisions et à s'orienter vers de véritables solutions durables pour instaurer un modèle de développement juste, respectueux de l'environnement et des êtres humains. Il a également exhorté les citoyens, les organisations nationales et toutes les forces vives du pays à se mobiliser par tous les moyens de lutte possibles pour défendre leurs droits légitimes et s'opposer à ces projets destructeurs.