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Le combat des habitants se poursuit
Phosphogypse à Gabès
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 08 - 2017

Selon une étude réalisée et financée par la Banque européenne, la Tunisie doit résoudre impérativement les problèmes de la gestion des déchets provenant de l'industrie du phosphate qui ont gravement endommagé la faune et la flore de la région.
45 jours après l'ultimatum accordé, le mois de juin dernier, au gouvernement pour arrêter d'une façon définitive et immédiate le déversement des déchets de phosphogypse provenant du site de transformation du Groupe chimique tunisien (GCT), Gabès revient à la case départ.
Face à la pression de la société civile et à la volonté unanime des habitants de la région, le gouvernement a jeté l'éponge. Le rejet des déchets produits par les usines du GCT dans la mer de Gabès sera, désormais arrêté mais, après 8 ans ! Une période considérée assez longue par les habitants qui sont au bout du rouleau.
"La décision du démantèlement du site n'est que de la poudre aux yeux"
Suite aux menaces d'escalade proférées par les habitants, le gouvernement a conclu, le 30 juin dernier, le démantèlement complet du site de production de l'acide phosphorique et son déplacement ailleurs. Ce processus, qui sera étalé sur une durée de 8 ans et demi, aboutira à l'établissement de trois nouveaux sites de production dans la région de Gabès qui remplaceront l'ancien, mais dont les déchets seront mis en terril pour éviter le rejet de phosphogypse dans la mer. Cependant, les habitants de la région ne s'attendaient guère à de telle décision. "Le plan proposé par le gouvernement est flou. Il y a beaucoup d'ambiguïté en matière de faisabilité. De surcroît, il n'y a aucun gage de continuité du processus suggéré. La décision du démantèlement du site n'est que de la poudre aux yeux", dévoile M. Kheireddine Debaya, le représentant de la campagne "stop pollution" à Gabès. "La mer du golfe ne peut plus encaisser davantage. Huit ans, c'est beaucoup. Tout l'écosystème de la région est détérioré", renchérit-il.
Sur la côte du golfe de Gabès, le site de production d'acide phosphorique déverse chaque jour dans la mer entre 10.000 et 12.000 tonnes de phosphogypse sous forme de boue et sans traitement préalable. Selon une étude réalisée par des universitaires tunisiens, on estime que ce déchet se répand quotidiennement sur une superficie de 60km2. Et l'on peut imaginer les quantités énormes de phosphogypse accumulées sur le littoral de Gabès, sachant que cette unité est en marche depuis 1972.
Alors que la Tunisie a classé le phosphogypse comme étant un déchet dangereux, aucune étude nationale n'a été réalisée jusque-là pour cerner et quantifier les risques sanitaires et environnementaux du rejet de ce déchet dans la mer.
Opacité ou laxisme? Or, le manque de données sur l'impact sanitaire du phosphogypse pose un grand problème, car il s'agit d'un matériau dangereux dont la radioactivité a été démontrée scientifiquement.
C'est vers la fin des années 70 que le Comité scientifique des Nations unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants a conclu que le phosphogypse figure parmi les matériaux dont la radioactivité s'intensifie suite au traitement du phosphate. Pire encore : le phosphogype contient le radon, un polluant hautement cancérigène (de classe A selon l'Agence de protection de l'environnement aux Etats-Unis), à radioactivité intense et qui persiste dans le temps.
Une exposition continue à ce contaminant augmente le risque du cancer des poumons de 16%, ce qui reflète le danger sanitaire auquel sont exposés les habitants de Gabès Ville, et plus spécifiquement les riverains qui habitent à proximité du site.
Au niveau mondial, le radon est responsable de 10% des cancers des poumons.
Pourtant, aucun recensement sur les maladies cancirogènes dans la région liées directement au rejet du phosphogypse n'a été envisagé ni réalisé jusqu'ici par les autorités. D'ailleurs, la Tunisie ne dispose pas d'un registre national sur les cancers. Un recensement des cas de maladies cancéreuses dans la région du sud tunisien a été effectué uniquement dans le gouvernorat de Sfax en 2002, sans aucune suite. L'impact sanitaire du phosphogypse est toujours non quantifié, en dépit de son caractère radioactif affirmé.
Gabès : un profil environnemental qui inquiète nos voisins méditerranéens
Une chercheuse tunisienne a réalisé dans les années 90 une analyse des sédiments du port de Gabès. Les résultats sont inquiétants. La présence d'éléments hautement toxiques pour les humains et les animaux, tels que le phosphore d'aluminium, a été confirmée. Des concentrations assez élevées en métaux lourds dépassent les seuils de la norme imposée par l'Organisation mondiale de la santé. Une autre recherche a été menée sur la lagune de Boughrara à Médenine, considérée jadis un fief halieutique, a montré l'implication probable de la contamination de cette mer par des polluants provenant du golfe de Gabès. Une baisse vertigineuse de la production des poissons résultant de l'élevage a été enregistrée (de 4.786 tonnes en 1992 à 1, 118 en 2002). Ce qui représente une baisse de 76% de la production totale de poisson dans la lagune.
L'UE s'inquiète désormais du statut environnemental du littoral tunisien. Selon une étude réalisée en 2012, qui a été financée par la Banque européenne, la Tunisie doit résoudre impérativement les problèmes de la gestion des déchets provenant de l'industrie du phosphate.
La faune et la flore ont été gravement endommagées. Seulement, 5 variétés de palmiers dattiers parmi 48 ont pu résister à la toxicité liée au phosphogypse. On a enregistré une perte de plus de 8.000 hectares de terres relativement productives. La désertification s'est accentuée. Un amas de métaux lourds (éléments chimiques très toxiques) s'est aggloméré sur le littoral de Gabès, provoquant ainsi la contamination de l'écosystème marin. Et pourtant, des solutions radicales peuvent être envisagées.
Des solutions coûteuses
L'industrie liée au traitement du phosphate contribue à raison de 4 % du PIB tunisien et représente 10% du total des exportations en 2010. Ce qui la classe cinquième au monde dans la production du phosphate avec un bénéfice global provenant de la Compagnie des phosphates de Gafsa et du Groupe Chimique Tunisien de 1 milliard de dinars par an.
Il s'agit, par conséquent, d'un secteur industriel crucial pour la survie de l'économie tunisienne, surtout après la révolution. «Beaucoup de clients nous ont boudés, suite à la révolution et les séries de grèves dans le secteur minier. Pour le gouvernement tunisien, trouver une solution pour la pollution due au phosphogypse est le cadet de ses soucis. Au contraire, on veut bien augmenter la production pour remédier au déficit commercial et budgétaire», révèle M. Debbaya blasé. "Les solutions existent, mais elles sont coûteuses", ajoute-t-il.
Le stockage en terril (enfouissement des déchets sous terre) et la valorisation du phosphogypse sont les deux solutions adaptées dans le monde. La valorisation du phosphogypse est la nouvelle orientation mondiale dans le cadre du développement durable. Elle consiste à recycler le phosphogypse après traitement pour le réutiliser dans l'industrie lourde de la cimenterie et du bâtiment. L'option du terril est, elle aussi, pratiquée dans de nombreux pays, notamment la France. Mais, elle nécessite des études techniques et environnementales approfondies avant de faire le choix du site du terril. Un contrôle continu et des analyses perpétuelles doivent être réalisés de façon permanente. Des solutions qui sont coûteuses, mais nécessaires.
‘‘Les prochaines négociations avec le gouvernement porteront sur la durée proposée, ainsi que sur les gages du processus du démantèlement proposé par les autorités, confie le représentant de campagne de lutte contre la pollution à Gabès.
Même si un accord finira par être trouvé un jour sur le rejet définitif du phosphogypse dans la mer, la décontamination représente une autre paire de manches et prendra beaucoup de temps, car les émissions radioactives des déchets qui ont été accumulés jusqu'ici se poursuivent. Des analyses effectuées sur des échantillons de phosphogypse, stockés il y a 50 ans, ont montré que la radioactivité du radon n'a pas diminué d'un cran.


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