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Ouvrières agricoles tunisiennes : de l'invisibilité à la lutte pour la dignité
Publié dans Business News le 06 - 05 - 2025

Il est des silences qui durent trop longtemps. Et des visages que l'on refuse obstinément de regarder. Celui des ouvrières agricoles tunisiennes appartient à cette invisibilité chronique, à ce continent oublié de la dignité. Chaque matin, dans les campagnes de Kairouan, Jendouba ou Sidi Bouzid et ailleurs, elles montent dans des camionnettes défraîchies, entassées comme des marchandises, pour aller cueillir, planter, sarcler. À l'aube, dans la poussière ou le givre. En silence. Sans contrat. Sans assurance. Sans droits.
Ces femmes nourrissent la Tunisie. Et pourtant, elles n'ont même pas de place dans ses statistiques officielles. Elles ne demandent pas la charité. Elles veulent simplement exister. La pandémie de Covid-19 a amplifié leur dénuement. La guerre en Ukraine l'a rendu plus cruel encore. Les prix ont explosé. Le blé s'est raréfié. L'eau aussi. Et avec le climat qui s'affole, ce sont elles qu'on envoie toujours plus loin chercher du bois, porter des bidons, affronter les glissements de terrain. Leur fatigue n'est plus seulement sociale, elle est devenue structurelle et climatique.
Des femmes rurales piégées
Depuis des années, les rapports s'accumulent. Les études s'enchaînent. Les stratégies se succèdent. Mais rien ne bouge vraiment. Et les femmes rurales restent piégées dans un secteur informel, sans couverture sociale, sans droits économiques réels. Les chiffres font froid dans le dos : 500.000 femmes rurales, 47 % de travailleuses occasionnelles, 76 % sans couverture sociale. Un salaire moyen de 220 dinars par mois. 1 % propriétaires d'une terre agricole. 6 % d'un logement. Et pourtant, elles continuent. Par dignité. Par nécessité, elles travaillent dans l'agriculture, l'artisanat, les circuits courts. Mais toujours sans droits, sans voix, sans perspectives. Ceci nous amène à proclamer que les droits fonciers des femmes constituent une urgence politique.
L'histoire nous apprend que les civilisations africaines ont toujours accordé une place centrale à la terre. Mais les femmes en ont été exclues, considérées comme "édificatrices de la maison des autres" mais jamais la leur. Aujourd'hui encore, cette exclusion patrimoniale persiste. Sans terre, il n'y a pas d'autonomie réelle. Elles en sont exclues, comme si leur labeur ne valait pas héritage. Il est temps de briser ce cycle féodal. De revoir le code foncier. De rendre la propriété agricole accessible. Car sans terre, il n'y a pas d'autonomie. Pas de choix. Pas d'émancipation.
C'est des réformes courageuses dont nous avons besoin et non de lois encore et encore qui finissent dans les placards et applicables au bon vouloir du ministère ou du gouvernement !
Le 7 mai 2025 : date de rupture ! Faisons de ce rendez-vous un tournant. Celui où l'on cesse d'anesthésier nos consciences. Celui où l'on choisit la vérité, l'action et la justice. Mais la terre n'est pas le seul lieu d'injustice. Le transport en est un autre. Tragique. Répété. Indigne.
Depuis 2015, plus de 60 femmes sont mortes, 500 blessées, pour avoir voulu travailler. Pour avoir eu besoin de nourrir leurs enfants. Et nous regardons ailleurs. Des camions sans ceinture, des routes sans contrôle, des employeurs sans remords, des autorités sans réponses innovatrices, applicables et courageuses. Le transport agricole n'est pas une anecdote logistique. C'est une violence institutionnelle s'ajoutant à toutes les autres violences. Rajoutant à cela, des "samsars" (intermédiaires) non encadrés. Des employeurs impunis. Des ministères en difficulté face à un système précaire, opaque, mortel. Il est temps de criminaliser les véhicules dangereux, de créer un réseau de
transport sécurisé, de professionnaliser ce secteur et de trouver un terrain d'entente avec tous les syndicats et les professionnels du transport. Trop de vies ont été perdues. STOP
De l'assistanat à la co-construction
Et pourtant, elles s'organisent. Lentement, mais fermement. Des coopératives naissent. Des syndicats locaux voient le jour. Des solidarités s'échafaudent. Quand l'Etat recule, elles avancent. Alors oui, nous connaissons les solutions. Nous les écrivons depuis des années. Mais qui a le courage de les appliquer ? Pour finir un changement de paradigme aiderait à passer de l'assistanat à la co-construction. Intégrer les femmes rurales dans toutes les politiques publiques. Créer pour elles des espaces de décision où leur voix compte. Revoir les lois sur le travail rural, encadrer le métier de transporteur agricole, créer un fonds d'indemnisation pour les victimes, rendre effectives les coopératives féminines, créer une base de données nationale et pourquoi pas intégrer les femmes rurales dans les politiques publiques. Ce n'est pas un luxe. C'est une dette morale. Une priorité politique. Une question de justice.
Parce que derrière chaque panier de figues, chaque bouquet de romarin vendu sur les routes, il y a une histoire de femme. De courage. De fatigue. Mais aussi d'espoir. Comme cette femme du Kef qui m'a dit, droits dans les yeux : « On ne veut plus survivre. On veut vivre. Et que nos enfants vivent mieux que nous. » Ce cri est une boussole. Il nous oblige. Il nous appelle à rompre avec l'inaction. À être solidaire de la société civile, du « Mouvement des voix des travailleuses agricoles ». Le 7 mai 2025, ne devrait pas être une journée de plus, mais le début d'un mouvement. Celui de la vérité. De la justice. Et de la dignité retrouvée.
"Lorsque le peuple veut la vie, force est au destin de répondre."
Abou El Kacem Chebbi
* *Hella Ben Youssef est militante pour la justice sociale et l'égalité de genre
*Vice-Présidente de l'Internationale Socialiste des Femmes


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