L'Observatoire tunisien de l'économie vient de publier une note explicative sur « les bas salaires des enseignants » et la dégradation de leur pouvoir d'achat. Le document estime ainsi que le salaire bas de l'enseignant est une forme de discrimination. « Malgré des études universitaires et une bonne situation économique qui qualifiaient l'enseignant à appartenir à la classe moyenne, plusieurs facteurs ont conduit à la détérioration de sa situation financière », affirme-t-il. La note présente un graphique basé sur des chiffres de l'Institut national de la statistique (INS) montrant que les salaires dans le secteur de l'éducation sont parmi les plus bas de la fonction publique. Ainsi, selon ce graphique, les salaires bruts du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique sont les plus élevés en 2022. Ils sont en moyenne de l'ordre de 3.761,7 dinars, contre 2.519 dinars pour le ministère de l'Education, soit 1.240 dinars de différence. Les agents de la présidence du gouvernement touchent un salaire brut moyen de 3.318,6 dinars, suivis par ceux du ministère de la Justice avec 3.226,7 dinars, puis ceux du ministère de la Santé publique avec 2.812,6 dinars. Les agents du ministère des Finances toucheraient un salaire brut moyen de 2.722,7 dinars, alors que ceux du ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche toucheraient 2.675,2 dinars. Seuls les agents du ministère des Affaires sociales toucheraient moins que ceux de l'Education, avec un salaire brut moyen de 2.331,2 dinars.
La même note précise que le salaire brut moyen des fonctionnaires du ministère de l'Education est celui qui a le plus stagné par rapport aux autres ministères entre 2020 et 2022, ayant reçu moins d'augmentations. Le salaire moyen brut des agents du ministère de l'Education n'a augmenté que de 0,4%, contre une hausse de 11,7% pour les agents du ministère de la Justice, de 9,6% pour ceux du ministère de la Santé publique, de 7% pour ceux du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, et de 4,1% pour ceux du ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche. Seul le salaire moyen brut des agents du ministère des Finances a baissé, de 0,4%. En tenant compte de l'inflation, les salaires des agents du ministère de l'Education ont diminué de 12%, contre une baisse de 2,4% pour ceux du ministère de la Justice, de 4,3% pour ceux de la Santé publique, de 6,5% pour ceux de l'Enseignement supérieur et de 9,1% pour ceux de l'Agriculture. Toujours en tenant compte de l'inflation, seul le salaire moyen brut des agents du ministère des Finances a baissé plus que celui des agents du ministère de l'Education, avec une baisse de 13%. Ces chiffres reflètent, selon la note, la baisse effective du pouvoir d'achat de l'enseignant entre 2020 et 2022.
Ce document révèle que le salaire de base moyen du secteur de l'Education est le plus bas en comparaison avec les autres secteurs économiques. Il est de 778,5 dinars, pour un salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) de 460 dinars. En haut de l'échelle, on trouve celui des activités financières et d'assurances avec 2.132,75 dinars, suivi par celui des activités immobilières avec 1.381,5 dinars, puis celui du secteur de l'information et de la communication avec 1.350,75 dinars, et celui des activités spécialisées, scientifiques et techniques avec 1.208,25 dinars. Le salaire de base du secteur de la santé et des activités sociales est de 1.051,5 dinars, et celui des services administratifs, de la compensation et de l'administration est de 1.043,5 dinars.
Selon la note, cette situation financière fragile de l'enseignant impacte ses capacités et sa motivation à travailler. Le document précise que certains chiffres sont approximatifs en raison du manque de données précises, et appelle les autorités concernées à fournir ces éléments aux chercheurs pour faciliter leurs travaux.