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Le « Grand Remplacement » dans l'administration ?
Publié dans Business News le 27 - 06 - 2025

Il y a des pays qui tanguent parce que ceux qui tiennent la barre naviguent à vue. Et puis, il y a ceux qui sombrent, lentement, silencieusement, le jour où ils commencent à soupçonner ceux qui, dans l'ombre, colmatent les fuites et veillent à ce que le navire reste à flot.
Je pense à ce peuple invisible. Non pas celui qu'on entend scander dans les rues ou qui bloque les carrefours, mais celui qui, chaque matin, ouvre sa porte avec cette dignité sans bruit, s'installe à son bureau, règle des situations absurdes avec une patience usée, signe sans fanfare, rentre chez lui, l'esprit alourdi, mais le cœur, parfois, un peu plus léger. Il ne revendique rien. Il sert. Et voilà qu'on commence à le regarder autrement, non pour ce qu'il fait, mais pour ce qu'il cacherait peut-être.

Soupçonner ceux qui servent : une dérive insidieuse
Depuis l'été 2021, une seule voix semble porter, non pas au nom du pays, mais à sa place. Les institutions ne sont plus des partenaires, mais des obstacles à contourner. Et comme souvent, lorsque le doute devient méthode, on exhume un vieux fantôme : celui du complot. Cette fois, le projecteur est braqué sur « l'administration » qui serait en train de trahir le peuple. Ce mot fourre-tout, commode comme un sac sans fond où l'on jette tout ce qu'on ne comprend pas – sauf soi-même.
J'avoue que ce soupçon m'a blessé. Profondément. Fils, petit-fils, et moi-même, trente-cinq ans durant, au service d'une administration – dans la santé. J'en ai vu passer, des ministres, des plans, des revirements. J'ai connu l'usure, la réinvention, parfois même un sursaut de fierté collective. Et malgré tout, je suis resté fidèle. Non à un homme ou un parti, mais à cette idée un peu fatiguée qu'on appelle « le bien commun ». Deux mots modestes, mais qui donnent un sens aux matins gris.

Epurer plutôt qu'enrichir : la logique du soupçon généralisé
Et aujourd'hui, servir semble devenu suspect. Le 25 juin, une allocution au ton grave, le regard planté dans un lointain invisible, comme s'il fallait y lire une vérité cachée. L'ombre d'une compromission avec des lobbys plane sur tous sans discernement. Pas de noms, pas de faits. Des accusations formulées sans preuve. Et sur la base de cette intuition, une idée : remplacer les anciens par des diplômés au chômage. Non pas pour enrichir, mais pour épurer.
On ne parle plus de renouvellement. C'est un filtrage. Un grand nettoyage, où l'on distingue moins les compétences que la malléabilité. Le but n'est plus d'attirer les meilleurs, mais les plus malléables. Pas ceux qui pensent, mais ceux qui acquiescent.
L'administration tunisienne est loin d'être irréprochable. Mais la facilité est de s'en prendre aux personnes et d'oublier le système. Cette institution a souvent été lente, parfois injuste, corrompue mais elle a aussi su tenir debout quand tout vacillait. Sur trois piliers : l'expérience, un dévouement discret, et une routine salutaire. Tout cela, payé à prix d'austérité, dans des conditions souvent difficiles. Aujourd'hui, ces piliers sont fragilisés – et l'on s'étonne que l'édifice craque.
Comment attirer des esprits vifs dans un labyrinthe de suspicion ? Comment exiger de l'excellence quand les archaïsmes du système hérité de la colonisation sont encore là ? Quand les services et les départements au sein d'un même ministère et entre ministères ne communiquent pas facilement ?
On ne modernise pas une administration en désignant des individus en leur prêtant des intentions qu'ils n'ont pas. Pour beaucoup, c'est la double peine : ils sont accusés d'avoir été victimes d'un système qui leur a coupé les ailes.
Et la démocratie ? Elle n'a pas quitté la pièce. Elle est toujours là, discrète, patiente, assise au bord du cadre. Elle attend son moment. Celui où quelqu'un se souviendra qu'elle ne fait pas de bruit, mais qu'elle est un mouvement inéluctable qui donne du sens à tout le reste.

L'administration, ce lien discret qu'on maltraite
L'Etat n'a pas besoin d'une purge. Il a besoin d'un projet. Et de compétences pour le porter.
Ce dont l'administration tunisienne a besoin, ce n'est pas d'un coup de balai, mais d'un souffle partagé. Une circulation d'expérience, un dialogue entre ceux qui débutent et ceux qui n'ont pas déserté.
Il faut parfois savoir dépasser les préjugés. Une administration, c'est une manière d'habiter le service, une fidélité au quotidien, une obstination tranquille à faire tenir ensemble les pièces du puzzle national, même quand la table tremble.
Une administration n'est pas une armée, encore moins une menace. Elle est ce fil discret mais solide entre l'Etat et les citoyens. Elle est ce qui reste quand les discours s'éteignent et que le quotidien reprend ses droits.
Il faut réapprendre à faire confiance. Pas à travers des slogans, mais à travers des gestes simples : une écoute, une reconnaissance, une formation qui accompagne. Un mot, parfois, suffit à redonner sens à un métier.
Il ne s'agit pas de se défendre entre collègues. Il s'agit de rappeler que sans ses serviteurs, l'Etat n'est qu'un décor vide.

* Pr Mohamed Salah Ben Ammar MD - MBA


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