La météo était capricieuse ce week-end à Bizerte-Nord, surtout pour Mehrez Ghannouchi. Après sa spectaculaire défaite aux législatives partielles – quatrième sur sept avec un score microscopique de 0,24% – les internautes tunisiens ne se sont pas contentés d'observer, ils ont sorti le sarcasme. Car Mehrez Ghannouchi, ce n'est pas n'importe qui. C'est une star du bulletin météo version Facebook, un influenceur climatique qui a longtemps confondu "engagement numérique" avec "adhésion populaire". « Moins de 300 voix après des années à poster, prier, prophétiser… C'est ce qu'on appelle une dépression tropicale », ironise un internaute. Un autre observe, hilare : « Chaque statut de Mehrez ramène des milliers de likes. Il se présente aux élections, il récolte 300 voix. Faudrait peut-être qu'il annonce sa candidature en story pour toucher plus de monde ». Le contraste entre son audience virtuelle et son isolement réel a inspiré des réflexions amères : « Facebook, les likes et les commentaires ne sont pas un indicateur. Les réseaux, c'est un monde virtuel plein d'hypocrisie et de mensonges ». Autrement dit : les likes pleuvent, mais la réalité électorale tranche, sèche et impitoyable.
Et puis il y a ceux qui voient dans ce flop une gifle au régime. « Mehrez Ghannouchi, candidat du pouvoir, fait 0,24%... » écrit-on, comme pour souligner l'humiliation. Un autre post va plus loin : « Ne parlons pas du taux de participation à 3%. Parlons plutôt de la défaite du candidat du pouvoir. Mehrez, malgré les flagorneurs à plein régime, a fini balayé comme poussière d'orage ». L'échec de Mehrez Ghannouchi est d'autant plus savoureux pour certains qu'il symbolise une forme d'imposture démasquée. Celle de l'illusion numérique transformée en rêve politique. Celle du serviteur zélé d'un pouvoir en mal de figures crédibles, soudain confronté au miroir cruel de l'électorat.