Un groupe de membres frondeurs de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) a vivement critiqué la décision de la direction actuelle d'organiser un « Congrès national pour les droits, les libertés et pour une République démocratique », prévu pour le 31 mai 2025. Dans un appel rendu public vendredi 16 mai 2025, les signataires (dont un membre du comité de direction et la présidente de la section Sfax nord) dénoncent une initiative unilatérale, prise sans consultation des structures internes ni des adhérents, et accusent la direction de déroger aux principes fondateurs de l'organisation. Selon ce groupe dissident, le congrès annoncé ouvre la porte à une participation indiscriminée, sans égard pour les trajectoires militantes ou pour les victimes de la décennie. Ils s'en prennent en particulier à l'appel de la LTDH à libérer tous les détenus et à abroger les lois liberticides, qu'ils perçoivent comme une tentative de blanchiment au profit de personnes impliquées, selon eux, dans des actes de violence, de terrorisme, de corruption ou encore dans des violations des droits des femmes. Ils appellent ainsi au boycott du congrès du 31 mai, qu'ils qualifient de « mascarade », et exhortent à l'organisation d'un congrès national alternatif. Ce congrès parallèle devrait, selon eux, replacer « les droits humains dans leur globalité au cœur de l'action de la Ligue, défendre les principes d'une justice indépendante et exiger l'abrogation du décret 54 », etc. Les dissidents lancent enfin un appel à toutes les forces démocratiques, progressistes et aux défenseurs des droits humains pour faire échec à ce qu'ils considèrent comme une tentative de détournement de la LTDH, et œuvrer à la tenue d'un congrès crédible, indépendant et fidèle à l'héritage de l'organisation.
À noter qu'un incident a eu lieu ce jour même lors d'une réunion du Conseil national de la LTDH : plusieurs de ces membres ont tenté de forcer leur présence, en violation directe du règlement intérieur, qui limite la participation à ce type de réunions aux membres du bureau exécutif et aux présidents de sections ou à leurs représentants. L'action de ce groupe a suscité de vives critiques, certains observateurs y voyant une tentative à peine voilée de réactiver des méthodes anciennes de déstabilisation interne, consistant à instrumentaliser les divisions au sein des organisations de la société civile pour servir les intérêts du pouvoir en place et affaiblir les contre-pouvoirs.