L'ancien diplomate Abdallah Laabidi a déclaré, lundi 19 mai 2025, que la Tunisie devait « définir ses alliances sans s'engager dans des axes hostiles ». Lors de son intervention sur Jawhara FM, il a ajouté qu'il n'était pas possible de compter sur le pôle chinois, « dont nous ne comprenons ni la langue, ni les traditions, ni la culture ». Abdallah Laabidi a précisé : « Celui qui mise sur la Chine doit s'attendre à des décennies d'attente… Nous devons d'abord comprendre leur langue, leur civilisation, leur culture et leurs traditions. Et puis, qui sait ce qu'ils nous réserveront un jour ? Si tu ne renforces pas tes propres capacités et ne définis pas tes priorités, aucun pays ou camp ne pourra te venir en aide ». Il a souligné que « même des constantes qui semblaient immuables ont été ébranlées », faisant référence aux relations entre la Tunisie et le Maroc, et qu'il fallait rechercher des alliances et des ententes sans tomber dans des logiques d'hostilité. Par ailleurs, Abdallah Laabidi souligne que « la Tunisie manque d'une politique étrangère claire et cohérente », ce qui limite son influence et sa capacité à naviguer efficacement entre les différents enjeux régionaux et mondiaux. Selon Abdallah Laabidi, la Tunisie doit impérativement redéfinir ses priorités en matière de politique étrangère. « Il est crucial, affirme-t-il, que la Tunisie évite de se mêler à des conflits dépassant sa taille et ses capacités. » Il dénonce notamment l'absence d'une stratégie claire face aux crises qui secouent la région arabe, où les tensions entre pays voisins comme le Maroc, la Mauritanie et la Libye compliquent davantage la situation. Il rappelle que cette dispersion nuit à la crédibilité tunisienne et à son rôle sur la scène arabe. Pour lui, la Tunisie gagnerait à se concentrer sur ses intérêts nationaux et à bâtir des alliances fondées sur des intérêts partagés, plutôt que sur des engagements émotionnels ou idéologiques. « Une politique pragmatique, tournée vers la stabilité interne et le développement économique, devrait primer », insiste-t-il. Parallèlement à sa position régionale, la Tunisie est engagée dans une dynamique nouvelle avec la Chine, un acteur global dont l'influence croissante transforme les équilibres internationaux. Abdallah Laabidi souligne que cette relation nécessite une approche réfléchie et bien préparée. Il explique que « pour réussir une alliance stratégique avec la Chine, il ne suffit pas de signer des accords commerciaux : il faut comprendre profondément leur culture, leur langue, leur politique ». Il met en garde contre la tentation de reproduire les erreurs du passé, où certains pays arabes ont tenté de nouer des liens sans saisir les subtilités culturelles et stratégiques de leurs partenaires. Abdallah Laabidi évoque ainsi la nécessité d'une diplomatie tunisienne capable d'apprendre des empires anciens, qui savaient s'adapter à la diversité des peuples et des systèmes. « La Chine ne fait pas exception à cette règle », précise-t-il. Abdallah Laabidi insiste aussi sur l'importance du facteur humain dans ces relations internationales. Pour lui, « la compréhension mutuelle entre peuples est la clé pour des partenariats durables ». Face aux bouleversements régionaux et aux pressions internationales, la Tunisie a donc un rôle à jouer, mais elle doit d'abord consolider sa stratégie extérieure. Abdallah Laabidi rappelle : « La Tunisie ne doit pas être un simple spectateur ou un pion dans les jeux régionaux. Elle doit se donner les moyens d'exister en tant qu'acteur indépendant, en définissant clairement ses objectifs et en nouant des alliances solides et réfléchies, notamment avec des puissances comme la Chine ».