Dans une publication poignante partagée, vendredi 23 mai 2025, Faïza Rahem, épouse du prisonnier politique et secrétaire général du parti Al Jomhouri Issam Chebbi, livre un témoignage à vif. Elle y dénonce l'injustice dont son mari est victime, évoque les souffrances quotidiennes des familles de détenus, et fustige un pouvoir qui, selon elle, a « volé sa liberté avec des accusations fabriquées de toutes pièces ». « Je ne pardonne ni à ceux qui l'ont injustement condamné, ni à ceux qui se sont tus. Je ne pardonne pas au pouvoir qui a volé la liberté d'Issam avec des affaires montées de toutes pièces, qui lui a arraché deux ans et demi de sa vie, et de la mienne ».
Dans ce texte empreint d'émotion, Faïza Rahem revient sur l'absence d'Issam Chebbi lors des fêtes familiales : « Ce n'est pas rien de passer cinq Aïds, et d'approcher le sixième, sans lui. Sa place est grande et personne ne peut la combler ». Elle décrit ensuite le quotidien imposé aux familles des détenus. Un ballet interminable entre les marchés, les cuisines et les postes de contrôle, où les repas soigneusement préparés doivent respecter une liste d'interdictions arbitraires. « Notre vie se partage entre la corvée du couffin et les plats autorisés à faire entrer, entre les allers-retours à la prison de la Mornaguia, les points de passage, les longues files d'attente, et les remarques humiliantes et les gros mots alors qu'on est accompagné de nos enfants ou parents ». Et tout cela pour quelques instants volés derrière une vitre : « On attend pendant des heures pour une visite de quinze minutes. Et le pire, c'est de ne pas avoir droit à une visite directe, parce qu'Issam est classé terroriste. Ils ont monté un mensonge, et ils y ont cru ! », s'est-elle exclamée.
Dans une dernière adresse acérée, elle exprime son souhait que ceux qui ont « fabriqué, monté ou justifié ce dossier de complot contre la sûreté de l'Etat », goûtent à leur tour à cette douleur : « C'est une souffrance que seuls ceux qui l'ont vécue peuvent comprendre. Et je ne la souhaite à personne, sauf à ceux qui ont inventé cette affaire, à ceux qui ont participé à sa fabrication, et à ceux qui le justifient aujourd'hui… ». Elle conclut par une double revendication : « Liberté pour Issam Chebbi et pour tous les libres. Vive la Tunisie, à bas la tyrannie ! ».
Arrêté en février 2023 dans le cadre de l'affaire dite de complot contre la sûreté de l'Etat, Issam Chebbi fait partie d'un groupe de figures politiques, syndicales et médiatiques poursuivies pour leurs critiques du régime. Après plus de deux ans de détention préventive, il a été condamné en avril 2025 à une lourde peine de prison (18 ans) à l'issue d'un procès décrié comme inéquitable et politique.