Une page de propagande très active et bien connue pour ses accointances avec les sphères proches du pouvoir a publié, samedi 31 mai 2025, un sondage en ligne particulièrement choquant. Les internautes étaient appelés à se prononcer « pour ou contre la prononciation de la peine de mort contre Abir Moussi », présidente du Parti Destourien Libre (PDL). L'initiative, aux relents de règlement de compte politique, a immédiatement suscité une vague d'indignation sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes ont dénoncé un appel explicite au meurtre, estimant qu'il ne s'agissait plus d'un simple débordement d'opinion mais d'une incitation dangereuse à la violence politique. « L'appel explicite et incitatif à l'exécution d'Abir Moussi dépasse de loin toute limite liée à la liberté d'expression ou à une opinion divergente. Il s'agit d'un appel extrêmement grave, qui pourrait être suivi par d'autres appels similaires visant d'autres personnalités » s'est indignée la journaliste Khaoula Boukrim. Les commentateurs ont rappelé avec inquiétude le précédent de l'e l'avocat Ahmed Souab, visé récemment par une campagne de diabolisation similaire, qui avait débouché sur une action judiciaire éclair. « Il est regrettable que le ministère public n'agisse que dans un seul sens. Cela commence par Abir… Si le silence et la complaisance se poursuivent, le pire est à venir » a-t-elle souligné. Dans un pays où près de 200 personnes sont actuellement détenues pour leurs opinions, ce genre de publications alarme de plus en plus l'opinion publique. Plusieurs voix ont ainsi appelé à une réaction ferme de la justice, pour mettre fin à ce qu'elles qualifient de « dérives populistes » devenues banales dans l'espace numérique tunisien. « Ce sont des procès populaires auxquels il faut s'opposer avec la force de la loi, et il faut tenir pour responsables ceux qui sont derrière ces publications qui adoptent un discours appelant explicitement à la violence et à la vengeance » a affirmé Mostafa Abdelkebir, président de l'Observatoire tunisien des droits de l'Homme. Au-delà de la personne d'Abir Moussi, cette affaire met en lumière une banalisation du discours haineux et vengeur dans certaines sphères médiatiques et politiques, accentuée par une justice perçue comme sélective.
Mise à jour : Le sondage a discrètement disparu quelques heures après sa mise en ligne, sans qu'aucune explication ne soit donnée par ses auteurs. Trop explicite, peut-être ?