À l'approche de l'été, les autorités tunisiennes redoublent d'efforts pour prévenir les incendies de forêt, un fléau qui menace gravement l'environnement, l'économie locale et la sécurité des populations. Le ministère de l'Agriculture et la Direction générale des forêts ont ainsi renforcé leur dispositif de prévention, comme l'a détaillé Laroussi Rebaï, chef du service de la protection des forêts, lors de son intervention sur les ondes de la Radio nationale, le mercredi 4 juin 2025. Une décennie de pertes lourdes et durables En dix ans, près de 50 000 hectares de forêts tunisiennes ont été ravagés par les flammes. « Ce n'est pas seulement un problème agricole, c'est une perte majeure pour le pays tout entier », a souligné Laroussi Rebaï. La forêt représente une source de revenus essentielle pour environ un million de citoyens vivant dans ou à proximité des zones boisées. Au-delà de l'aspect économique, les forêts jouent un rôle vital dans la préservation de l'écosystème : elles régulent le climat, abritent une biodiversité riche, contribuent à la qualité de l'air et freinent les effets du changement climatique. Leur disparition fragilise tout l'équilibre écologique du pays.
Des départs de feu déjà signalés Alors que l'été ne fait que commencer, plusieurs incendies ont déjà été enregistrés dans les gouvernorats de Jendouba et Siliana. Ces sinistres ont entraîné la destruction d'environ 50 hectares de cultures céréalières et fourragères, ainsi que de 15 hectares de zones forestières ou semi-forestières. Les régions les plus vulnérables restent concentrées dans le Nord-Ouest : Jendouba, Béja, Bizerte, Siliana et Kasserine, connues pour leur couverture forestière dense et donc particulièrement exposées aux risques d'incendie.
Un plan national articulé et une coopération régionale Face à ces menaces récurrentes, un plan national de prévention a été mis en place, articulé autour de quatre axes majeurs : la surveillance, la coordination entre les différents secteurs, la sensibilisation des citoyens et la répression des actes irresponsables. La coopération avec l'Algérie a également été renforcée à travers un protocole d'intervention conjointe pour les zones frontalières, où les incendies peuvent facilement se propager d'un pays à l'autre.
Une mobilisation multisectorielle en cas de crise En cas d'incendie, l'intervention est organisée selon un système d'alerte gradué : * L'administration des forêts agit en première ligne. * La protection civile est mobilisée dès que le feu s'étend. * L'armée nationale, terrestre et aérienne, entre en action pour les sinistres de niveau 3 et 4. Par ailleurs, des campagnes de reboisement sont menées depuis plusieurs années. Environ 70 % des zones incendiées peuvent se régénérer naturellement, à condition que les conditions climatiques soient favorables. Pour les zones les plus touchées, des programmes de reforestation sont lancés chaque automne, en partenariat avec les collectivités locales, les ONG, les bénévoles et les habitants.
Vers une valorisation responsable des forêts Pour mieux protéger les forêts, les autorités misent également sur leur valorisation à travers le développement d'un tourisme écologique et responsable : randonnées, campings, séjours éducatifs… « La forêt est bien plus qu'une ressource naturelle. C'est un espace de vie et de respiration pour tous », rappelle M. Rebaï. Mais il insiste sur la nécessité de respecter les règles d'accès : « L'entrée dans les forêts est libre, mais encadrée. Il faut éviter les comportements à risque : un feu mal éteint ou un déchet jeté négligemment peut suffire à provoquer une catastrophe. » Si certaines causes d'incendie sont naturelles, la majorité relève de la négligence humaine, voire d'actes délibérés. D'où, souligne le responsable, l'importance cruciale de la sensibilisation et de l'implication des communautés locales dans les dispositifs de prévention.