Le ministère public près le Tribunal de première instance de Tunis a autorisé l'ouverture d'une enquête sur des soupçons de corruption financière et administrative au sein de la Société Ellouhoum. L'information a été confirmée par la députée Syrine Mrabet, jeudi 5 juin 2025. Cette décision intervient à la suite d'une visite de terrain effectuée le 29 mai dernier par une délégation de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), à l'approche de l'Aïd el-Kebir. Composée de membres de la Commission de l'industrie, du commerce, de l'énergie et de l'environnement, ainsi que d'autres députés de la région de Tunis, la délégation avait entamé sa mission par une réunion de travail au siège de l'entreprise. Le gestionnaire délégué y a présenté les principales activités de la société, en insistant sur son rôle essentiel dans la régulation du marché des viandes rouges et la maîtrise des prix. Au cours des échanges, les députés ont été informés des difficultés financières rencontrées par Ellouhoum, notamment des dettes accumulées depuis 2012 auprès de la Banque nationale agricole (BNA), dues à des pertes liées aux opérations d'importation de moutons pour l'Aïd el-Kebir. Le gestionnaire a également évoqué le manque de moyens matériels et proposé plusieurs pistes pour redresser la situation, dont la réhabilitation des abattoirs et une intervention de l'Etat visant à alléger les charges financières. Les députés ont rappelé les efforts législatifs déjà engagés, comme les exonérations douanières inscrites dans les lois de finances de 2024 et 2025, tout en plaidant pour l'adoption de mesures supplémentaires afin de permettre à la société de retrouver sa place centrale dans le secteur. Au cours de leur visite, les élus ont constaté plusieurs irrégularités, notamment la stagnation des eaux usées, et ont appelé à une réhabilitation urgente de la station d'épuration ainsi qu'à la mise en place d'un programme de valorisation des déchets. Ils ont également pris en compte les doléances des employés et souligné la nécessité d'une meilleure exploitation du foncier. Par ailleurs, ils ont insisté sur l'urgence d'élaborer une vision claire pour réformer et développer durablement le secteur de la viande.
Parallèlement, le ministère public a mandaté les agents de la Direction des affaires judiciaires de la Garde nationale à Ben Arous pour mener les investigations nécessaires sur des allégations de gestion irrégulière et de corruption au sein de la société. Ces investigations concernent plusieurs responsables, dont un ancien directeur général, alors que le directeur général actuel n'a été nommé que depuis quelques semaines.