Caravane Al Soumoud : le camp encerclé, l'accès à l'aide bloqué    Tunis condamne l'attaque israélienne contre l'Iran et appelle à une réaction internationale    L'Iran abat deux F-35 israéliens et lance une riposte massive    Espérance de Tunis : le jeune Burkinabè Jack Diarra rejoint les sang et or    Détention d'Abir Moussi : la défense dénonce un non-sens juridique    Orages sur Paris : Tunisair annule un vol et reprogramme ses passagers    Faux diplômes à Tunisair : l'audience de l'ex-PDG et du syndicaliste reportée    Collision entre deux camions à Nabeul    Israël se prépare à plusieurs ripostes iraniennes, selon Netanyahu    Maher Kanzari avant le Mondial des Clubs: "Nous voulons marquer l'histoire"    Bou Argoub : Un quinquagénaire retrouvé égorgé à son domicile    Annonce des lauréats du 16e Prix Arabe Mustapha Azzouz    Tunisie: Nouvelle nomination à la tête des Ciments de Bizerte    ARP: Séance d'audition sur le projet de loi relatif à la profession de notaire    Iran: détection de rejets radioactifs à l'intérieur de l'installation nucléaire de Natanz    le Royaume-Uni actualise ses avertissements de voyage vers des pays arabes, dont la Tunisie    Tunisiens à l'étranger : Le port de Zarzis accueille les premiers voyages de retour    Crash en Inde : le seul survivant raconte l'impensable    From Ground Zero de Rashid Masharawi : miroir de la guerre à Gaza à travers 22 regards    Bâtiments en péril : Le ministère de l'Equipement passe à l'action !    Caravane de la Résistance : la vidéo virale montre en réalité des supporters de NBA    Plus de six milliards de dinars de recettes issues des TRE et du tourisme    Décès de Mohamed Ali Belhareth    Samsung QLED et Quantum Dot : Quand la science des couleurs redéfinit le confort visuel    Hand-Espérance ST : L'entraineur Bacem Sobki prolonge d'une saison supplémentaire    Trump met en garde l'Iran contre des attaques « plus brutales »    La Chine supprime les droits de douane sur les exportations tunisiennes    Composition du nouveau comité directeur de l'AHK Tunisie    Festival International du Cirque et des Arts de la Rue: la magie opère sur l'Avenue Habib Bourguiba    La Tunisie inaugure le 1e service d'oncologie oculaire dans le secteur public en Afrique à l'Institut Hédi Raies    Ennahdha appelle à une évaluation critique de son parcours    Itissalia : une dissolution, 1800 recrutements et un parfum de scandale    Coupe du monde des clubs 2025 : où et comment suivre tous les matchs, dont ceux du PSG    Météo en Tunisie : températures entre 29 et 40 degrés    Abdelkebir : la caravane Al Soumoud ne peut que se conformer à la décision des autorités    Tourisme en essor : près de 10 000 croisiéristes à La Goulette    Kaïs Saïed : la Loi de finances est la concrétisation budgétaire des choix du peuple    Abdallah Laabidi : la frappe israélienne sur l'Iran est la première étincelle de la guerre !    Finances publiques : s'attarder sur 2025 avant d'envisager 2026    L'industrie cinématographique tunisienne au cœur d'un projet de réforme législative    Le Festival International des Arts du Cirque et des Arts de la Rue arpente 10 régions de Tunisie du 12 au 29 juin 2025    Festival d'Avignon 2025 : la Tunisie à l'honneur avec une création chorégraphique engagée sur Laaroussa de Sejnane    Quand la zokra fusionne avec la clarinette, à Sfax et Kerkennah    Jalila Ben Mustapha, une vie militante pour la femme, les pauvres et la Tunisie    Les Métiers de l'artisanat tunisien à l'honneur à travers une série de 4 timbres émis par la Poste Tunisienne    Cristiano Ronaldo met fin aux rumeurs : ''Je reste à Al-Nassr''    Carlos Alcaraz, roi de Roland-Garros : un sacre héroïque face à Sinner    Ons Jabeur vise un retour en force à Berlin après sa déception à Roland-Garros    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Itissalia : une dissolution, 1800 recrutements et un parfum de scandale
Publié dans Business News le 13 - 06 - 2025

Créée pour rationaliser les services de gardiennage et de nettoyage dans le secteur public, la société Itissalia a été dissoute en quelques jours sur ordre présidentiel. Mais loin de disparaître en silence, elle laisse derrière elle une bombe sociale et financière : près de 1.800 recrutements de dernière minute, sans besoin réel, qui devront être absorbés de force par ses anciens clients. Une manœuvre habile qui pourrait bien cacher une opération frauduleuse de grande ampleur. L'Etat et le parquet vont-ils réagir ?

Créée en 2013 sous le gouvernement de la Troïka, Itissalia Services est une société à capitaux publics spécialisée dans la sous-traitance de services : gardiennage, nettoyage, dératisation, entretien d'espaces verts, surveillance, accueil, logistique. Elle emploie plusieurs milliers d'agents et affiche un portefeuille client prestigieux : ministères, offices publics, banques, entreprises d'Etat, collectivités.
Dotée d'un capital de 465.000 dinars, ses principaux actionnaires sont Tunisie Telecom (36 %), La Poste tunisienne, l'Agence nationale des fréquences, l'Office national de télédiffusion, le Pôle El Ghazala, et la SGVE Phenix. En 2022, son chiffre d'affaires atteint 43 millions de dinars, pour un bénéfice net de deux millions. Ses marges, contrairement aux allégations du président de la République, restent modestes, compte tenu des charges d'exploitation.
La décision de dissoudre Itissalia a été prise brutalement par Kaïs Saïed entre le 29 mai et le 3 juin 2025. En moins d'une semaine, la société est liquidée sur la base d'un simple postulat idéologique : selon le chef de l'Etat, les entreprises de sous-traitance seraient des formes d'« esclavage moderne », contraires à la justice sociale.

Une dissolution idéologique, précipitée et sans étude d'impact
Sur le plan du droit du travail, de la gestion administrative et de l'équilibre budgétaire, cette dissolution soulève d'innombrables questions. Le président n'a fourni aucune preuve de traitement indigne des salariés d'Itissalia. Au contraire, l'entreprise applique les barèmes légaux et les conventions collectives en vigueur. Ses agents sont déclarés, encadrés et payés.
Le gouvernement n'a commandé aucune étude d'impact. Pourtant, l'intégration directe des agents d'Itissalia dans les structures clientes soulève des défis considérables : budgets non prévus, besoins non permanents, profils non adaptés à l'emploi à temps plein.
Comment une mairie va-t-elle justifier le recrutement à durée indéterminée d'un jardinier dont elle avait besoin deux heures par mois ? Comment une entreprise peut-elle absorber un agent affecté uniquement aux remplacements en cas d'absence ? Comment un ministère peut-il recruter un agent de dératisation alors que ce service est sollicité une fois l'an ?
La sous-traitance existe précisément pour répondre à ces besoins ponctuels. En la supprimant, on crée de nouveaux dysfonctionnements.

Le rebondissement : 1800 recrutements de dernière minute
Le jeudi 12 juin, l'affaire prend une tournure inattendue. Invité sur Jawhara FM, le député Youssef Tarchoun révèle un fait explosif : le nombre d'employés d'Itissalia est passé en quelques semaines de 3000 à… 4800. Soit 1800 recrutements de dernière minute, effectués juste avant la dissolution.
Selon le député, ces recrutements ont concerné des proches, amis et membres des familles des agents en poste. L'objectif ? Bénéficier des dispositions de la nouvelle loi interdisant la sous-traitance. Car celle-ci prévoit l'obligation, pour les anciens clients, d'intégrer dans leurs effectifs les agents mis à leur disposition.
Autrement dit, Itissalia a sciemment gonflé ses effectifs pour transférer artificiellement ces charges humaines et financières aux ministères, entreprises et communes clientes. Ces dernières n'avaient rien demandé. Elles devront pourtant accueillir ces nouveaux agents… sans budget, sans planification, sans même pouvoir refuser.

Une possible escroquerie d'Etat ?
Ce que le député décrit n'est pas une simple dérive. Cela pourrait bien relever d'une fraude structurée, préméditée, reposant sur un usage abusif des textes législatifs.

Itissalia était une société à capitaux publics. Si ces faits sont avérés, il s'agirait d'un détournement indirect de la commande publique : recruter fictivement, transférer la charge à des institutions tierces, profiter d'un vide juridique pour verrouiller l'absorption.
La responsabilité des dirigeants de la société est clairement engagée. Mais qu'en est-il de celle des actionnaires publics ? Ont-ils approuvé ces recrutements en conseil d'administration ? Ont-ils fermé les yeux ? Ont-ils été mis devant le fait accompli ? Leur silence aujourd'hui les rend complices, de fait.
Et surtout : le parquet va-t-il s'autosaisir ?
Il est question ici de manipulation d'une loi de la République, au détriment de l'intérêt public. Peut-on vraiment parler d'un simple excès de zèle managérial ? Ou faut-il évoquer, à demi-mot, un complot contre les finances de l'Etat ?

Quand la loi produit l'injustice
L'histoire d'Itissalia illustre une chose simple : une loi mal conçue, appliquée dans la précipitation, peut devenir un outil d'abus encore plus redoutable que ce qu'elle prétend combattre.
Ce que Kaïs Saïed a voulu dissoudre, ce ne sont pas des pratiques illégales, mais des structures qui dérangeaient sa vision morale du travail. Mais en supprimant la souplesse, il a offert aux dirigeants d'Itissalia une opportunité unique d'abuser du système, en toute légalité apparente.
Le résultat : les clients, publics comme privés, se retrouvent forcés de recruter. Le budget de l'Etat devra absorber une masse salariale non planifiée. Et ceux qui ont tiré les ficelles de cette opération sont désormais à l'abri.
L'affaire Itissalia est plus qu'un énième raté administratif. Elle montre comment l'idéologie, mal maîtrisée, peut être instrumentalisée pour servir des intérêts personnels, au détriment du bien commun.
Il est désormais impératif que la justice fasse la lumière sur cette affaire :
– Qui a recruté ces 1800 personnes ?
– Qui a validé ces décisions ?
– Etait-ce concerté avec certains acteurs politiques ?
– Et surtout : quand est-ce que les premières alertes ont été remontées, et pourquoi n'y a-t-on pas réagi ?
Il est temps d'enquêter et d'identifier les responsables parmi les dirigeants d'Itissalia et les membres de son conseil d'administration parmi les actionnaires. Car si rien n'est fait, cela reviendrait à légitimer un précédent gravissime : celui où l'on dissout une société publique pour mieux faire exploser ses charges… dans le dos de l'Etat.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.