Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a vivement réagi au communiqué du ministère de l'Agriculture relatif à la prolifération des algues microscopiques dans le golfe de Monastir, qui a entraîné un changement de la couleur de la mer et la mort massive de plusieurs espèces marines. Dans un communiqué publié le lundi 23 juin 2025, le FTDES exprime son étonnement face à ce qu'il considère comme une tentative du ministère de minimiser l'ampleur de la catastrophe, en attribuant la situation à des causes naturelles telles que la hausse des températures ou les pluies printanières. Le Forum rappelle que cette région subit, depuis les années 1990, une pollution chronique liée au rejet quotidien d'eaux usées domestiques et industrielles dans le golfe, notamment depuis les stations d'épuration de Sayada, Lamta, Bouhjar, Frina et Jemmel.
Selon le FTDES, de nombreuses études et rapports, remontant à 1994, pointent la responsabilité directe de l'Office national de l'assainissement (Onas) et des industriels dans les multiples crises environnementales qui ont affecté la zone. Le Forum cite à cet égard plusieurs épisodes de pollution documentés, survenus au cours des trois dernières décennies. Il accuse également les autorités de vouloir blanchir des politiques publiques qu'il juge « désastreuses », en occultant la responsabilité humaine dans cette dégradation continue. Le FTDES rappelle que le ministère de l'Agriculture lui-même, dans un rapport datant du 12 septembre 2013, reconnaissait déjà l'ampleur des agressions environnementales subies par le golfe, appelant alors à l'arrêt immédiat de tout rejet d'eaux usées, qu'elles soient traitées ou non.
Face à la gravité de la situation, le FTDES formule plusieurs revendications : • La proclamation d'un état d'urgence environnementale, assorti de mesures à court, moyen et long terme pour tenter de sauver les écosystèmes et les activités économiques locales, notamment la pêche. • La tenue d'un conseil ministériel extraordinaire dédié au golfe de Monastir, avec des décisions financières et opérationnelles concrètes pour stopper la pollution. • La responsabilisation des autorités compétentes, appelées à répondre aux revendications légitimes des habitants pour un environnement sain. • La poursuite de toutes les parties responsables, accusées d'avoir aggravé la situation en persistant dans des politiques environnementales inefficaces. • Un avertissement sur les risques sociaux, le Forum mettant en garde contre une aggravation des tensions dans la région, en l'absence de volonté politique réelle.
Le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a lancé, samedi, un appel à la vigilance suite à l'apparition du phénomène de marée rouge le long des côtes du gouvernorat de Monastir, notamment entre les villes de Khenis et Teboulba. Ce phénomène s'est accompagné d'une mortalité inhabituelle de poissons dans la région. Les premières analyses ont montré que, contrairement à des épisodes précédents liés à des bactéries sulfato-réductrices, la situation actuelle est causée par une prolifération de microalgues favorisée par une abondance de nutriments due aux fortes pluies et aux rejets urbains, une forte présence d'algues vertes, des températures élevées, une stagnation des eaux et l'absence de vent, entraînant une chute importante de l'oxygène dissous et la mort de la faune marine. Face à cette situation, les autorités recommandent aux pêcheurs et aux habitants de ne pas pêcher, consommer ou vendre de poissons morts ou d'origine inconnue, en particulier ceux ne circulant pas dans les circuits officiels de distribution et échappant au contrôle vétérinaire. Le ministère appelle également les citoyens à signaler toute activité suspecte aux autorités locales.