Le médecin et chargé du dossier de l'addiction au sein du ministère de la Santé, Nabil Ben Salah, a considéré que la Tunisie était infiltrée par les trafiquants de drogue et qu'il fallait aborder le problème comme une question de sûreté nationale. S'exprimant le 15 juillet 2025 durant Echeraa El Tounsi de Oussama Souiai sur Express FM, Nabil Ben Salah a affirmé que l'addiction était une maladie devant faire l'objet d'une approche globale prenant en considération l'aspect médical, mais aussi la question de la lutte contre le trafic de drogue. Selon lui, il faut limiter l'offre, c'est-à-dire lutter contre l'acheminement de drogue vers le territoire tunisien. « L'addiction est considérée comme une maladie psychiatrique chronique... Le traitement inclut une approche médicale, psychologique et sociale… En réalité, nous n'avons pas mené d'étude portant sur toutes les catégories... Celles déjà réalisées visent les jeunes... Des études ont eu lieu en 2013, 2017 et 2021, portant sur les élèves du collège… On considère qu'à partir de cet âge, on commence à être tenté par tout ce qui est interdit… Nous avons remarqué une hausse de la consommation de drogue, notamment du cannabis dont la consommation est passée de 1,5% en 2013, à 3% en 2017, puis à 7,9% en 2021… Celle de l'ecstasy a été multipliée par sept entre 2013 et 2017, et par deux entre 2017 et 2021… Il y a eu la cigarette électronique, qui a été créée pour arrêter de fumer et quitter l'addiction au tabac… Maintenant, on commence par ce produit, et on l'utilise aussi pour consommer d'autres drogues… Le tabac et l'alcool sont des substances addictogènes, mais qui ne sont pas classées comme des produits interdits à la consommation… Il y a une banalisation de la cigarette… Les enfants commencent majoritairement par la cigarette… En moyenne, on commence à fumer à partir de dix ans… La baisse de l'âge du tabagisme signifie une baisse de l'âge de consommation de drogues… La consommation de cannabis a un impact sur les poumons et sur l'état psychologique, car elle peut dévoiler une schizophrénie cachée… Les raisons qui poussent les jeunes à consommer sont diverses : familiales, économiques et autres… Ils n'ont pas de personnes à leur écoute… On doit les encourager à s'exprimer… Ils ne doivent pas avoir peur de s'exprimer… Ils consomment pour oublier », a-t-il expliqué.
Nabil Ben Salah a indiqué que les jeunes étaient séduits par les drogues. On leur offre la première dose afin de les inciter à consommer et pour les transformer en consommateurs. Il a appelé à expliquer aux jeunes les risques liés à chaque drogue et aux différents modes de consommation pouvant parfois être liés à des seringues contaminées par le VIH. Pour ce qui est du traitement de la toxicomanie, Nabil Ben Salah a affirmé que cela n'était pas tributaire de l'admission dans un centre spécialisé. Dans huit cas sur dix, on procède à un traitement ambulatoire, c'est-à-dire à des visites de deux à trois fois par semaine. L'admission dans le service de réhabilitation du centre de Jebel El Ouest se fait de façon occasionnelle. Celle-ci inclut des thérapies de groupe et un suivi adapté. Le médecin a expliqué que les groupes étaient triés en fonction de la tranche d'âge. Les adolescents sont de préférence admis dans les centres de jour. Cela signifie que les personnes traitées passent la journée dans ces centres, mais n'y résident pas. Il a expliqué que la Tunisie disposait de cinq centres de traitement de la toxicomanie et que deux autres centres seront bientôt installés à Sfax et à Sousse. Il a considéré que ce nombre était insuffisant. Nabil Ben Salah a révélé une volonté des autorités de former du personnel au niveau des dispensaires de santé de base afin de lutter contre la toxicomanie, de prévenir ce fléau et de traiter les consommateurs de drogue.