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Une consommation dite « festive » et une autre dite « problématique »
Fléau: La face cachée d'une toxicomanie à deux vitesses...
Publié dans Le Temps le 07 - 05 - 2007


Le Professeur Jouda Ben Abid
*Une pathologie qui touche surtout les hommes
*La thérapie ne peut être individuelle : elle exige un travail d'équipe et un contexte collectif.
La toxicomanie constitue un problème de santé publique et touche surtout les jeunes de sexe masculin.
Tous les experts s'accordent, aujourd'hui, à penser que la toxicomanie naît de trois éléments : un produit, une personnalité et un moment socioculturel L'abus de substances a un retentissement somatique, familial, social et judiciaire ce qui nécessite une prise en charge thérapeutique multidisciplinaire. La toxicomanie désigne l'usage répété et compulsif d'une ou de plusieurs substances psychoactives.

La toxicomanie du grec toxikon (poison et mania = folie) se traduit comme le précise l'encyclopédie Wikipédia « un usage répété et excessif d'une ou plusieurs substances toxiques (analgésiques et ou/ psychotropes) sans justification thérapeutique. Cet usage s'accompagne d'un désir incontrôlable de continuer à consommer le produit, accompagné d'accoutumance et de dépendance » Selon l'OMS, la définition stricte de la toxicomanie correspond à quatre éléments : Une envie irrépressible de consommer le produit, une tendance à augmenter les doses, une dépendance psychologique et parfois physique et des conséquences néfastes sur la vie quotidienne (émotives, sociales, économiques). Une étude a été effectuée par le Dr. Mabrouk Ghaouer de l'hôpital Razi sur les nouveaux aspects de la toxicomanie en Tunisie et a essayé de rechercher les nouveaux aspects de la toxicomanie tout en étudiant les facteurs associés à la conduite toxicomaniaque. « Il s'agit d'une étude rétrospective qui a intéressé les patients hospitalisés au moins une fois durant la période du 1er janvier 2006 au 31 mars 2007. nous précise Dr Ghaouer. « L'échantillon était composé de 652 patients ( 430 hommes et 222 femmes) et a inclus tous ceux qui ont présenté des conduites d'abus ou de dépendance à une substance toxique. Parmi cette population, on s'est intéressé aux patients qui ont consommé des solvants volatiles, du buprénorphine (subutex) et ou d'amphétamine, à la toxicomanie féminine et familiale quelque soit le produit utilisé. Sur les 652 patients, 112 cas avaient des conduites toxicomaniaques. Les nouveaux aspects de la toxicomanie ont intéressé 30 patients : 13 femmes, 13 consommateurs de colle, 3 consommateurs du buprénorphine et un consommateur d'amphétamine. Pour les solvants volatiles, l'étude a montré que les 13 patients qui consomment de la colle étaient de sexe masculin. L'âge moyen était de 27,3. Le buprénorphine (subutex), un produit de substitution de l'héroïne est consommé par trois patients alors qu'un sel patient était dépendant à l'amphétamine. Il a commencé à utiliser ce produit lorsqu'il était footballeur. La toxicomanie féminine était retrouvée chez 13 cas soit 2% du total des patients et 5,8% du total des femmes. L'âge moyen était 36,8 ans. L'âge moyen de début était de 17,6 ans. Un abus de cannabis a été détecté chez une famille monoparentale (une mère et son fils) qui était hospitalisée pour des syndromes schizophréniques. » Ainsi on constate deux modes de consommations : une consommation dite festive ou récréative ou parfois de performance qui concernerait une population jeune et une consommation dite problématique désignée par le terme toxicomanie qui concernerait une population en difficulté. Ces produits consommés sont souvent les psychodysleptiques (produits qui modifient l'activité mentale comme les hallucinogènes, les enivrants, l'alcool, l'éther, le cannabis, la morphine,etc...) les psychose stimulants ( cocaïne, amphétamine, café, thé, tabac)

Les facteurs prédisposant à la toxicomanie
La toxicomanie touche surtout les hommes. Mais il existe des facteurs sociaux et psychiatriques prédisposant à la toxicomanie. Dr Ghaouer note dans son enquête trois facteurs : « Des facteurs sociaux liés au chômage (23 cas) au séjour à l'étranger (7 cas ) à la délinquance (10 cas ) aux incarcérations (18 cas ), des facteurs familiaux : 21% des patients sont issues de familles désunies (Conflits familiaux, divorce décès d'un ou deux parents, solitude) et des facteurs cliniques : Tentative de suicide (66% des cas) des maladies opportunistes (2 cas d'hépatite et un cas de HIV) et des troubles psychiatriques (4 cas avaient un trouble de la personnalité, 3 cas des patients toxicomanes à la colle ont développé une démence, 8 cas avaient une schizophrénie, 8 cas avaient un trouble bipolaire et 5 cas avaient un trouble shizoaffectif.» Cette étude a montré une prédominance de la consommation chez les hommes soit 23% contre 5,8% de femmes. Elle est comparable à l'étude marocaine qui a retrouvé 36% chez les hommes et 6,6% chez les femmes. Par contre une étude française a montré une différence minime entre les deux sexes soit 24% versus 25%. L'apparition de complications graves, l'âge de début assez précoce et l'apparition de formes féminines et familiale constituent les nouveaux aspects de la toxicomanie en Tunisie » conclut Dr Ghaouer
K.B.

Le Professeur Jouda Ben Abid, chef de service du centre d'éducation, de prévention et de traitement des toxicomanies « L'Espoir » à Djebel Oust
« Une prise en charge pluridisciplinaire »

Le Temps : Tout d'abord, comment définir la toxicomanie et quels en sont les facteurs favorisants ?

Professeur Jouda Ben Abid : Pendant longtemps, on croyait que ce qui définit la toxicomanie c'est la dépendance physiques, dont le syndrome de manque est le témoin. Désormais, on s'est rendu compte que le problème le plus difficile et le plus caractéristique c'est plus la dépendance psychique que physique. Cette dépendance se traduit au niveau du comportement par l'impossibilité de se soustraire au besoin de consommer le ou les produits, et ce malgré les conséquences négatives qu'elles soient physiques, psychiques ou socio familiales auxquelles expose cette consommation.
On pensait également que la gravité de la toxicomanie et sa survenue n'était liée qu'à la nature psycho-active et à la dangerosité du produit. Aussi pensait on qu'il suffisait d'éliminer ou de réglementer l'usage de ces produits ou de l'interdire pour débarrasser tant les individus que la société de ce fléau.
Aujourd'hui on sait que ces mesures n'agissent que sur la partie apparente de l'Iceberg
En effet le développement de la toxicomanie est la conséquence de la rencontre de trois facteurs: une personne- avec sa personnalité, ses vulnérabilités, ses pathologies et son hérédité, le produit - et l'environnement.
Parmi les facteurs de vulnérabilité psychique, les troubles de l'affirmation de soi sont les plus fréquents. Ces troubles témoignent de difficultés du développement affectifs qui prennent leur racine dès l'enfance, et se manifestant particulièrement au moment de l'adolescence. Dans d'autres cas il existe une pathologie psychiatrique - troubles anxieux ou dépressifs, psychoses- à l'origine de la consommation de drogues, qui a alors valeur d'automédication.
L'expérience est déterminante dans l'entrée dans la toxicomanie : ainsi le souvenir des premières expériences de rencontre avec la drogue jouent un rôle important dans le circuit de la dépendance. Pour certains jeunes la curiosité, la recherche d'expériences et de sensations nouvelles peuvent être le facteur déclenchant l'entrée dans l'usage puis la dépendance aux drogues.
La consommation et le choix des drogues dépend également du milieu et de la culture environnante .ex : pour l'alcool et le tabac qui sont les produits les plus graves pour la santé, leur usage est banal pour certains, interdit ou tabou pour d'autres.....Ces produits ont par ailleurs des vertus thérapeutiques reconnues...actuellement les recherches montrent l'efficacité du cannabis dans le traitement de pathologies neurologiques graves telles que la maladie d'Altzeimer ...
Donc l'approche de la toxicomanie est complexe; les recherches scientifiques récentes ont permis de montrer les bases neurobiologies qui accompagnent cette pathologie et qui l'inscrivent dans le circuit cérébral du plaisir. ; et sa pathologie témoignent d'une perte de contrôle des comportements liés à la recherche du plaisir ou de la satisfaction ...


. Quels sont les dangers qu'encourent les toxicomanes ?
- La toxicomanie a de nombreuses répercussions réversibles ou non. L'usage de drogues même s'il ne donne pas toujours une dépendance n'est pas sans conséquences. Le danger de perte de contrôle du comportement est toujours présent. Cela peut entraîner des problèmes de santé tant sur le plan physique que psychique , ainsi que des accidents- intoxications aiguës ou overdoses ; nous insisteront particulièrement sur certains risques qu'il est important de songer à prévenir tels que les accidents de la voie publique sous l'effet des drogues . par ailleurs En dehors des complications aiguës, et des complications psychiatriques, le danger majeur c'est le risque de contamination par les virus du SIDA et/ou de l'Hépatite, deux fléaux qui menacent qu'il faut prévenir en priorité. En effet le risque de transmission est double: celle ci peut se produire soit par voie sanguine (à l'occasion du partage des seringues) soit par voie sexuelle (quand on est consomme de la drogue on ne pense pas forcément à se protéger ... Compte tenu des répercussions de ces risques, la toxicomanie représente un problème de santé publique pour lequel le développement d'une stratégie nationale favorable à la prévention est une priorité. Dans cette stratégie, l'accès à une information de qualité disponible pour tous et le développement des moyens nécessaires aux soins est essentiel. Ils ont pour objectif de permettre à tous ceux qui se sont trouvés pris par le piège de la drogue ou qui risquent de l'être, de trouver de l'aide et de pouvoir accéder à des programmes de soins et de préventions adaptés le plus tôt possible...pour prévenir les conséquences aussi bien pour l'individu lui même que pour la société.

. Comment soigner ces toxicomanes ?
- Nous savons que les facteurs et les conséquences de l'usage de drogues sont multiples. Si on veut traiter la toxicomanie, il faudrait prendre en considération tous les facteurs favorisants. Beaucoup de gens estiment qu'on ne peut pas traiter un toxicomane. C'est faux. Une approche pluridisciplinaire est nécessaire. La thérapie exige un travail d'équipe. Les cures de désintoxication ne sont ni la partie la plus difficile ni la plus importante du traitement. Le plus important c'est ce qui se passe avant et le suivi après le sevrage. Il y a tout d'abord la préparation psychologique et sociale du sevrage. Les modalités du sevrage (avec ou sans hospitalisation par exemple..) dépendent de la gravité de la dépendance, du produit consommé, de la fréquence d'utilisation, des motifs, de l'environnement... Ce sevrage médical est court. Il dure quelques jours et ne dépasse pas un mois. Il a pour but d'aider le patient en traitant les manifestations somatiques liées au manque. Dans le même temps, il permet de rechercher et traiter les complications liées au produit utilisé ainsi que les symptômes psychiques révélés par le sevrage. Ainsi un bilan complet - somatique et psychique- est nécessaire, afin de traiter toutes les infections, les vulnérabilités psychiques et les pathologies somatiques ou psychiatriques et préparer une prise en charge adaptée. Bref, il faut agir sur tous les facteurs et mettre une stratégie efficace en fonction de chaque patient et de chaque situation.


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