Samir Cheffi, secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), est revenu, samedi 9 août 2025, sur l'attaque du siège de la centrale syndicale et sur les récentes déclarations du chef de l'Etat à ce sujet. Invité au micro d'Ibtissem Chouikha dans l'émission Houna Tounes sur Diwan FM, le syndicaliste a expliqué qu'une grande partie des personnes rassemblées devant le siège de l'UGTT ont aujourd'hui été identifiées. Parmi elles figureraient, selon ses dires, des membres de conseils locaux et un député de la circonscription de Sousse (Abdelkader Achour Ammar, député de la circonscription Sousse Ville – Sidi Abdelhamid, ndlr). Commentant la déclaration faite par Kaïs Saïed à l'aube du même jour, Samir Cheffi a affirmé : « Je dis au président de la République que votre évaluation de ce qui s'est passé est erronée. Ces gens sont venus avec des slogans qui ne sont pas très différents de ceux du 4 décembre 2012 ». Et d'ajouter que l'affirmation selon laquelle les manifestants n'avaient pas l'intention d'attaquer le siège de la centrale syndicale ne peut être formulée que par les organisateurs ou les dirigeants de ce rassemblement. Il a poursuivi : « Je pense que le président de la République, en tant que garant de l'unité nationale, ne peut pas se permettre de prendre parti dans ce genre de situation ni de s'appuyer sur un rassemblement d'à peine 80 à 100 personnes pour affirmer que leur position représente celle du peuple entier ! ».
Profitant de son intervention radiophonique, Samir Cheffi a tenu à rappeler que l'UGTT n'est ni au-dessus ni en dessous de la loi. « Nous ne sommes pas des anges, mais nous ne sommes pas non plus des démons », a-t-il martelé. Il a jugé inacceptable de lancer des accusations à l'encontre des syndicalistes dans le cadre d'une campagne orchestrée visant à diaboliser le syndicat, à salir sa réputation et à nier son rôle national et social. Toutefois, il a reconnu que la critique des positions syndicales est légitime et peut s'inscrire dans un débat démocratique sain. Le syndicaliste a qualifié de démagogues les participants à la manifestation tenue sur la place Mohamed Ali, estimant qu'ils ignorent l'histoire de la Tunisie, intimement liée à celle de l'UGTT. « Toute personne disposant de preuves de corruption doit les soumettre à la justice. Nous ne sommes pas intouchables, mais nous ne serons pas non plus les boucs émissaires d'un quelconque agenda », a-t-il insisté.
Enfin, Samir Cheffi a conclu en réaffirmant que l'UGTT croit fermement en la nécessité d'un dialogue national, surtout au vu de la situation économique et sociale extrêmement difficile que traverse la Tunisie. « Le pays a besoin d'approches sérieuses, réalistes et responsables, capables de sortir la Tunisie de cette crise », a-t-il conclu.
L'Union générale tunisienne du travail a annoncé, samedi 9 août 2025, la tenue d'une instance administrative nationale lundi 11 août 2025 à son siège. Cette annonce intervient quelques heures après un message présidentiel adressé à la centrale syndicale. Une vidéo publiée à l'aube montre une rencontre entre le président de la République, Kaïs Saïed, et sa cheffe du gouvernement, Sarra Zaafrani Zenzri. Le chef de l'Etat vise directement l'organisation, accusant ses dirigeants d'hypocrisie et de mensonge. Derrière un flot de références historiques et de piques à peine déguisées se profile une menace à peine voilée, rappelant que nul — pas même l'UGTT — n'est à l'abri si le pouvoir estime qu'une ligne rouge a été franchie. Le 7 août dernier, plusieurs personnes s'étaient rassemblées devant le siège de l'UGTT, scandant des slogans hostiles au syndicat, qualifié de « symbole de la corruption » et de « mafia ». Les protestataires ont appelé à la dissolution de l'UGTT et au départ de son secrétaire général, Noureddine Taboubi, qualifié de « lâche ». Ils ont également accusé le syndicat de dilapider l'argent des Tunisiens et des travailleurs.