L'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a annoncé, samedi 9 août 2025, la tenue d'une instance administrative nationale lundi 11 août 2025 à son siège. Cette annonce intervient quelques heures après un message présidentiel adressé à la centrale syndicale. Une vidéo publiée à l'aube montre une rencontre entre le président de la République, Kaïs Saïed, et sa cheffe du gouvernement, Sarra Zaafrani Zenzri. Le chef de l'Etat vise directement l'organisation, accusant ses dirigeants d'hypocrisie et de mensonge. Derrière un flot de références historiques et de piques à peine déguisées se profile une menace à peine voilée, rappelant que nul — pas même l'UGTT — ne serait à l'abri si le pouvoir estime qu'une ligne rouge a été franchie.
Le 7 août dernier, plusieurs personnes s'étaient rassemblées devant le siège de l'UGTT, scandant des slogans hostiles au syndicat, qualifié de « symbole de la corruption » et de « mafia ». Les protestataires ont appelé à la dissolution de l'UGTT et au départ de son secrétaire général, Noureddine Taboubi, qualifié de « lâche ». Ils ont également accusé le syndicat de dilapider l'argent des Tunisiens et des travailleurs.
Le président de la République réagissait dans son allocution du 9 août aux déclarations de certains leaders de la centrale syndicale, qui avaient évoqué une attaque préparée à l'avance par des partisans du chef de l'Etat. Kaïs Saïed a parlé d'un peuple conscient de ce qui se passe réellement : « Ceux qui ont suivi les protestations d'hier (jeudi) n'ont-ils pas vu que les forces de l'ordre avaient protégé le siège de l'UGTT et évité toute confrontation ? ». Et d'assurer : « Les protestataires n'avaient ni l'intention d'agresser ni de s'introduire dans le bâtiment, comme le prétendent les mauvaises langues. Malgré cela, certains ont voulu comparer la manifestation à ce qui s'est passé en 2012 : le jet d'ordures sur la place et l'agression physique de syndicalistes. Les images sont disponibles. Alors, ces gens-là ne sont-ils pas conscients que le peuple n'est pas dupe ? ».