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Kaïs Saïed douche les illusions des docteurs chômeurs
Publié dans Business News le 02 - 09 - 2025

Ils campaient devant le ministère, diplômes sous le bras et tentes dressées. Ils rêvaient d'un recrutement direct, sans concours, persuadés que le président leur avait promis un passe-droit. Hier, Kaïs Saïed a douché leurs espoirs : la loi prime, le concours reste la règle. Le coup de massue est réel, mais il est surtout dans leur tête. Car si ça se trouve, le président ne leur a jamais rien promis.

Le 11 août, ils ont annoncé leur sit-in devant le ministère de l'Enseignement supérieur. Une cinquantaine de docteurs, encadrés par quelques centaines de sympathisants, se sont installés en plein cœur de Tunis à l'avenue Ouled Haffouz à Bab Laassal. Banderoles, pancartes et diplômes encadrés comme des reliques. Leur revendication ? Ni plus ni moins que leur intégration directe dans la fonction publique. Pas de concours, pas de procédure, pas de filtre. Une exigence hors-la-loi, anticonstitutionnelle, mais qu'ils portaient comme une évidence.
Le chiffre est connu : ils sont plus de 7.000 docteurs au chômage ou en situation précaire. Beaucoup végètent comme vacataires payés à l'heure, d'autres ont abandonné l'enseignement pour des petits boulots sans rapport avec leur diplôme. Dix ans d'errance professionnelle pour certains, une décennie de frustration accumulée. Leur sit-in visait à transformer ce désespoir en arme politique.

Une communication suicidaire
Mais leur stratégie était déjà vouée à l'échec dès le départ. Refusant les interviews des médias jugés critiques envers Kaïs Saïed, ils ont choisi de ne parler qu'aux organes « amis » du régime. En agissant ainsi, ils ont fermé la porte aux canaux capables de relayer leurs doléances à une large opinion publique. En misant sur le populisme et la loyauté politique, ils se sont privés de l'unique arme dont dispose un mouvement de protestation : la visibilité.
Leur communication a ressemblé à une caricature : des docteurs censés incarner l'élite intellectuelle, mais qui se comportent en courtisans, attendant du pouvoir un salut qu'ils refusaient de chercher ailleurs.

La visite présidentielle, un mirage
Puis, le 21 août, survient l'épisode qui changera tout. Kaïs Saïed se rend en personne sur les lieux du sit-in. Quelques mots sont échangés. Le président parle d'une « solution juste et équitable », évoque la nécessité de mettre fin aux blocages. Rien de précis, rien d'écrit, rien de ferme. Mais pour les docteurs, ces paroles deviennent aussitôt des promesses.
« Nous considérons ses propos comme un accord », affirmera l'un des leurs, persuadé que le président a donné son feu vert au recrutement direct. Dans l'enthousiasme, ils annoncent la levée de leur sit-in. Ils y voient un accord présidentiel. Le malentendu est total : rien ne prouve que Kaïs Saïed ait promis un recrutement direct.
Cette perception n'a pas touché que les docteurs. Une partie de l'opinion publique, en voyant le sit-in levé, a cru elle aussi que le président allait, comme à son habitude, forcer le cadre légal et contourner la loi. Kaïs Saïed nous a habitués aux coups de force, aux interprétations extensives de la Constitution, aux décrets unilatéraux. Beaucoup ont donc pensé qu'il en ferait de même pour offrir un passe-droit aux docteurs. Illusion tenace, entretenue par le silence présidentiel, et qui rendra la chute encore plus douloureuse.
La réalité, pourtant, était toute autre. Le président n'avait jamais promis d'intégration automatique et il n'y a jamais eu de communiqué présidentiel parlant d'un accord ou d'un recrutement sans concours. Il avait parlé, comme souvent, par allusions et formules vagues. Eux ont entendu ce qu'ils voulaient entendre.

Le couperet du 1er septembre
Le 1er septembre, après une nouvelle rencontre au palais de Carthage, la présidence publie un communiqué au milieu de la nuit. Le texte est clair : « Le concours reste la base pour le recrutement. »
Le président ajoute des formules patriotiques, appelle à l'enthousiasme et au sacrifice, tout en décrivant ceux qui « attisent la situation » comme des « ennemis ». Mais le cœur du message est limpide : pas de recrutement direct, pas de passe-droit, pas d'exception. La loi de la fonction publique demeure intacte.
Les docteurs découvrent, à l'aube, que leurs illusions se sont brisées contre la realpolitik.

Le désarroi éclate sur Facebook
Dès la publication du communiqué, les réactions affluent sur les réseaux sociaux. Sur la page officielle de la présidence, une série de commentaires (étrangement non censurés comme d'habitude) traduit la colère et l'abattement des docteurs.
« Nous avons été sacrifiés », écrit Rami Zouari, dénonçant l'embauche de retraités et de vacataires pendant que les docteurs restent au chômage. Hajer Trabelsi, docteure depuis 2013, raconte son parcours : des années d'enseignement, une reconnaissance à l'étranger, mais une vie de chômage en Tunisie, sans couverture sociale ni dignité. Elle conclut par un cri de détresse : « Hasbouna Allah wa ni3ma el wakil. » (invocation religieuse très courante signifiant « Dieu nous suffit et Il est le meilleur recours »)


Zohra Dradra fustige l'absurdité des concours : « Après toutes ces années d'études et de publications, nous devons encore repasser des concours humiliants ? Le bon sens a quitté la Tunisie. » Madan Azouz Hadad réclame des sanctions contre ceux qui, dans le passé, ont été recrutés sans concours. Quant à Khaled Balti, il accuse le président de duplicité : « Vous avez promis 5.000 postes, vous avez brisé le rêve de toute une génération. »


Ces cris sont sincères, désespérés, souvent pathétiques. Ils traduisent l'immense désarroi d'une génération qui croyait trouver son salut dans un mot présidentiel.

Entre illusions et realpolitik
Mais les faits restent implacables. Les docteurs chômeurs ont exigé l'inadmissible : un recrutement hors-la-loi. Ils ont bâti leur stratégie sur la flatterie politique et une communication tronquée. Ils ont pris des paroles vagues pour des promesses écrites. Et ils découvrent aujourd'hui que la République ne se gouverne pas à coups de diplômes ni de malentendus.
La tragédie, c'est qu'ils sont à la fois victimes et responsables. Victimes d'un système universitaire qui les a formés sans débouchés. Responsables d'avoir choisi la facilité du passe-droit au lieu de se battre sur le terrain du mérite et de la reconversion.
Et la conclusion est cruelle : même docteurs, ils n'ont pas su écouter.


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